«Le temps est arrivé pour le mouvement populaire qui dure depuis le 22 février, d'être rentabilisé par une organisation générale des mobilisations». S'exprimant hier, à l'émission L'Invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio Algérienne, le professeur des universités en sciences du langage, Abderrezak Dourari, s'est dit «très satisfait» de la sortie du peuple algérien dans la rue pour faire valoir ses revendications politiques. Selon lui, pendant ces dernières années, le peuple a donné l'impression qu'il était absent de la vie politique. Sa sortie dans la rue a prouvé que les Algériennes et Algériens s'assument, au-delà de leurs différences identitaires et idéologiques. A cet effet, il a mis l'accent sur la nécessité d'organiser le Hirak, pour asseoir sur des bases solides le futur Etat algérien fondé sur la volonté populaire. «Pour réussir cette période de transition, il faut avant tout prendre le temps de passer par un ensemble de propositions», a-t-il dit, prévenant contre toute précipitation susceptible de gâcher ce qui a été gagné par la mobilisation populaire. Considérant fondamental de «rentabiliser» cette mobilisation, le Pr Dourari a proposé de créer une instance présidentielle constituée de quelques personnes, à laquelle serait transmis celui détenu actuellement par M. Bensalah et ce, pour respecter une forme consensuelle du transfert du pouvoir. Cette instance, a-t-il poursuivi, aura les prérogatives de nommer un gouvernement de transition sur la base de compétences. S'agissant de la persistance de la crise politique en Algérie, l'invité de la Chaîne 3 a estimé que l'application de l'article 8 de la Constitution, stipulant que le peuple est dépositaire de la souveraineté nationale, permettra aux algériens de posséder légitimement les capacités de se doter des institutions propres à le représenter, à travers les représentants qu'il aura acceptés. En outre, l'orateur a mis en avant les dernières déclarations du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, assurant que le discours de l'armée ne peut pas être comme les autres discours, car elle se trouve aujourd'hui contrainte de gérer à la fois une défense nationale «très compliquée», en même temps que la situation politique créée dans le pays par suite de la contestation. «L'armée est une institution qui a reçu une patate chaude, laissée par des politiques pas très responsables», a-t-il souligné. L'invité a estimé logique dans ces conditions, que la classe politique prenne sa part de responsabilité dans la solution de la crise, afin que celle-ci soit dépassée et que l'on débouche enfin, sur la création d'un Etat stable et fort, prenant en compte l'intérêt de ses partenaires étrangers.