Un nouveau bras artificiel contrôlé par le cerveau donne aux amputés une dextérité et une liberté sans précédent. Les mouvements sont commandés par le cerveau qui envoie des signaux aux nerfs qui, à leur tour, les relaient automatiquement aux muscles. Pas besoin de penser à décomposer les mouvements quand vient le temps de saisir une poignée de porte ou de soulever une tasse. Chez les amputés, cette communication intuitive entre cerveau, nerfs et muscles n'existe plus, en partie parce que les prothèses n'offrent que des mouvements limités. Les bras prothétiques actuels ne permettent en effet que de plier le coude, de pivoter les poignets et d'ouvrir et de fermer les mains. C'est ce qui fait que les amputés des membres supérieurs comme Jesse Sullivan ne peuvent retrouver que 3% des fonctions naturelles de leurs bras. Toutefois, grâce aux travaux révolutionnaires d'une équipe internationale de chirurgiens et de scientifiques dont fait partie Kevin Englehart, de l'université du Nouveau-Brunswick, une nouvelle génération de membres artificiels, capables de rétablir la communication intuitive du corps humain, est en train de voir le jour. Les recherches d'Englehart portent sur l'utilisation des signaux musculaires pour commander les prothèses. Le scientifique participe à deuxprojets de conception de membres artificiels évolués, financés par la Défense américaine par l'intermédiaire de la Defense Advanced Research Project Agency (DARPA). Le premier, mené à terme en janvier 2008, a donné lieu à une collaboration avec la DEKA Research and Development Corporation de Manchester, au New Hampshire. Ce projet visait à développer un bras artificiel muni d'un minuscule ordinateur logé dans l'avant-bras. L'ordinateur fait office de système de contrôle et utilise des algorithmes pour interpréter les signaux musculaires de l'utilisateur et les transmettre ensuite au membre artificiel, capable d'exécuter un grand nombre de mouvements. «Nous avons réussi à donner à une épaule, un coude, un poignet et une main une dextérité pratiquement sans précédent», indique Englehart, professeur en génie électrique et informatique et codirecteur de l'Institut d'ingénierie biomédicale de l'université du Nouveau-Brunswick. «C'est fascinant de les voir bouger.» Le second projet, toujours en cours, vise à accéder au cortex moteur du cerveau, là où les mouvements tirent leur origine, et aux nerfs périphériques qui descendent dans les membres. Englehart collabore avec des chercheurs de l'université Johns Hopkins, à Baltimore, et avec l'équipe de la DARPA en vue de développer un membre artificiel qui offrira une dextérité proche de celle du bras humain et pourra percevoir et interpréter des impressions sensorielles comme la texture ou la température. Le deuxième prototype conçu par l'équipe, Proto 2, peut exécuter 27 mouvements et comprend une main dotée de 22 moteurs à chaque articulation. Il a remporté le Popular Mechanics 2007 Breakthrough Award.