Mouad Bouchareb sera destitué par ses pairs, qui l'appellent à démissionner de son propre gré, au cas où il s'entête à rester en poste. Les jours de Mouad Bouchareb à la tête de l'Assemblée populaire nationale (APN), sont comptés. Le président de la chambre basse du Parlement est lâché par la majorité, à commencer par les siens, c'est-à-dire, les députés du parti FLN. Ces derniers ont boycotté hier, l'allocution d'ouverture prononcée par Bouchareb, à l'occasion d'une journée parlementaire commémorative des événements du 8 mai 1945. Par leur geste, en plus du boycott de l'opposition, les députés venaient de signifier à leur chef à l'Assemblée qu'il était indésirable, comme l'a décidé le Hirak qui demande son départ au même titre que les 2B restants, Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui. Selon un cadre du FLN, «c'est le coup de grâce» contre Mouad Bouchareb. Notre source explique en effet, que «le président de l'APN était dans le viseur des parlementaires et de la direction du parti de manière générale, depuis des semaines déjà». Elle rappelle ainsi que Bouchareb «avait tout fait pour empêcher la tenue du Comité central extraordinaire», qui vient d'élire Mohamed Djemaï comme nouveau secrétaire général. Le FLN, qui tente de soigner son image et de se refaire une virginité, maintenant que le peuple algérien s'est soulevé contre le système en place et ses symboles, veut se débarrasser de ses personnages directement impliqués avec le régime de Bouteflika. Notre source, qui a préféré s'exprimer sous l'anonymat, fera remarquer, dans ce sens, que «les enquêtes menées par la justice peuvent bien conduire à Bouchareb», surtout que son nom est cité, au même titre que ceux des chefs des partis de l'Alliance, RND, TAJ et MPA, dans une réunion tenue à la résidence d'Etat de Zéralda autour de Saïd Bouteflika, en décembre dernier, pour mettre en place le plan définitif de l'élection présidentielle. Pour s'en débarrasser, le parti actionne son groupe parlementaire, qui ne jure que par la tête de celui qui est déclaré «persona non grata» par le mouvement populaire. Et ça ne devrait pas d'ailleurs tarder, à en croire les déclarations de notre source, qui s'attend à ce qu'il y ait «du nouveau au niveau de l'APN, d'ici la semaine prochaine». En d'autres termes, Mouad Bouchareb sera destitué par ses pairs, qui l'appellent à démissionner de son propre gré, au cas où il s'entête à rester en poste. Ironie du sort, celui qui est arrivé, le 24 octobre 2018, à la tête de l'APN par un coup de force de la majorité présidentielle, en remplacement de Saïd Bouhadja, pourrait sortir par la petite porte dans les prochains jours. Son accession au poste de président de l'APN est intimement liée à la fermeture de la porte de l'hémicycle devant Bouhadja par un cadenas. Un grave précédent dans l'histoire de l'institution législative, déjà en manque de légitimité à cause de la fraude qui entache les élections législatives. Bouhadja ne reviendra pas Ceci dit, les parlementaires du FLN ne vont pas chasser Bouchareb pour remettre Saïd Bouhadja en poste. Ce dernier, qui ne cesse d'ailleurs de clamer qu'il est «le président légitime de l'APN», s'apprête à déposer plainte pour récupérer ce qui lui «revient de droit». Notre source est catégorique sur le cas Bouhadja, estimant que ce dernier «ne reviendra pas à la tête de l'APN», allant jusqu'à dire que «cet homme fait partie du passé». Au fait, au sein du FLN, on pense surtout à comment gagner la confiance du Hirak, et du moment que Saïd Bouhadja avait été choisi par Bouteflika avant d'être élu par la majorité, ce serait «une erreur» pour l'ex-parti unique de le remettre sur scène. «Il faut admettre que nous sommes critiqués, et réhabiliter Bouhadja n'est pas une bonne idée», admet la même source.