Une vue de la conférence Cette réunion intervient dans une perspective d'asseoir les jalons d'un dialogue inter-libyen. L'Algérie a abrité hier la 11ème Réunion des pays voisins avec la Libye au Centre international des congrès sous les auspices du ministère des Affaires étrangères avec la participation de l'Organisation des Nations unies (ONU), l'Union africaine (UA), la Ligue arabe et la représentante de l'Union européenne en sa qualité d'ambassadrice en Libye. La conférence à été présidée par Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la ligue des Etats arabes. Cette réunion intervient dans une perspective d'asseoir les jalons d'un processus de dialogue et de négociations de tous les interlocuteurs et parties libyens pour trouver une issue pacifique et consensuelle à la crise politique profonde qui taraude le peuple libyen. L'Algérie qui était depuis l'émergence de la crise en Libye soucieuse de l'intégrité de la Libye et qui rejetait d'emblée l'ingérence dans les affaires de ce pays frère et voisin, a affirmé encore une fois sa position de principe qui consiste à apporter de l'aide au peuple libyen et plaider pour une Libye unie. Le ministre Abdelkader Messahel a indiqué dans ce sens que «cette réunion se déroule dans un contexte où on constate une évolution importante visant le règlement politique de la crise libyenne à la lumière des indicateurs positifs qui tendent vers la restauration du climat du dialogue sérieux et global qui mènera vers une vraie réconciliation nationale et l'édification des institutions de l'Etat libyen national et uni», a précisé Abdelkader Messahel. Abondant dans le même sillage, Messahel annonce que l'Algérie a proposé une solution à la crise libyenne qui englobe 12 points essentiels qui font allusion à une solution politique par les Libyens eux-mêmes et sans qu'il y ait une quelconque ingérence d'où qu'elle vienne et aussi convaincre les Libyens de modifier les aspects de l'accord politique en vigueur pour arriver à un règlement définitif de la crise en Libye. Le ministre Abdelkader Messahel affirme qu'«on a constaté que tous les citoyens libyens disposent d'une forte volonté pour entamer un sérieux dialogue, comme c'est le cas aussi pour les acteurs et les responsables politiques, et militaires et les notables qui insistent sur l'idée d'aller vers l'entente et le consensus souhaitable pour réaliser la solution politique à la crise libyenne qui a trop duré», a-t-il mentionné. Quant à Martin Kobler, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU et chef de la Manul s'est focalisé sur le principe de la résolution politique de la crise en Libye en précisant que «l'accord politique libyen doit demeurer le cadre d'une solution négociée.Tout amendement de l'Accord doit être conçu et mené par les Libyens. Il doit être négocié de manière inclusive et ceux qui vont prendre les décisions doivent s'y engager et réellement avoir la capacité de mettre en oeuvre leurs décisions. La désignation des délégations par la Chambre des représentants et par le Haut Conseil d'Etat sont des gestes encourageants et doivent intégrer un processus inclusif. Deuxième point: il faut revigorer le processus sécuritaire et la création d'un appareil de sécurité unifié. Cela nécessite comme première étape que tous les acteurs de la sécurité libyenne s'abstiennent de faire usage de la violence. Les tensions en Libye doivent être abaissées pour que les discussions politiques puissent reprendre», a-t-il expliqué. L'envoyé spécial de l'ONU Martin Kobler insiste sur la nécessité d'amender l'accord, mais cela ne doit pas altérer le fond de cet accord en indiquant que «l'Accord politique libyen n'est pas parfait, des amendements partiels et limités sont nécessaires. Ces amendements doivent être faits par les Libyens eux-mêmes. L'ONU est là pour faciliter et coordonner les efforts. À cet égard, je suis encouragé par la récente réunion du président de la Chambre des représentants, Agila Saleh et du président du Haut Conseil d'Etat, Abdulrahman Sweihli. La réunion entre le Premier ministre Al Serraj et le maréchal Haftar est également un signe positif», a précisé l'envoyé spécial de l'ONU, Martin Kobler. C'est la même démarche qui a été prônée par les pays voisins de la Libye, ils ont insisté sur l'amendement de l'accord pour qu'il puisse faciliter le règlement de la crise et favoriser l'unité de l'Etat libyen et de son peuple. La 11ème Réunion ministérielle des pays voisins de la Libye s'est soldée par un communique final d'Alger où les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye et les organisations qui dépendent de l'ONU ont passé en revue la situation en Libye et souligné qu'«une issue salutaire et durable à la crise qui affecte ce pays frère et voisin ne peut être trouvée qu'à travers la solution politique que les Libyens ont souverainement choisie en signant l'accord politique du 17 décembre 2015, qui a reçu le soutien de la communauté internationale à travers les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité dont la résolution 2 259 du 23 décembre 2015 sur la situation en Libye», lit-on dans le communiqué final d'Alger. Le communiqué final fait allusion aussi à la nécessité d'accompagner les Libyens dans le cadre de la transition politique apaisée, fondée sur une application consensuelle des termes de l'Accord politique libyen dont la finalité est de parvenir à une réconciliation nationale et la mise en place d'institutions fortes, crédibles, stables et justes au service de tous les Libyens. Le communiqué final d'Alger s'est attelé à mettre en exergue les défis que la Libye doit transcender pour qu'elle puisse sortir de l'ornière de la division et les risques de l'atomisation et de la dislocation de l'entité libyenne.