Le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale libyen est reparti hier dans son pays, avec les assurances renouvelées du soutien d'Alger. Lors de sa visite officielle de deux jours, Faiz El Serraj a eu plusieurs échanges avec les autorités algériennes, couronnés par une rencontre hier avec le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. L'accueil réservé à El Serraj, s'il intervient à un moment où le gouvernement d'entente nationale sollicite l'influence de l'Algérie pour renforcer ses positions et son engagement dans la voie pacifique pour le règlement de sa crise, s'apparente, ne serait-ce que symboliquement, à une réponse claire et tranchée, à la France qui organisait «discrètement», lundi, une réunion regroupant des pays de la région, dont le Qatar et l'Egypte, sans les principaux acteurs libyens et sans l'Algérie non plus. A quoi joue donc la France ? Il est clair que cette improvisation parisienne n'a d'autre objectif, que d'assurer le général Haftar du soutien des pays ayant pris part à cette rencontre. Haftar, connu pour son opposition à toute initiative en faveur d'un dialogue global, franc et constructif, semble sûr de l'appui de la France et de l'Egypte notamment, et peut par conséquent, continuer sereinement à nourrir des ambitions démesurées. C'est à ce titre que, le jeu trouble de la France risque de fragiliser davantage l'accord libyen qui ne tient désormais qu'à un fil, au vu de la multitude d'acteurs activant secrètement sur le terrain afin de maintenir le statu quo, chacun selon ses intérêts. Les Libyens, acquis à la solution pacifique et au dialogue national, savent séparer le bon grain de l'ivraie. Ils sont conscients de l'intérêt à construire un consensus national seul, à même de ramener la paix au pays. «Les ingérences étrangères, affichées ou masquées, entravent la réconciliation nationale en Libye», a soutenu, à juste titre, le MAE libyen avant-hier, à Alger, en affirmant que la diplomatie libyenne s'attelait actuellement «à convaincre les autres parties de laisser les Libyens décider de leur avenir par eux-mêmes». Voulant sans doute relativiser sur l'improvisation parisienne, le chef de la diplomatie libyenne, Mohamed Tahar Siyala, a indiqué lors d'une conférence de presse à Alger, que «cette réunion s'était tenue à l'initiative de la France, et que c'était le gouvernement français qui avait convoqué les participants». «Le processus de coopération entre le gouvernement libyen et ses partenaires régionaux n'en sera pas affecté», a-t-il fait savoir, avant de rappeler que le «Conseil présidentiel libyen s'emploie à concrétiser la réconciliation nationale entre les enfants du peuple libyen, considérant que seule une réconciliation nationale globale, impliquant tous les libyens sans exclusive, est à même d'apporter une solution efficace à la crise dans le pays». Si par ailleurs, comme quelques voix ici et là semblent faire l'écho d'une éventuelle renégociation de l'accord politique libyen, le ministre des Affaires étrangères a été on ne peut plus explicite à ce sujet. M. Siyala a affirmé que «toute option qui prône la renégociation de l'accord politique, ne fera qu'entraver le processus de règlement pacifique de la crise», estimant que la Libye n'avait pas besoin d'une renégociation, d'un accord qui a déjà requis un consensus international dont celui de l'ONU, du Conseil international de sécurité, de l'Union Africaine (UA) et de la Ligue arabe. «L'accord politique est à la base du règlement de la crise en Libye», a-t-il tranché. Réunion fin octobre du Comité des cinq Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a annoncé lundi à Alger, la tenue fin octobre d'une réunion du Comité des cinq avec les pays du voisinage, à l'initiative de l'Union africaine (UA) dans le cadre du suivi de la situation en Libye. Cette annonce a été faite lors d'une conférence de presse, coanimée par M. Messahel et le chef de la diplomatie libyenne, Mohamed Tahar Siyala qui accompagne le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale de Libye, Faïz Serradj, qui a été en visite de deux jours en Algérie. Dans ce contexte, M. Messahel a indiqué qu'outre cette réunion prévue à Niamey (Niger), le Comité des cinq, composé de présidents de pays africains, se tiendra à la fin octobre au plus tard, une réunion consacrée au suivi de la situation en Libye, a affirmé M. Messahel, sans toutefois préciser le lieu de cette rencontre et ce, à l'initiative de l'UA, particulièrement sous la présidence actuelle et du président tchadien, Idriss Deby.