Après une semaine du lancement de la campagne électorale, le candidat du parti El Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, qui a sillonné plusieurs wilayas, fait le constat et admet que «beaucoup de gens, particulièrement les jeunes, ne s'intéressent pas aux élections et ne font pas confiance aux structures de l'Etat». Invité hier par le Forum du quotidien El Moudjahid, M. Belaïd a admis que «les citoyens ne font plus confiance aux joutes électorales», relatant les propos de ceux qui disent que «le jeu est déjà terminé et c'est Abdelaziz Bouteflika, président sortant, qui sera réélu». Mais le candidat d'El Moustakbal, favorable pour un dialogue national, a décidé de poursuivre «son combat pour amorcer le changement» et de réclamer une liberté d'expression pour le peuple algérien. En allant vers «un consensus national» auquel seront associés des hommes politiques, des universitaires et d'autres représentants de la société algérienne, M. Belaïd propose d'engager un débat politique élargi aux universitaires car le niveau actuel des élus est déplorable, citant entre autres l'Assemblée populaire nationale (APN), les assemblées de wilayas et l'administration d'une manière générale. Malgré les entraves et les dépassements enregistrés depuis le lancement de la campagne et même avant, c'est-à-dire lors de la campagne de réunion des signatures pour la présidentielle, le candidat s'oppose à «la politique de la chaise vide», convaincu que la présidentielle de 2014 diffère de celle de 2009, sans aller plus loin dans son idée. Refusant le boycott, il a estimé que les candidats qui se sont retirés de la course électorale en 1999 n'ont rien pu apporter ou changer car ils ont renoncé à la poursuite de leur combat après l'élection présidentielle. Selon lui, «le combat actuel est contre la fraude, contre le mécanisme qui détruit la démocratie». Il accusera certains partis politiques qui dénoncent la fraude, alors qu'ils ne sont même pas présents dans une centaine de communes. L'avenir inquiète A propos de son programme présidentiel, qu'il considère réalisable, Abdelaziz Belaïd a estimé qu'il ne nécessite pas la mobilisation d'importants fonds. Elaboré sur la base de consultations élargies auxquelles ont été associés des spécialistes, des universitaires et des militants du parti, le programme propose des solutions applicables dans différents secteurs. En revanche, il a été très critique à propos des précédents programmes quinquennaux réalisés durant les quinze dernières années. En premier lieu, il a remarqué que ces programmes n'ont fait l'objet d'aucune évaluation alors que des budgets faramineux ont été dépensés. «Il faut mettre un terme à l'économie de façade, à une politique d'achat de la paix sociale», a-t-il demandé. Pour appuyer ses propos, il citera le projet des 100 locaux par commune qui a échoué à son avis, puisque beaucoup de locaux sont abandonnés et occupés par des délinquants au lieu d'être un espace de création d'activités et d'emplois pour les jeunes. Il exprimera également ses inquiétudes à propos d'un éventuel déséquilibre de la balance des paiements, dans les prochaines années, suite à la constante hausse des importations qui risquent, au rythme actuel, d'atteindre 100 milliards de dollars en 2019 contre des exportations qui ne dépasseront pas 65 milliards de dollars. Il propose, à cet égard, d'axer le programme économique sur l'agriculture, l'industrie agroalimentaire et le tourisme. Dans le domaine de l'habitat, il proposera la création des coopératives d'entreprises qui feront appel aux crédits bancaires et de confier la distribution des logements sociaux aux présidents d'APC, qui doivent avoir plus de prérogatives.