L'anarchie s'impose comme unique marque déposée au marché de la grande cité d'El Hamiz, à l'est de la capitale, connu pour ses magasins qui proposent tous types de produits électroménagers, de plomberie, d'électricité et même les grands équipements des entreprises. Sur place, jeudi, nous avons essayé de prospecter, en matière de garantie et de respect des normes et des mesures de sécurité, les offres de ces magasins existantes en chauffages domestiques et autres appareils à gaz naturel, surtout que la contrefaçon a inondé le marché par de nombreux produits qui ne cessent de provoquer des dégâts matériels et humains ces dernières années. Hélas, sans aucune difficulté, ce constat a vite été certifié sur place. «À El Hamiz, tu trouveras tout, sauf les produits conformes qui respectent les normes. Alors là, les chauffages à gaz, les cuisinières et les tabounas ! Les magasins proposent des bombes aux clients et non pas des chauffages», a lancé un homme, la cinquantaine, qui nous a aidés à stationner en exigeant, bien sûr, de payer les 100 Da du parking. En ce promenant entre les centaines de magasins situées tout en bas des bâtisses inachevées et qui ne semblent respecter aucun plan urbain, nous avons remarqué aussi que même les petites ruelles qui séparent ces mêmes magasins sont occupées pour vendre, en désordre, des chauffages de toutes marques. Le constat de ce gardien de parking non autorisé est conforté par Halim, qui nous a lancé de l'intérieur d'un magasin proposant diverses marques de chauffage : «ici à El Hamiz, la plupart des magasins, si ce n'est pas tout le marché, sont inondés d'appareils à gaz non conformes aux normes». Ce jeune commerçant ajoute que «les chauffages les plus dénoncés et incriminés sont ceux fabriqués notamment en Chine, tels que les marques Delonghi, Rixos, Continental et autres. Mais la seule chose qui attire le client demeure le bas prix de ces produits, estimés selon leur dimension entre 16 000 et 26 000 DA». Les garanties proposées aux clients, explique-t-il encore, sont un leurre. Halim explique encore que «pour te rassurer, les tricheurs qui ne cherchent que le gain facile vont te dire que la marque mère de ces chauffages est italienne, et que les composantes de ces appareils sont conçues en Italie, et seul le montage se fait en chine ou à Taiwan». Ce jeune commerçant, universitaire à la base, et qui ne compte pas rester éternellement dans ce métier, ne néglige toutefois pas d'interpeller «la responsabilité des importateurs» qui, selon lui, ne se soucient pas le moins du monde de la moindre sécurité, encore moins de la garantie des appareils qu'ils ramènent. «Les importateurs ne cherchent que leurs intérêts. Ils ne se soucient guère des dégâts que les chauffages contrefaits peuvent causer. Plus dur encore, c'est le manque de contrôle sérieux qui règne, ici, au marché d'El Hamiz», désignant du doigt également «les pseudo importateurs qui vendent sans facture ni certificat de garantie». Le «made in Algeria», rassurant, mais… Dans un autre magasin situé au centre d'El Hamiz, où les marques de chauffage «made in Algeria» sont proposées, nous avons tenté de trouver, peut-être, les chauffages sûrs et garantis. El Hadj Dahamne, le gérant de cette grande boutique, nous a présenté plusieurs produits. «Nous avons le chauffage à gaz ENIEM dimensions 12 et 14 Kw, à 24 500 DA et 28 500 DA, produit 100% local. La même chose pour ceux de la marque Condor, 12, 14 et 16 Kw qui sont tous fabriqués à Bordj Bou Arréridj et dont le prix oscille entre 25 et 29 000 DA. On a également la marque Géant de même dimension dont les prix varient entre 23 000 et 26 000 DA», a-t-il expliqué. «Ces chauffages produits localement sont dotés de thermocouple, thermostat, de briquet intégré et d'un système de protection anti-incendie», détaille El Hadj Dahmane, qui assure que ces marques ont toutes un service après-vente. «Je vous donnerai, à l'achat, un certificat de garantie de l'usine. Mais une facture détaillée, je ne peux pas. Je vous donne un bon avec le cachet de mon magasin. Et une fois ce produit sorti de chez moi, vous n'avez rien à me reprocher en cas de problème. C'est le service après-vente qui prendra tout en charge», précise-t-il. Quand nous avons voulu savoir si vraiment tous ces chauffages sont fabriqués localement à 100% ou non, ce dernier a répondu : «Que voulez-vous que je vous dise ? Je crois qu'il n'y a aucun Algérien qui ne soit pas au courant que tous ces produits sont importés, mais d'une manière déguisée. Les fabricants importent les composants essentiels de ces chauffages de Chine notamment, et effectuent après l'assemblage et le montage dans leurs usines ; c'est tout ce que je peux vous dire». De quoi décourager un acheteur comme nous, puisque c'est en tant que tel que nous nous sommes présentés. Ces déclarations témoignent de la quasi-inexistence de produits sûrs à El Hamiz. D'ailleurs, au moment nous nous rédigeons ces lignes, nous apprenons qu'un total de 65 cas de décès par asphyxie au monoxyde de carbone a été recensé à l'échelle nationale, et la région de l'Est du pays a enregistré au cours de la saison 2017-2018 le plus grand nombre de cas (33). Pour lutter contre la contrefaçon, le ministre du Commerce a rappelé dernièrement que la nouvelle loi adoptée récemment donne le droit au ministère du Commerce de saisir la marchandise contrefaite sur le marché. «On est en train de préparer un guide de vulgarisation des nouvelles prérogatives du ministère du Commerce en matière de contrefaçon et de l'informel», a précisé le ministre. De plus, il fait état d'autres mesures plus profondes qui vont organiser le marché par le découragement de l'importation, notamment des produits contrefaits. «Nous allons travailler pour décourager l'importation des produits finis existants en Algérie et pour encourager la production nationale», a souligné le ministre.
