Le chemin vers le Brésil et le Mondial-2014 passe par un immense exploit pour l'équipe de France qui devra remonter un handicap de deux buts contre l'Ukraine, mardi au Stade de France lors du barrage retour, pour éviter une nouvelle déflagration au football tricolore. Quatre jours après la déroute subie à Kiev (2-0), les Bleus sont au pied du mur et c'est toute une discipline qui retient son souffle. Soit Didier Deschamps et sa troupe parviennent à renverser la vapeur et ils écriront ainsi l'une des pages les plus marquantes de l'histoire de la sélection. Soit cette génération sera marquée au fer rouge par ce véritable fiasco, plongeant la FFF dans un nouveau trou noir à deux ans de l'Euro-2016 organisé en France. Avec des conséquences encore insoupçonnées sur l'avenir du sélectionneur, dont le contrat devait être automatiquement renouvelé en cas de qualification pour la Coupe du monde, et un président Noël Le Graët forcément contesté après un tel échec, le premier en phase de qualification depuis le fameux France-Bulgarie de novembre 1993 qui avait privé les Bleus du Mondial-94. Tâche titanesque Deschamps, qui a très mal géré le premier rendez-vous capital de son mandat, peut-il transformer en si peu de temps une équipe sans idées ni inspiration en machine de guerre pour empêcher une catastrophe de plus, trois ans et demi après Knysna? La manière dont les Bleus sont passés à côté de l'évènement vendredi impose une réaction d'ampleur mais la tâche semble titanesque, aucune équipe n'ayant réussi à rétablir la situation après un tel écart dans des barrages allers. Après avoir prôné "l'union sacrée", Deschamps a mis en avant samedi les notions de "combat" et d'engagement, tout ce qui a cruellement manqué à ses joueurs face aux solides Ukrainiens, invaincus depuis 12 rencontres. Mais n'est-il pas déjà trop tard? Le piètre bilan statistique de l'année 2013, seulement rehaussé par une mi-temps au Belarus (4-2 le 10 septembre) et deux victoires sur de faibles Australiens (6-0, le 11 octobre) et Finlandais (3-0, le 15 octobre), n'incite pas à l'optimisme et dresse plutôt le portrait d'une équipe incapable de se sublimer dans les grands moments. Les Bleus ont beau prétendre être meilleurs techniquement que leurs adversaires, comme l'ont martelé Karim Benzema et Mathieu Valbuena depuis vendredi, ils ne possèdent pourtant plus de marge sur des nations comme l'Ukraine, mieux classée que la France par la Fifa (20e contre 21e). Changements d'hommes Il faudra aussi apprivoiser un public qui pourrait se montrer très vite frondeur si l'équipe de France s'enlise et n'arrive pas à percer la muraille ukrainienne rapidement, transformant la fête initialement prévue en enterrement de première classe. L'atmosphère pourrait en tout cas être électrique et les Bleus devront avoir les nerfs solides pour y résister. Cela passera inévitablement par des changements d'hommes. Une certitude: Raphaël Varane, remis de sa blessure au genou droit, effectuera son retour pour remplacer en défense Laurent Koscielny, exclu pour sa gifle adressée à Oleksandr Kucher. Reste à savoir si le sélectionneur s'obstinera en maintenant dans l'axe Eric Abidal, qui a clairement montré ses limites en Ukraine. Mamadou Sakho, très combatif dimanche en conférence de presse et déjà associé à Varane contre la Géorgie (3-1, le 22 mars) et en seconde période face à l'Australie, est un postulant sérieux. L'autre modification notable pourrait intervenir au poste de meneur de jeu après la terne copie rendue par Samir Nasri. Malgré le lobbying à peine déguisé de Franck Ribéry pour son "nouvel ami", la cote de Mathieu Valbuena, étrangement laissé de côté au coup d'envoi par Deschamps, remonte. Le technicien français espère retrouver surtout un tout autre Ribéry. Muselé par deux voire trois gardes du corps ukrainiens, le Bavarois n'a été d'aucune utilité. Il doit se ressaisir car les Bleus ne pourront rien espérer sans un coup de pouce de leur atout offensif N.1. A quelques jours du match aller, "Francky" avait répété qu'il était "au sommet" et qu'il se sentait désormais hermétique à toute pression. Ce qui ne s'est pas vu à Kiev. Il lui reste une 2e manche pour se rattraper et ne pas être encore l'un des acteurs principaux d'une nouvelle crise dont le football français se passerait volontiers.