Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a appelé hier la communauté internationale à ne pas soutenir le coup d'Etat anticonstitutionnel perpétré fin février en Ukraine, et qualifié d'illégitime le scrutin présidentiel fixé par les putschistes le 25 mai. «Je déclare que l'élection présidentielle fixée au 25 mai est absolument illégitime et illégale», a déclaré le président ukrainien lors d'une conférence de presse dans la ville russe de Rostov-sur-le-Don. Il s'est en outre engagé à s'adresser au Congrès et au Sénat et à saisir la Cour suprême des Etats-Unis afin d'exiger une évaluation juridique de la situation en Ukraine. «A ce que je sache, la législation américaine interdit de fournir une aide financière au gouvernement de tout Etat dont le président légitime a été renversé par un coup d'Etat armé ou par tout autre acte illégal. J'envisage de m'adresser au Congrès, au Sénat et à la Cour suprême afin d'exiger une évaluation juridique des actes du gouvernement de ce pays. Selon vos propres lois, vous n'êtes pas autorisés à fournir de l'argent aux bandits», a expliqué M. Ianoukovitch. Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février à Kiev. La Rada suprême (Parlement ukrainien) a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions et réformé la Constitution. Ianoukovitch a qualifié ces événements de «coup d'Etat». Moscou conteste également la légitimité des décisions de la Rada. Le 28 février, lors d'une conférence de presse à Rostov-sur-le-Don, M.Ianoukovitch a expliqué qu'il avait été contraint de quitter l'Ukraine en raison de menaces. Il a demandé aux autorités russes d'assurer sa sécurité face aux extrémistes ayant usurpé le pouvoir en Ukraine. La Russie l'a accueilli sur son sol pour des raisons humanitaires, sa vie étant en danger. Le président ukrainien estime qu'il reste non seulement le chef d'Etat légitime mais également le commandant en chef des forces armées ukrainiennes. «Je veux rappeler que je reste le seul président légitime de l'Ukraine et le commandant en chef des forces armées. Je n'ai pas quitté mes fonctions», a déclaré Ianoukovitch lors de la conférence de presse tenue hier. Plusieurs régions du sud et de l'est de l'Ukraine et la République autonome ukrainienne de Crimée n'ont pas reconnu les nouvelles autorités de Kiev. La Crimée a décidé de tenir un référendum sur son statut au sein du pays. «Le peuple ukrainien s'enfonce dans l'anarchie, des forces obscures cherchent à provoquer une guerre civile dans le pays», a alerté hier le président ukrainien. «Des hommes cagoulés (…) patrouillent dans les villes, l'anarchie dont le peuple ukrainien est la victime gagne du terrain. Ils limogent les officiers supérieurs de l'armée, ceux qui s'opposent à l'emploi des forces armées ukrainiennes contre les civils dans le sud-est du pays. Réfléchissez-y! Ils veulent placer l'armée sous le drapeau de Bandera (collaborateur des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, ndlr) et engager une guerre civile», a indiqué Ianoukovitch lors d'une conférence de presse. La Crimée déclare son indépendance vis-à-vis de Kiev Par ailleurs, le Conseil suprême (Parlement) de Crimée a adopté la déclaration d'indépendance de la République autonome à l'égard de Kiev, a annoncé à RIA Novosti un porte-parole du Parlement. «La décision vient d'être adoptée au cours d'une session extraordinaire. Le document a été approuvé par 78 des 81 députés présents», a indiqué l'interlocuteur de l'agence. «Après la tenue d'un référendum, la Crimée, en tant qu'Etat indépendant, adressera à la Fédération de Russie une demande d'adhésion au sein de la Russie en qualité de sujet fédéral», a expliqué le porte-parole. La semaine dernière, le Parlement de Crimée a voté en faveur de l'adhésion de la République au sein de la Fédération de Russie et décidé d'organiser un référendum sur ce sujet le 16 mars 2014.