Plus de 150 pays ont adopté «le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières» à l'occasion de la conférence internationale à Marrakech, initiée par les Nations unies, en présence des Etats adhérents au Pacte et ceux des organisations internationales, plaident pour des pratiques idéales en matière de migration. Elle a été clôturée hier. L'Algérie a été représentée à cette conférence par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, à la tête d'une importante délégation. «Nous ne devons pas succomber à la peur», a exhorté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avant l'adoption formelle de ce texte destiné à renforcer la coopération internationale pour une «migration sûre, ordonnée et régulière». Comme plusieurs dirigeants présents à Marrakech, M. Guterres a aussi dénoncé les «nombreux mensonges» sur le Pacte qui a généré des tensions politiques dans plusieurs pays et fait éclater la coalition gouvernementale en Belgique, avec la démission des ministres issus du parti nationaliste flamand. Durant la première journée, les participants ont appelé à la mise en place de mesures visant à honorer les engagements pris dans le cadre de ce Pacte mondial, mettant également l'accent sur l'importance de se pencher sur les causes profondes de la migration, alors qu'il est attendu mardi l'adoption officielle du document y afférent. Les intervenants ont plaidé pour la création de conditions socio-économiques et politiques adéquates afin d'assurer aux migrants des moyens de vie décents au sein de leur pays d'origine, outre la mise en place de programmes pour faciliter le retour et la réadmission des migrants en toute sécurité et dignité. Ils ont appelé la communauté internationale à se concerter et à favoriser l'échange d'informations entre les pays d'origine, de transit et d'accueil, et ce, afin de mieux gérer les flux migratoires et de promouvoir les voies de migration légales, faisant état des avantages qu'offrent les migrants pour les pays d'accueil, notamment à travers la contribution au développement économique du pays. Les représentants des Etats ont invité la communauté internationale à lutter contre le trafic de migrants, notamment en renforçant l'action transnationale en la matière, tout en adoptant les mesures législatives nécessaires pour faire face aux réseaux de trafiquants. La conférence intergouvermentale de Marrakech, dont les travaux ont été clôturés hier, coïncide avec le 70e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme. Le document doit encore faire l'objet d'un ultime vote de ratification le 19 décembre à l'Assemblée générale des Nations unies à New York. Une quinzaine de pays (Autriche, Australie, Bulgarie, Chili, Estonie, Hongrie, Italie, République tchèque, République dominicaine, Lettonie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et Suisse) ont annoncé leur retrait ou le gel de leur décision après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York. Lundi soir, Ernesto Araujo, futur chef de la diplomatie au Brésil du président élu Jair Bolsonaro (entrant en fonctions le 1er janvier), a annoncé que son pays allait se dissocier lui aussi du Pacte. Il a ainsi pris le contre-pied de l'actuel ministre brésilien des Affaires étrangères, Aloysio Nunes, présent à Marrakech et favorable à l'accord. Les Etats-Unis, qui s'étaient retirés de l'élaboration du texte en décembre 2017 en le jugeant contraire à la politique d'immigration du président Donald Trump, ont lancé vendredi dernier une nouvelle salve contre le Pacte et contre toute forme de «gouvernance mondiale». Malgré cette opposition, M. Guterres s'est dit confiant sur la suite du processus. «La réponse a été donnée par plus de 150 pays qui sont venus ici», a-t-il dit au cours d'un bref point de presse. Il y a environ 258 millions de personnes en mobilité et migrants dans le monde, soit 3,4% de la population mondiale. Plus de 80% des déplacements entre les pays se fait de façon légale. Pour la migration clandestine, plus de 60 000 sont morts pendant leur périple depuis 2000, selon les chiffres de l'ONU.