Profitant de la conjoncture actuelle du pays et du refus des Algériens de toutes les solutions proposées par le pouvoir, ces pages essayent, à travers leurs publications, de promouvoir certaines figures de l'ancien pouvoir au rang de «sauveurs» du pays, et seule solution qui reste à l'Algérie pour sortir de la crise. Depuis quelques jours, des appels provenant de pages Facebook gérées par des personnes anonymes font rage. Après avoir envahi les réseaux sociaux, avec leurs publications et leurs appels contre le pouvoir, ces facebookeurs sont allés jusqu'à placarder de grandes affiches sur les murs de certains quartiers de la capitale. Appelant à l'organisation du mouvement populaire, ils se sont de fait auto-désignés porte-parole du Hirak, et refusent toute solution proposée par les partis et personnalités politiques nationales. Pour eux, même l'opposition n'a pas droit de cité. Ils affirment à cet effet, être «l'unique représentant officiel des jeunes du mouvement populaire». Portant le nom de «Mouvement des jeunes du 22 février», cette page appelle à l'organisation de marches, sans dévoiler le nom de ses initiateurs. Les personnes dont l'identité reste inconnue aux yeux du peuple s'estiment être les seules capables d'«animer» le Hirak que connaît le pays depuis le 22 février dernier. Ces pages, qui veulent marquer leur présence dans la dynamique populaire, affirment vouloir faire vaciller les tenants du régime. Sur cette page Facebook, une liste détaillée de revendications du peuple a été élaborée. Qui sont réellement les animateurs de ces pages ? Quels sont leurs véritables objectifs ? Dans ce moment décisif pour l'Algérie, le lancement de ce genre de pages laisse entrevoir plusieurs scénarios. Car, pour un peuple qui appelle à l'application des articles 07 et 08 de la Constitution, son refus pour désigner un représentant officiel sera inévitable. Désormais, toutes les initiatives doivent d'abord être approuvées par le peuple avant leur application sur le terrain. Profitant de la conjoncture actuelle du pays et du refus des Algériens de toutes les solutions proposées par le pouvoir, ces pages essayent, à travers leurs publications, de promouvoir certaines figures de l'ancien pouvoir au rang de «sauveurs» du pays, et seule solution qui reste à l'Algérie pour sortir de la crise. Dans toute cette histoire, ces personnes essayent par tous les moyens de dérouter l'opinion publique. Le temps des mises en scène et des plans du gouvernement est révolu. Aujourd'hui, le peuple ne croit plus en les promesses faussées d'un pouvoir corrompu. Le mouvement populaire a des revendications claires : il exige le départ de tout le pouvoir, dont les grandes figures de l'ancien président, Abdelaziz Bouteflika. La marche du 22 février a marqué le début d'un mouvement citoyen engagé contre un régime archaïque, avec sa présidence à vie, sa cour de pseudo-partis, de ses syndicats, ses administrations bureaucratiques, son appareil sécuritaire et son système médiatique. Pour réussir, la transition démocratique doit faire face à des défis qui sont à la fois politiques, sociaux et économiques. Le lancement d'un véritable chantier de refondation de l'Etat, du modèle socio-économique et du fonctionnement de la société civile paraît nécessaire, voire inévitable. Les débats déjà lancés, notamment grâce aux différents forums initiés par les jeunes, constituent la meilleure voie pour aboutir à un consensus sur ces questions, qui détermineront le modèle de société que nous souhaitons pour l'Algérie.