La France, la Syrie, l'Algérie et la Grèce ont marqué la sixième journée du Festival culturel international de danse contemporaine (FCIDC), se déroulant au théâtre national algérien (TNA), avec la thématique du conflit interne, dans une fresque appelant la raison et la conscience humaine. "Daphnis et Chloé", de Jean Claude Gallota, représentant la France, propose une lecture de la société occidentale d'aujourd'hui à travers l'histoire d'un amour improbable qui oppose deux hommes épris de la même femme. L'ambivalence des pensées et des sentiments a engendré des conduites paradoxales traduites par l'opposition des trajectoires dans le mouvement et une gestuelle indécise, dans une esthétique qui a bien porté le conflit. Les sonorités cristallines et parfois stridentes d'un piano jouant en solo ont ramené l'imaginaire vers le contexte de l'indécision et le doute. La troupe Zenobia pour le théâtre dansant de Syrie a enchaîné avec "Insène" (Etre humain), un appel à l'humanisme par la conscience et la raison, déplorant les évènements tragiques qui frappent ce pays depuis deux ans à travers une chorégraphie marquée par la mélancolie du regard et la violence du geste. Mettant en valeur dans un microcosme de société le climat de suspicion qui a conduit à la division, puis à l'affrontement, la prestation syrienne, savamment interprétée par une ballerine et six danseurs a livré un message, au premier degré, appelant à l'unité du peuple. Dans une fresque esthétique de grande qualité, soutenue par un document diffusé par vidéo projection décriant la gestion du conflit en Syrie par les médias lourds mal intentionnés, la femme jouant la mère patrie, fini par confier son voile noir à l'Histoire, jouée par Nawress Brou, directeur et chorégraphe de la troupe. Khadidja Guemiri-Habes, directrice de l'Association "Les trois loges", représentant l'Algérie, a dansé en solo sur "Le bal de l'amour", un monodrame en mouvements qu'elle a écrit et dans lequel elle met en scène une femme solitaire en quête d'amour et de tendresse. Déclamant à des moments différents des textes séparés dans les deux langues, l'Anglais et l'Arabe, la ballerine met en situation son personnage et expose ses doléances dans une gestuelle subreptice et des mouvements rapides et expéditifs, esquissant sa grande angoisse et son anxiété démesurée. Ce profond conflit interne brillamment interprété, dénote des inquiétudes de l'auteure à protéger davantage la femme, en lui conférant plus d'espace, nécessaire à son épanouissement dans la vie. La Grèce, avec Proxyma Dance Compagny a présenté "Mémoires", une chorégraphie dans un "nouveau concept d'expression corporelle", exploitant le temps comme élément dramaturgique à part entière, agissant effectivement dans le spectacle. Trois ballerines sont restées immobiles pendant près de dix minutes dans des costumes traditionnels de paysannes de la Grèce antique mettant en valeur par le temps en action, la protection, l'harmonie et l'équilibre que procurent les valeurs ancestrales. Sur un sol jonché de feuillages et d'épis de blé, le rapport à la générosité de la terre est également évoqué sur fond de bruitage assourdissant ouvrant l'imaginaire sur l'imminence d'une tragédie et d'un péril immédiat. Les ballerines commençant à se déplacer dans des lenteurs esthétiques, ont fini par ôter leur prémunition pour apparaître dans des costumes plus récents, ce qui causera leur désastre et leur ruine exprimés dans des mouvements désemparés. Réagissant à chaque représentation, le public hétérogène, venu nombreux, a pris du plaisir à apprécier et découvrir dans la volupté, la narration par l'expression corporelle. Le Festival culturel international de danse contemporaine, prévu jusqu'au 22 novembre, reçoit 24 pays, avec la Chine comme invité d'honneur, l'Algérie étant présente avec huit troupes.