La pensée de ce grand islamologue et sa contribution pour la mise en place d'un islam des lumières universel, basé sur l'humanisme d'expression arabe dans le contexte islamique, ont donc été décortiquées par une pléiade de chercheurs. La pensée de Mohamed Arkoun, philosophe et militant du dialogue inter-religieux, docteur es-lettres, professeur émérite d'histoire de la pensée islamique, notamment à la Sorbonne nouvelle (Paris-III), a été au centre d'un colloque international qui lui a été consacré hier, et qui se poursuivra aujourd'hui, à l'initiative de l'APW de Tizi Ouzou et de l'association «Le défi». La pensée de ce grand islamologue et sa contribution pour la mise en place d'un islam des lumières universel, basé sur l'humanisme d'expression arabe dans le contexte islamique, ont donc été décortiquées par une pléiade de chercheurs et professeurs universitaires, lors de cette rencontre dédiée à cet homme qui a tant donné pour un islam moderne et une islamité apaisée et harmonisée, rencontre qui s'est tenue au niveau de l'hémicycle Aïssat Rabah de l'Assemblée populaire de wilaya de Tizi-Ouzou. La rencontre, placée sous le thème : «L'œuvre de Mohamed Arkoun : Une pensée universelle en quête d'un islam des lumières», a vu la présence de la fille du défunt, Sylvie Arkoun, et le frère du professeur, Arkoun Ameur. Lors de la conférence inaugurale, Ghaleb Bencheikh, président de la Fondation de l'Islam de France, est revenu longuement sur le parcours du philosophe Mohamed Arkoun, et de sa pensée subversive. Il a affirmé qu'Arkoun, qui a développé une discipline, «l'islamologie appliquée», qu'il a enseignée dans diverses universités en Europe et aux Etats-Unis (Princeton, Philadelphie), était au service de l'humanité en tant qu'intellectuel engagé. Il a toujours défendu un islam ouvert aux autres religions, moderne et intelligent, loin de toute raison émergente de l'obscurantisme religieux, ou ce qu'il appelé l'humanisme de l'islam des lumières. «L'islamologie selon la pensée arkounienne, c'est de tenir des détails rationnels et intelligents sur l'islam, et éviter le discours des ignares et les gradins de l'orthodoxie, qui sèment la violence et le djihadisme en nom de l'Islam». Une nécessité de subvertir cette pensée théologique islamique entreprise par Arkoun, a-t-il insisté. Abrasement des esprits Bencheikh a mis en garde que l'Algérie fait face ces dernières années, et suite à l'affluence de différentes confréries religieuses extrémistes qui se sont infiltrées, à un moment d'abrasement de l'intelligence, de la négation de la réflexion, et de la démission de l'esprit. Une situation, dira-t-il, qui ne peut pas perdurer dans le temps, et les choses doivent se redresser. C'est l'un des objectifs qui a poussé les intellectuels dans le domaine de l'islamologie à tenir ce genre de colloque, pour réitérer l'ouverture d'un champ de l'islamologie universelle, et que l'islam est une religion des lumières, selon la pensée d'Arkoun. «La pensée humaine d'Arkoun, c'est de tenir un discours rationnel et intelligent sur le fait islamique. Il est temps de le tenir, nous ne pouvons pas écouter les discours annoncés par des imams autoproclamés, des ignares et des gestionnaires du sacré pour les gardiens de l'orthodoxie». Le même conférencier a mis l'accent d'avoir la volonté de renouer avec l'humanisme d'expression arabe dans le contexte islamique. «Je ne reprends pas les faits du moment du Prophète Mohamed, et l'imposer dans une société au 21e siècle. Ce moment mohamadien fut un temps, mais il n'impliquera en aucune manière de reprendre le même compte sociologie actuellement». Dans le même sillage et se référant à la pensée arkounienne qui a plaidé la liberté des esprits et à l'ouverture aux autres cultures, pour Arkoun, qui fut un grand islamologue, l'homme est le fils de l'instant. «Il est temps de mettre l'islam à l'abri des surenchères, et d'ouvrir le champ de l'islamologie universelle, comme cela était fait par Mohamed Arkoun», a précisé Bencheikh. Interrogé sur l'islam de France, le président de la Fondation a affirmé qu'en France, on obéit à la loi commune et la République. «Nous voulons bien ne pas se prévaloir sur une religion et l'imposer à l'autrui. Les grandes sociétés ouvertes démocratiques appréhendent le citoyen et la liberté de culte. De ce point de vue, il faut vivre son islamité d'une manière apaisée, harmonisée dans le tissu social de la société française». D'après lui, la liberté de conscience et de religion est une universalité, et on n'accepte pas une discrimination entre les êtres humains (femme, homme). A préciser qu'un prix de la mémoire à titre posthume a été décerné à Arkoun, et remis a sa famille en guise de reconnaissance au parcours de ce grand intellectuel, qui a universalisé l'islam des lumières dans le monde entier. Pour sa part, Sylvie Arkoun, écrivaine et fille de Med Arkoun, a tenu à féliciter les organisateurs de cette louable initiative, organisée en hommage à son père, décédé le 14 septembre 2010 à l'âge de 82 ans.