Climat de guerre hier à Béjaïa. Le meeting que devait animer Abdelmalek Sellal à la maison de la culture de la ville a été empêché par des manifestants en furie qui ont assiégé l'édifice. Des émeutes ont éclaté entre manifestants «anti-4e mandat» et les forces de l'ordre en milieu de journée, faisant plusieurs blessés, des policiers mais aussi des journalistes. Pourtant, tout paraissait calme en début de matinée. Tout a été préparé pour que le meeting de Sellal se déroule dans de meilleures conditions. Les citoyens qui devaient y assister portaient tous des badges «invités». Un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé sur les lieux. Les policiers filtraient l'entrée tandis que de jeunes manifestants lançaient de l'extérieur de la maison de la culture des slogans hostiles au pouvoir et brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire notamment : «Non au 4ème mandat, système dégage». C es mêmes jeunes ne faisaient, au départ que «taquiner» les «invités» de Sellal par des phrases du genre : «Combien ils t'ont payé ?» ou «Ya chiyatine» (les brosseurs). Les journalistes causaient même avec eux, quoi qu'ils ont, eux aussi, été traités de tous les noms d'oiseaux. La tension montait d'un cran à l'approche du meeting de Abdelmalek Sellal, directeur de campagne du candidat Bouteflika, prévu à 11 heures. Les jeunes manifestants commençaient à jeter des objets vers les partisans du 4ème mandat qui continuaient à affluer. Le ton est monté de plusieurs crans et quelques journalistes d'Ennahar qui tentaient de filmer les manifestants ont été malmenés. «Vous êtes indésirables ici !», criaient les manifestants. Alors qu'on croyait que la situation allait se calmer, vu que les abords de l'entrée principale ont été presque évacués, les émeutes ont éclaté devant une autre entrée, fortement protégée. Plusieurs policiers qui tentaient de faire face à la furie des manifestants ont été blessés. L'un d'eux est dans un état grave, nous a-t-on affirmé sur place. Les policiers ont utilisé en vain des bombes lacrymogènes pour disperser la foule. Les citoyens venus assister au meeting de Sellal, dont certains ont été, nous dit-on ramenés d'autres wilayas, ainsi que les journalistes qui accompagnaient la délégation de Sellal ainsi que les journalistes locaux sont contraints de rester à l'intérieur de la salle. Les manifestants continuaient d'attaquer de tous les côtés. C'est l'angoisse à l'intérieur de la salle dans la mesure où, il n'est permis à personne de sortir. Le risque est quand même pris par certains participants qui ont escaladé, les murs pour se retrouver à l'extérieur et se fondre dans la foule, alors que les journalistes ont été évacués des lieux dans des fourgons de police pour prendre la direction de l'aéroport. Une fois réunis à l'aéroport, Abdelmalek Sellal, qui a dû annuler son meeting, a tenu à leur faire une déclaration. «Vous avez vu ce qui s'est passé, vous êtes témoins», lance-t-il avant d'affirmer : «Nous sommes contre l'extrémisme, la violence et l'exclusion». Abdelmalek Sellal affirme qu'il poursuivra sa campagne normalement en maintenant d'ailleurs le meeting prévu aujourd'hui à Tizi-Ouzou. Il s'est rendu dès son arrivé à Alger à la salle Atlas où s'est tenu un rassemblement de femmes qui soutiennent le 4ème mandat. Un langage antidémocratique La direction de la campagne, dans un communiqué de presse qui qualifie le rassemblement des manifestants d'«attroupement hostile et violent», attribue les violences aux partisans du boycott et au MAK. «Abdelmalek Sellal a pris cette décision (annulation du meeting) afin de préserver les citoyens de Béjaïa d'une manifestation de violence dont les artisans n'étaient autres que les fascistes tenants du boycott, Barakat, secondés par leurs nervis du MAK», accuse le communiqué qui parle des «groupuscules fascistes», qui, «à défaut d'obtenir de la part des citoyens algériens l'écoute qu'ils attendent et qu'ils n'auront jamais, sont manifestement montés de plusieurs crans dans leur action d'appel au boycott, préférant parler un langage antidémocratique, celui de la violence, de l'intolérance et du non-respect de la différence d'opinion». «Pour rappel, la Direction de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika a déjà dénoncé, dans un communiqué antérieur, toutes les formes de violence qui ont ciblé les meetings tenus par les représentants du candidat Abdelaziz Bouteflika, et appelé à la raison les instigateurs de cette violence, tout en précisant que l'éthique politique qui guide constamment la démarche, restera fidèle au message adressé par le Président à la veille de la campagne, afin de faire de cette élection une grande fête pour tous les Algériens», conclut le communiqué.