Chouchou du Prince Mohammed Bin Khalifa Al Thani, frère du propriétaire du Paris-SG, l'ancien Lyonnais Nadir Belhadj (31 ans) n'a rien perdu de ses qualités. Mieux encore, le latéral gauche réalise une saison exceptionnelle avec Al-Sadd. Le «Zizou des Ardennes» - surnom glané à Sedan - marche sur les pas des meilleurs buteurs de la Ligue d'Asie des Champions, Wagner Love et Asamoah Gyan. Entretien avec le roi du râteau. Plutôt habitué à offrir des passes décisives sur des centres, vous vous êtes mué en serial buteur cette saison (9 buts, dont 3 en C1). Comment expliquez-vous cette réussite ? Je crois que j'ai accumulé beaucoup de confiance. Il y a une bonne relation de travail avec mes coéquipiers, et cela se passe très bien avec Lhoussaine Ammouta, mon entraîneur. Il m'a d'ailleurs replacé comme milieu relayeur. On évolue en 4-2-3-1, et je me sens à l'aise ainsi car je ressens une vraie liberté. Je peux toujours prendre le couloir aussi, mais là je suis une sorte de " 6-8?. C'est vrai qu'avec l'âge, les joueurs ont tendance à reculer sur le terrain. Moi, Je fais le contraire. (Rires) Avec l'Espagnol Raul dans votre équipe, vous êtes à bonne école… C'est un super gars. Il est collectif, et fait jouer les autres. Il a la classe. Raul nous a organisé une rencontre à Bernabeu face au Real Madrid. C'était magnifique. Vous avez remporté la C1 asiatique en 2011 avec Al-Sadd. Comment situeriez-vous le niveau de la compétition ? Par rapport au Championnat du Qatar, je ressens plus d'intensité, et le rythme est globalement plus élevé. Al-Hilal Djeddah (Arabie Saoudite) que l'on vient d'affronter, était une équipe bien organisée. Pour situer, je dirais qu'en Asie, le niveau des équipes est disparate, il varie entre le National et le haut de tableau de la Ligue 2. Individuellement, il y a des stars comme Raul, Nêne ou Lisandro Lopez. Vous êtes arrivé dans le Golfe juste après le Mondial 2010. Quel bilan tirez-vous ? Il est clairement positif, j'ai remporté le Championnat, la C1 asiatique, et j'ai fini troisième du Mondial des clubs 2011. A un an de la fin de votre contrat, vous êtes dans le viseur de plusieurs clubs du Golfe : Al Shabab (Arabie Saoudite), Al Hilal Djeddah (Arabie Saoudite) ou encore Al Aïn (Emirats arabes unis). Etes-vous intéressé par un retour en Europe ? Oui, bien évidemment, c'est quelque chose qui pourrait m'intéresser. Maintenant, comme vous le savez, tout dépendra des opportunités. Il y a deux ans, le Paris-SG, via Nasser Al-Khelaïfi, vous avait sondé… Cela fait plaisir qu'une telle personne se soit intéressée à mon profil. Maintenant, que cela ne se soit pas fait, je ne le vis pas comme un regret. Je regarde avec plaisir ce que fait le PSG, et c'est impressionnant. Avant le PSG, ce fut le FC Barcelone via Txiki Begiristain qui était intéressé par votre profil, en 2009. Des coups de fil ont même été échangés. Avec du recul, avez-vous vraiment l'impression d'avoir fait la carrière que méritiez ? Oui, je comprends ce que vous me dites. C'est le destin. Je pense que j'ai commis une erreur quand j'étais à Lyon, j'aurais dû patienter. J'étais en concurrence avec le champion du monde Fabio Grosso, et je n'ai pas voulu attendre. Sur ce coup-là, j'ai manqué un peu d'expérience. Après avoir pris votre retraite internationale avec l'Algérie en mars 2012 (54 sélections pour 4 buts), vous avez fait comprendre avant les barrages qualificatifs de novembre dernier que vous étiez prêt à apporter de nouveau votre expérience aux Fennecs. Vahid Halilhodzic n'a pas saisi la perche tendue… Je respecte le choix du coach. Il est vrai qu'il y a des joueurs qui se sont battus pour qualifier cette équipe. Je reste disponible. Tout est possible dans le football. en 2010, il y a bien des joueurs qui n'ont pas participé aux éliminatoires qui ont participé à la compétition (sept, ndlr). A votre poste, les Fennecs sont bien lotis avec la présence de Djamel Mesbah et Faouzi Ghoulam. Pour ce dernier, vous êtes même son idole. Que pensez-vous de l'ancien Stéphanois ? Je l'aime bien. Je trouve qu'on a un peu les mêmes caractéristiques. Comme moi, c'est un contre-attaquant. C'est le prototype du joueur moderne. Je suis content de le voir à Naples, et je regarde ses matches. Vous avez partagé des moments forts avec Madjid Bougherra. L'actuel capitaine d'El-Khedra était même favorable à votre retour. Que pensez-vous de son rôle de leader au sein de la sélection ? Je ne suis pas surpris. C'est un bon gars. Là, il encadre tous les jeunes, et j'espère qu'il va faire un bon Mondial. Et c'est aussi une manière de montrer qu'on peut rester compétitif en évoluant au Qatar. L'Algérie est tombée dans le groupe H avec la Belgique, la Russie et… la Corée du Sud. Les joueurs ne connaissent pas du tout cette nation. Vous êtes habitué à côtoyer ce football. Que pouvez-vous en dire ? Déjà, il n'y a plus de petites équipes. La Corée du Sud est disciplinée. Ils vont vite vers l'avant. Techniquement, c'est pas mal aussi. Dans ce groupe, tout peut se passer. Le favori logique est la Belgique mais l'Algérie aura son mot à dire. Nous avons une équipe jeune et motivée.