Rencontré en marge du salon Batimatec qui se tient actuellement au Palais des expositions des Pins maritimes, le président de la plus importante association d'entrepreneurs du pays qui compte quelque 800 adhérents fait, pour nos lecteurs, un tour d'horizon de ce secteur névralgique. Cette 12e édition de Batimatec se présente sous de bons auspices avec le lancement d'un nouveau plan quinquennal doté de 150 milliards de dollars dont 20 milliards seront entièrement consacrés au logement... Vous savez, dans le BTPH, les besoins de l'Algérie sont immenses. Le pays a besoin non seulement de logements mais aussi des voies de communication routières et ferroviaires, de barrages, d'infrastructures de communication, etc. Ce secteur représente actuellement plus de 10% de notre PIB. Et s'il est en forte croissance, c'est parce qu'il constitue, outre le secteur de l'énergie, l'une des priorités politiques pour le développement du pays. Au cours de ses deux derniers mandats, le président Bouteflika n'a cessé de lui accorder un grand intérêt. Un vaste programme de relance économique a été entrepris sous sa conduite et a touché particulièrement le secteur de la construction et des travaux Publics. Il est vrai, d'un autre côté, qu'un salon comme Batimatec permet de mesurer les avancées dans le secteur et constituer, dans les faits, un espace privilégié d'échange et de dialogue pour l'ensemble des professionnels du bâtiment, de la construction et des branches associées. D'ailleurs, le nombre de participants augmente sans cesse. Ce qui prouve encore une fois l'attrait pour ce marché très porteur en Algérie. Que vous inspire le slogan de cette douzième édition «Après le million de logements, cap sur de nouvelles conquêtes» ? De l'optimisme ! Beaucoup d'optimisme. Il est attendu, pour cette seule année 2009, la construction de quelque 275 000 logements, un plan de charge conséquent. Le secteur qui draine actuellement de gros investissements est en plein essor. Votre optimisme n'est-il pas contrarié par la hausse des prix des matériaux de construction ? Si, un peu quand même ! Il s'agit, pour nous, d'une véritable flambée des prix. Si la quasi-totalité des produits et autres matériaux de construction sont disponibles, le problème majeur est de s'adapter en permanence aux fluctuations des prix dictés par le marché. Les indices de révision des prix ne tiennent toujours pas compte eux de la spéculation. Il nous est donc très difficile de composer avec l'informel et d'inclure son impact dans les soumissions. Sachez qu'à l'Uneb, nous ne sommes pas contre la vérité des prix sur les marchés internationaux, mais il arrive trop souvent que de pseudo-promoteurs – qui n'ont d'entrepreneur que le registre du commerce – se fournissent auprès des cimenteries pour aller écouler des quantités énormes de ciment sur le marché informel. Ce qui crée parfois une distorsion de concurrence insoutenable. Rien que depuis le début de l'année, les prix des matériaux de construction ont augmenté de plus de 20%, alors qu'ailleurs, notamment en Europe – crise économique oblige – les prix ont baissé dans une même proportion. Comment expliquez-vous cela ? A mon avis, c'est le marché de l'immobilier surévalué qui tire chez nous à la hausse, non seulement le prix du mètre carré de superficie mais aussi les prix des matériaux de construction, particulièrement ceux du ciment, du rond à béton et du sable notamment. Permettez-moi de vous dire, enfin, qu'à toute chose malheur est bon puisque l'existence d'un parc important de logements inoccupés continue à exacerber la demande et fait en sorte que l'Algérie soit épargnée par la crise de l'immobilier. C'est aussi une situation injuste car d'un autre côté il y a beaucoup de gens qui sont dans le besoin d'un logement... Absolument, j'en conviens tout à fait ! C'est un problème de répartition des richesses. L'Etat devrait, à mon avis, vite encourager la location, lutter contre la spéculation, le blanchiment d'argent. Les services de contrôle doivent, eux, redoubler de vigilance.