Relais traditionnel et inconditionnel du trône, la presse «royale» marocaine verse ces derniers jours dans le délire et dans une envolée lyrique et burlesque. Elle exploite la tragédie syrienne à des fins politiciennes pour s'attaquer de front à l'Algérie, l'accusant d'avoir expulsé vers le Maroc une quarantaine de familles syriennes dont un nourrisson de quarante jours. Les informations mensongères et fallacieuses diffusées sur le site électronique marocain Atlas info sont une preuve de plus des campagnes malveillantes que mènent les autres médias marocains contre l'Algérie. Ainsi, et après avoir expulsé vers l'Algérie des centaines d'immigrants africains, après les avoir maltraités et dépouillés de leurs biens, comme l'ont rapporté les organisations internationales des droits de l'homme, dont deux organisations marocaines qui ont dénoncé ouvertement les violences dont ont été victimes des immigrants africains, les autorités marocaines ont tenté d'expulser vers l'Algérie, cette semaine, une quarantaine de Syriens afin de discréditer notre pays vis-à-vis de la communauté internationale, notamment la Ligue onusienne des droits de l'homme, dont l'Algérie vient d'être élue membre. Qu'en est-il exactement de cette mise en scène orchestrée par le makhzen et relayée fidèlement par les médias marocains ? Dimanche 26 janvier 2014, dans l'après-midi, le makhzen marocain a tenté de reconduire une quarantaine de réfugiés syriens vers le territoire algérien. Les éléments des gardes-frontières de la Gendarmerie nationale ont sommé les gardes du makhzen de les reconduire sur le sol marocain et se sont opposés à leur franchissement de la frontière algérienne. C'est ce que nous a confirmé le colonel Boualleg Mohamed, le commandant de groupement de la Gendarmerie nationale de Tlemcen. Suite à ce refus, les autorités marocaines ont dressé des tentes aux réfugiés syriens tout près de la frontière algérienne et ont fait appel aux médias marocains pour accuser à tort le gouvernement algérien. C'est donc un acte prémédité et purement réfléchi, car il existe à Tlemcen des centaines de réfugiés syriens qui n'ont jamais été inquiétés. Au contraire, ils sont bien considérés, très respectés et toute la population de la wilaya se solidarise avec eux et leur porte aide et assistance. Nous nous sommes rendus au poste frontalier de Zoudj Bghal, distant d'une dizaine de kilomètres de la ville de Maghnia. Les populations marocaines frontalières de l'Engade qui ne vivent que de la contrebande avec l'Algérie, ont été unanimes pour nous affirmer «que les réfugiés syriens ont été conduits de la ville d'Oujda vers la frontière à bord de trois fourgons de type Renault Master, semblables à ceux de la police marocaine et les ont forcés à traverser la frontière algérienne. Et de souligner que parmi ces réfugiés syriens il y avait des femmes et des enfants. Quand les hommes se sont opposés à la volonté du makhzen, ils les ont maltraités». «Des agissements qui n'honorent pas un pays musulman» Hadj Benaïssa, dont l'habitation n'est qu'à quelques mètres du poste frontalier, a tenu à nous apporter son témoignage sur ce drame. «J'ai moi-même apporté de l'eau et du lait aux enfants qui étaient martyrisés et qui grelottaient de froid. Nous dénonçons ces agissements qui n'honorent guère un pays musulman qui exploite la détresse de ces personnes à des fins politiques.» Les résidents algériens, qui entretiennent de très bonnes relations avec leurs voisins marocains, ont eux aussi vécu cette scène en confirmant la thèse de la manipulation médiatique. «Vous savez, le Maroc expulsait auparavant et quotidiennement des dizaines d'Africains que nous avons secourus à maintes reprises. Ce dimanche, le gouvernement marocain a dépassé les limites car le monde entier est solidaire avec le peuple syrien, notamment les réfugiés, et il n'a jamais été dans la tradition de l'Algérie d'expulser des réfugiés.» Et de souligner que «le gouvernement de Benkirane essaye de ternir l'image de l'Algérie par tous les moyens. Mais tous les pays du monde savent que notre pays est une terre d'asile et où il n'existe aucune discrimination, contrairement au Maroc». Par ailleurs, les médias marocains ont fait un parallèle entre l'affaire des Syriens et l'expulsion des 350 000 Marocains par l'Algérie en décembre 1975, sauf que ces «plumistes» ont la mémoire courte et tentent d'omettre que des milliers d'Algériens ont été spoliés de leurs biens et de leurs terres et expulsés vers l'Algérie bien avant cette expulsion. Enfin, les Syriens que nous avons rencontrés et qui vivent paisiblement à Tlemcen ont été tous unanimes pour dénoncer l'attitude du Maroc, tout en confirmant la thèse du gouvernement algérien. «J'ai un parent parmi les expulsés du Maroc que j'ai contacté par téléphone et il m'a raconté le traquenard tendu par les Marocains à ces pauvres réfugiés qui sont entrés au Maroc par voie aérienne», a affirmé Salim El Mokdad, un réfugié syrien qui vit à Tlemcen depuis plus de deux années.