Le président russe, Vladimir Poutine, a qualifié, hier, les récents événements en Ukraine de coup d'Etat anticonstitutionnel et de prise de pouvoir par les armes. “Il ne peut y avoir qu'une seule évaluation de ce qui s'est passé en Ukraine: c'est un coup d'Etat anticonstitutionnel et une prise de pouvoir par les armes", a déclaré le chef de l'Etat russe lors d'une conférence de presse. Le 22 février, au mépris des ententes entre les chefs de file de l'opposition et le président Viktor Ianoukovitch et sans attendre que ce dernier signe une loi autorisant la réforme constitutionnelle en Ukraine, la Rada suprême a modifié la Constitution, limogé certains ministres et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. M. Ianoukovitch a quitté le pays. Si ce qui s'est produit en Ukraine n'est pas un coup d'Etat, mais une révolution, cela signifie qu'il s'agit d'un nouvel Etat avec lequel la Russie n'a signé aucun document contraignant, a fait remarquer le président russe. "Quand nous indiquons que c'est un coup d'Etat anticonstitutionnel, on nous dit que non, ce n'est pas un coup d'Etat anticonstitutionnel ni une prise de pouvoir armée, mais une révolution. Mais si c'est une révolution, qu'est-ce que cela signifie? Il m'est alors difficile de ne pas m'aligner sur l'avis de certains de nos experts estimant qu'un nouvel Etat apparaît sur ce territoire. Tout comme cela s'est produit après l'effondrement de l'Empire russe, suite à la révolution de 1917", a déclaré le chef de l'Etat devant les journalistes. "Un nouvel Etat apparaît, et avec cet Etat et à l'égard de cet Etat nous n'avons signé aucun document contraignant", a ajouté M.Poutine. Concernant le président déchu, Viktor Ianoukovitch, M. Poutine a estimé qu'il n'a pas d'avenir politique. "J'ai du mal à le dire. Je pense toutefois qu'il (Ianoukovitch) n'a pas d'avenir politique", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse. La Russie a accueilli le président ukrainien Viktor Ianoukovitch sur son sol pour des raisons humanitaires, la vie de ce dernier étant en danger, a déclaré le chef de l'Etat russe. "Nous avons joué un rôle dans son sort pour des raisons exclusivement humaines. A mon avis, il aurait été assassiné", a indiqué M.Poutine lors d'une conférence de presse. Viktor Ianoukovitch a de facto renoncé au pouvoir en Ukraine en signant le 21 février un accord de sortie de crise, a déclaré mardi le président russe Vladimir Poutine. "Le 21 février, sous la médiation des chefs de diplomatie de trois pays européens, la Pologne, l'Allemagne et la France, et en présence de mon représentant, le délégué russe aux droits de l'homme Vladimir Loukine, le président Ianoukovitch et l'opposition ont signé un accord en vertu duquel M. Ianoukovitch a pratiquement abandonné son pouvoir", a affirmé M. Poutine. Selon lui, Viktor Ianoukovitch "a accepté tout ce que l'opposition exigeait". Des négociations sur le règlement du conflit en Ukraine se sont déroulées le 21 février à Kiev. Elles ont réuni le président en exercice Viktor Ianoukovitch, les chefs de file de l'opposition, Arseni Iatseniouk et Vitali Klitschko, les chefs de diplomatie français, allemand et polonais Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorski, ainsi que le représentant de la Russie, Vladimir Loukine. Les négociations ont abouti à la conclusion d'un accord prévoyant notamment une élection anticipée du chef de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'unité nationale et une réforme constitutionnelle élargissant les pouvoirs du Premier ministre au détriment de ceux du président. Au mépris des ententes intervenues et sans attendre que la loi modifiant la Constitution soit signée par Viktor Ianoukovitch, les députés ont voté un décret transférant les pouvoirs du chef de l'Etat au président de la Rada suprême (Parlement), Alexandre Tourtchinov.
Le préjudice sera réciproque au cas de sanctions Le préjudice que les éventuelles sanctions occidentales contre la Russie pourraient occasionner serait réciproque, estime le président russe Vladimir Poutine. "Ceux qui envisagent de décréter ces sanctions doivent songer en premier lieu aux conséquences qu'elles pourraient entraîner. Je pense que dans le monde actuel où tout est lié et où tous les pays dépendent les uns des autres, il est bien entendu possible de causer un préjudice, mais ce serait un préjudice réciproque", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse à Moscou. Les Etats-Unis ont décrété lundi une série de sanctions contre la Russie en réponse à la position de Moscou sur la crise en Ukraine. Washington a notamment suspendu sa coopération avec les militaires russes, ainsi que les négociations portant sur un accord de commerce et d'investissements avec Moscou.
La Russie ne compte pas annexer la Crimée La Russie n'envisage pas la possibilité d'annexer la Crimée, presqu'île ukrainienne à majorité russophone, a encore déclaré Vladimir Poutine. "Non, nous n'examinons pas une telle possibilité", a indiqué le chef du Kremlin lors d'une conférence de presse, à la question de savoir si Moscou envisageait de rattacher la Crimée à la Russie. La Crimée a été rattachée en 1954 à l'Ukraine qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Il s'agissait d'une décision purement formelle, car le transfert de ce territoire a été effectué à l'intérieur du même Etat. Après la chute de l'URSS en 1991, la Crimée est restée au sein de l'Ukraine, mais a reçu le statut de république autonome. Le 1er mars, le Conseil de la Fédération (sénat russe) a autorisé le recours à la force en Ukraine "en raison de la situation extraordinaire dans ce pays, de la menace pesant sur la vie des citoyens russes et des effectifs du contingent militaire russe qui sont déployés dans la République autonome ukrainienne de Crimée conformément à un accord bilatéral".
La Russie se réserve le droit de réagir à une demande d'aide Moscou se réserve le droit de mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour assurer la sécurité des citoyens ukrainiens, si l'est du pays est touché par la même anarchie que Kiev, a déclaré mardi le président russe Vladimir Poutine. "Si nous voyons que cette anarchie commence à envahir les régions de l'Est (frontalières avec la Fédération de Russie, ndlr), si la population demande notre aide, nous nous réservons le droit de mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour les défendre, une demande du président légitime en exercice étant déjà à notre disposition. A notre avis, c'est tout à fait légal", a déclaré le chef de l'Etat russe lors d'une conférence de presse. Et d'ajouter que le recours à la force en Ukraine ne s'imposait pas pour le moment.
Accueillir les leaders du G8 à Sotchi La Russie sera prête à accueillir à Sotchi les leaders du G8, a déclaré le président russe. "Quant au G8, je ne sais pas. Nous nous préparons au G8 et sommes prêts à accueillir nos collègues chez nous. S'ils ne veulent pas venir, c'est leur affaire", a estimé le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse. Auparavant, le service de presse de la Maison- Blanche a diffusé une déclaration selon laquelle, en raison de la situation en Ukraine, les pays du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Grande-Bretagne et Etats-Unis) suspendaient la préparation au sommet du G8 prévu à Sotchi.
La Russie pourrait augmenter son contingent en Crimée, en toute légitimité En effet, l'annonce de l'éventuelle utilisation des forces armées russes pour protéger les Russes contre la violence en Ukraine a littéralement suscité la panique au sein de l'establishment ukrainien, écrit mardi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Ainsi qu'une réaction très nerveuse de ceux qui avaient encouragé le Maïdan par tous les moyens, soutenu et stimulé le renversement du pouvoir ukrainien. Le Parlement ukrainien (Rada) a annoncé dimanche : "Nous demandons au président russe Vladimir Poutine d'empêcher l'entrée des forces armées russes sur le territoire ukrainien". Car une telle perspective priverait les autorités ukrainiennes de toute volonté d'organiser des actions de force dans les régions qui protestent contre le Maïdan. Jusqu'à présent, personne n'a réussi à citer ne serait-ce qu'un fait d'ingérence des forces russes, du moins dans les régions continentales de l'Ukraine. Par conséquent, toute discussion sur le début d'une guerre entre pays voisins n'est rien d'autre que de la démagogie. Pour l'instant, il n'existe aucune raison d'adopter des sanctions internationales contre la Russie. Ce qui est important, c'est l'aptitude de Moscou à réagir sans hésiter et efficacement à toute action de violence de Kiev dans les régions russophones. Cela a refroidi beaucoup de têtes brûlées. La situation est différente en Crimée, qui est devenue de facto un Etat indépendant de Kiev. Tout le monde semble reconnaître que la présence de la flotte de la mer Noire russe à cet endroit est légitime. Rappelons qu'au printemps 1994, il a été convenu que 81,7% de la flotte de la mer Noire de l'URSS revenaient à la Russie et 18,3% à l'Ukraine. Un accord à ce sujet avait été signé le 9 juin 1995 à Sotchi. Le 28 mai 1997, trois accords avaient été signés sur le statut et les conditions de la présence de la flotte de la mer Noire russe sur le territoire ukrainien. Conformément à ces accords, les navires et les unités de la flotte pouvaient stationner à Sébastopol et Théodosie. Les principaux aérodromes seraient Gvardeïskoe et Katcha. Les aérodromes auxiliaires - le cap Chersonèse et Ioujny. Les centres de transmissions se situeraient à Katcha, Soudak et Ialta. Le régiment de guerre électronique - à Otradnoe. Le polygone de l'infanterie de marine d'Opouk - à proximité de Théodosie. Il est à noter que certaines sources en Crimée ont souligné que toutes les photos et vidéos de militaires russes diffusées sur internet ont été prises uniquement sur les sites de déploiement officiels ou sur le trajet qui les sépare. Cependant, la Rada exige de Poutine de "renvoyer immédiatement ses troupes à leur base".