Désormais, il n'est plus question d'un cinquième mandat mais du départ du président après la fin de son mandat : tels sont les exigences du peuple qui, depuis trois jours, organise des rassemblements pacifiques dans certaines régions du pays. Les décisions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sur l'annulation de l'élection présidentielle prévue le 18 avril prochain et la prolongation de son quatrième mandat ont provoqué une grande colère parmi le peuple. Désormais, il n'est plus question d'un cinquième mandat mais du départ du président après la fin de son mandat : tels sont les exigences du peuple qui, depuis trois jours, organise des rassemblements pacifiques dans certaines régions du pays. Le secteur de l'éducation, à l'instar des autres secteurs, a été paralysé dès les premières heures de la matinée d'hier. Enseignants, lycéens et administrateurs se sont rassemblés pour scander leur refus du prolongement du 4e mandat. Ces enseignants des trois cycles observent, depuis dimanche dernier, une grève générale paralysant tous les établissements pédagogiques du pays. En adhésion aux mouvements populaires observés depuis plus de trois semaines, les enseignants ont décidé de crier haut et fort leur refus du prolongement du quatrième mandat et l'annulation de la présidentielle. En effet, dans plusieurs régions du pays, des centaines d'enseignants des trois cycles se sont rassemblés pour rejeter les dernières décisions du chef de l'Etat. Au niveau de la capitale, des enseignants ainsi que des lycéens se sont réunis devant la Grande poste et marché ensuite jusqu'à l'académie. Arborant des tabliers blancs, les enseignants se sont également insurgés contre la ministre de l'Education nationale Nouria Benghabrit. Ils ont scandé des slogans hostiles à son encontre, à l'instar de «Benghabrit dégage !». La mobilisation populaire ne faiblit pas. Face à ce mouvement, un renfort de la police antiémeute a été déployé dans les principales rues de la capitale pour sécuriser les lieux et empêcher la foule d'atteindre la présidence de la République. Pancartes et banderoles à la main, ces manifestants sont décidés à faire entendre leur avis en ce qui concerne les décisions politiques du pays. «Djazair houra democratia» scandaient-ils devant un mur de policiers. A la veille de ces rassemblements, les six syndicats de l'éducation qui forment l'intersyndicale avaient appelé tous les travailleurs de l'éducation à faire grève et à organiser des marches dans les chefs-lieux de wilaya. Soutenant les revendications du peuple, les six syndicats exigent le départ du système politique actuel. Dans un communiqué, ils estiment que les mesures promises par Bouteflika ne répondent pas aux aspirations des Algériens. Cet appel a été largement suivi par les travailleurs du secteur de l'éducation. En effet, à Béjaïa, les enseignants manifestent devant la direction de l'éducation depuis les premières heures de la journée. A Sétif, les enseignants manifestent contre la prolongation du 4e mandat et réclament la satisfaction de leurs revendications socio-professionnelles. Comme dans de nombreuses villes du pays, les enseignants de Ouargla participent à la contestation. A Mostaganem, les enseignants sont sortis en nombre pour manifester. A Oran, des centaines d'enseignants du primaire, du moyen et du secondaire ont investi la rue pour réclamer un changement du système. Des étudiants ont organisé une marche pour dire non au prolongement du mandat de Bouteflika. Lundi dernier, dans une nouvelle lettre adressée à la nation, le président Bouteflika a annoncé ne pas se présenter à un 5e mandat en sus d'un report de l'élection présidentielle.