L'Algérie, qui a pris part à la conférence internationale sur la Libye, tenue hier à Palerme, en Italie, a appelé la communauté internationale à réparer les erreurs qu'elle a commises en Libye. Exposant l'expérience algérienne en matière de réconciliation nationale et du vivre ensemble, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui représente le président Bouteflika à cet évènement, a souligné qu'«en ce qui la concerne, l'Algérie ne ménage aucun effort pour l'aboutissement de cette démarche, entre les libyens». Si la situation de crise persiste dans ce pays voisin, «c'est en raison, notamment, des divisions existant entre les parties libyennes», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «l'influence de certaines forces négatives, le faible soutien aux efforts de l'ONU et les nombreuses ingérences étrangères avec différents agendas, en sont également la cause». Le Premier ministre a, également, rappelé les efforts entrepris par l'Algérie pour «accompagner les libyens dans le cadre du processus politique, et son message constant pour la paix, et ce dans l'esprit qui a toujours caractérisé l'approche algérienne fondée sur le tryptique: non-ingérence, équidistance et appropriation». Selon lui, la solution à la crise libyenne «doit émaner des acteurs libyens, qui doivent s'approprier eux-mêmes le processus politique dans leur pays. Tout comme la volonté des libyens doit être respectée, afin qu'ils puissent eux-mêmes choisir leurs dirigeants et leur devenir». Il a, notamment, mis l'accent sur le caractère de la solution à la crise libyenne, qui doit être politique, réitérant «le rejet de toute intervention militaire en Libye, qui ne fera que compliquer et aggraver la situation actuelle». Pour ce faire, cette solution «doit être fondée sur le dialogue inclusif et la réconciliation nationale». Abordant le point crucial du rapprochement entre les acteurs libyens, Ahmed Ouyahia a souligné que cela «nécessité l'arrêt des interférences étrangères». «Sauvons donc d'abord la Libye avec les Libyens et l'ONU», a estimé le représentant de Bouteflika, avant d'appeler à un soutien plein et entier au plan de l'ONU. Rappelant la lutte algérienne contre le terrorisme durant la tragédie nationale, en soulignant qu'en dépits de cela, «elle a pu se relever, grâce aux politiques de concorde civile et de réconciliation nationale». «Il nous fallait du courage politique, pour nous rendre compte que nous pouvons tous vivre ensemble, gérer notre avenir et gérer nos ambitions politiques. C'est ce que nous espérons pour nos frères libyens», a-t-il ajouté. «La solution en Libye exige un rapprochement entre les Libyens et que, pour cela, ils devront dépasser leurs divergences, et s'accepter dans leur pluralité politique et idéologique», a-t-il martelé. Dès lors que les Nations unies offrent une feuille de route aux parties libyennes pour les rapprocher, elles doivent aussi les contraindre à avancer, selon Ouyahia, qui estime notamment que «le Conseil de sécurité doit exercer sa pression, et même ses sanctions, contre tout acteur libyen qui entraverait la mise en œuvre du Plan de paix». Précisons par ailleurs, qu'Ouyahia a pris part à une réunion restreinte, en préparation de la Conférence internationale sur la Libye. Cette réunion qu'a présidée le Président du Conseil des ministres italien, Giuseppe Conte, a vu la participation des Présidents tunisien, Beji Caid Essebsi, égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, du Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, du Président du Conseil européen, Donald Tusk, du ministre des Affaires étrangères français, Jean Yves Le Drian, et du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour la Libye, Ghassane Salame. Du côté libyen, le Président du Conseil présidentiel libyen, Faiz Serraj, et le Maréchal Khalifa Haftar ont pris part à cette réunion.