Ahmed Mehdi Omarouayache est président d'Algeria Digital Cluster. Il est également expert des TIC. Dans cet entretien qu'il a accordé au Temps d'Algérie, il nous parle de la première participation officielle algérienne au salon Viva Technology, qui se tiendra du 16 au 18 mai courant. Au moins dix start-ups algériennes, sélectionnées sur un grand nombre de postulants, vont prendre part à ce rendez-vous, l'un des plus grands dans son genre au niveau international. Interview réalisée par : Arezki Ibersiene Pouvez-vous nous expliquer l'intérêt de prendre part au Viva Technology pour les start-ups algériennes ? Aujourd'hui, l'Algérie doit s'orienter vers l'économie de savoir, l'économie numérique. Ce qui est intéressant, c'est que l'investissement consenti par l'Algérie depuis l'indépendance sur l'éducation, fait que nous avons maintenant énormément de compétences qui gagneraient à être, pour certaines, améliorées et confrontées aux besoins du marché. Mais nous avons un grand vivier de compétences, de génies et d'entrepreneurs. Aujourd'hui, nous devons nous orienter vers les marchés internationaux. La première des choses qu'on doit faire dans ce sillage, est de donner une très bonne image de l'écosystème numérique algérien. C'est donc dans ce but que nous avons commencé à lancer des initiatives pour promouvoir l'image de la start-up algérienne et ses capacités. Cela passe par des participations à de grands salons, où l'Algérie était particulièrement absente durant des années. Nous avons lancé cette initiative depuis 5 ans, en amenant des start-ups de manière assez artisanale, avec l'aide précieuse de nos sponsors. Et pour cette année, nous avons le soutien du ministère du Commerce, à travers le soutien FSPE où l'Etat a quasiment financé un des plus grands pavillons dans ce salon Viva Technologie. Pensez-vous que ces start-ups algérienne sélectionnées répondent aux besoins des marchés internationaux pour les promouvoir à l'international ? Ce critère est l'un des premiers que nous avons fixé pour la sélection des lauréats. Le principe d'une start-up, ce qui motive notre intérêt pour ce genre d'entreprise, est qu'elle est agile. Elle peut s'adapter rapidement, elle n'est pas figée. L'idée de les amener au Viva Techlonology est que pour certains, ils peuvent adapter leurs produits ou leurs services pour coller à un marché global. Vous avez déjà pris part à ce salon durant les trois précédentes éditions. Cette participation a-t-elle été fructueuse ? Quand on va dans un salon d'une telle envergure, c'est, premièrement, pour vendre les produits des entreprises que nous proposons, et deuxièmement, c'est pour vendre une image positive de l'Algérie. Pour le premier point, effectivement, il y a des start-ups algériennes qui ont pu avoir des contrats, d'autres qui se sont associées, et d'autres qui ont pu revoir leur modèle pour pouvoir avancer. Pour le deuxième point, concernant l'image de l'Algérie, ça a été intéressant, parce que nous avons essayé de combler le vide qu'il y a dans ce domaine. Nous avons pu montrer au monde qu'il y a des start-ups très intéressantes qui naissent et réussissent en Algérie, qu'il y a un énorme potentiel dans ce domaine dans notre pays. Aujourd'hui, le pavillon Algérie au VivaTech est l'un des plus attendus. Beaucoup de participants et visiteurs sont curieux, et en attente de voir ce qui se passe dans notre pays dans le domaine de l'innovation. Comment évaluez-vous l'écosystème numérique algérien aujourd'hui ? Je peux vous dire que notre pays recèle un énorme potentiel dans ce domaine de par la quantité d'entrepreneurs, de développeurs et autres. Notre leitmotiv dans le ADC est de bâtir cet écosystème, et ça ne peut pas se faire uniquement du côté institutionnel. Les entreprises et la société civile doivent s'impliquer. Mais cela ne peut pas se faire sans l'implication forte des pouvoirs publics, en ayant une réglementation souple et moderne, au diapason de ce qui se fait à l'international, en plus de faire sauter quelques blocages dans les financements de projets, la promotion, la connexion entre les grandes entreprises et les start-ups. Ce sont des sujets sur lesquels nous devons tous travailler main dans la main, et nous y arriverons bien, je l'espère. Le ministre du Commerce parle aujourd'hui d'une nouvelle politique économique, basée sur l'innovation. Vous y croyez ? Nous, de notre côté, on le souhaite de tout cœur. Pour être honnête, nous connaissons le degré de connexion entre l'Etat et les entreprises, mais petite particularité que nous avons eue par rapport à ce ministère, c'est qu'il y a une réelle ouverture au dialogue et aux start-ups. Nous avons demandé à inscrire cette participation dans le programme officiel du ministère, et il a été accordé et fait. Je suis réellement optimiste.