A l'inverse de son aînée, pour qui être femme au foyer était une normalité, celle version 2000 le devient souvent de son propre chef. Faïza raconte. «Avant de nous marier, mon époux m'avait avertie qu'il ne voulait pas d'une femme travailleuse, c'était à prendre ou à laisser», rapporte Faïza, la trentaine, ingénieur agronome et mère de deux enfants. Refus de se battre, concessions les unes après les autres, elles sont nombreuses comme Faïza à vivre une situation similaire à laquelle contribue toute la société. Issue d'une famille nombreuse constituée de sept filles, elle a toujours entendu sa mère les conseiller, elle et ses sœurs, d'être sérieuses «pour trouver un mari». Ainsi, quand son mari a demandé sa main en posant cette condition, dit-elle, «j'ai accepté, car je refusais l'idée de rester chez mon père et d'être une charge». Comme bien des jeunes gens de notre époque, le mari de Faïza n'est pas contre le fait que sa femme travaille, si c'est dans un milieu féminin. Il ne peut cependant accepter l'idée que sa femme se retrouve dans un même bureau qu'un autre homme ! Psychanalystes, à vos divans ! Bien que recensée dans la catégorie des femmes au foyer, Faïza est loin de ressembler à la femme au foyer d'antan, avec une ribambelle de gosses agrippés à ses jupons. Une image qui n'a pas complètement disparue de notre environnement, présente encore dans les contrées de l'intérieur du pays. Le plus pour Faïza, et la pléthore de femmes dans son cas, c'est d'avoir la chance d'être instruite, ce qui somme toute reste un apport appréciable pour la société en général et les familles concernées en particulier. «Ma satisfaction, c'est d'être en mesure de suivre la scolarité de mes enfants», soutient Faïza. La scolarité des enfants est pour de nombreuses femmes le motif qui les ramène au foyer. Suite à cela, c'est toute la vie qui est organisée autour. Ainsi, pour Faïza, «la scolarité de mes enfants passe avant tout, mais ce n'est pas pour autant une prison pour moi». Refusant d'être cette femme cloîtrée entre quatre murs, Faïza a organisé sa vie de façon à ce que chaque membre de sa famille y trouve son compte, à commencer par elle. «Entre les tâches ménagères, les cours des enfants et m'accorder un peu temps, il ne me reste pas beaucoup pour m'ennuyer, je vous assure.» Quand on lui dit qu'en général, c'est le travail qui fait le bonheur des femmes, Faïza nous arrête, soutenant que le bonheur, c'est l'équilibre. «Et l'équilibre, chacun le trouve où il peut. A mon humble avis, il n'y a pas que le travail. Je ne suis pas adepte du ‘‘Argent quand tu nous tiens'', pour moi, il faut plus que ça pour rendre une femme heureuse.» Etre femme au foyer n'est plus un statut qui fait rougir. Le regard que porte la société suer cette frange n'est plus celui d'antan. Dans les politiques prônées par les pouvoirs publics pour la promotion de la population, elle n'est pas oubliée. A titre d'exemple, le dispositif du microcrédit s'adresse à elle en premier lieu. A elle de saisir l'occasion. «Il faut être bien négative pour dire que nous sommes au ban de la société», conclut Faïza.