C'est à l'initiative de l'association Les amis de Krim Belkacem qu'une commémoration est organisée depuis hier pour rendre hommage au fils du village Iâallalen, dans la commune d'Aït Yahia Moussa, colonel de l'ALN et principal négociateur à Evian. Sous le signe «Son combat, la libération, sa vie, la liberté», un programme étalé sur deux jours a été prévu comprenant notamment le traditionnel recueillement sur les lieux où a été construit un musée dédié au martyr à Tizra Aïssa avec les témoignages des compagnons d'armes du défunt encore en vie. En parallèle, une exposition permanente de photos historiques et de documents se tient à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Aujourd'hui, une conférence-débat sera animée par maître Salah Hanoun, avocat, sur le combat du chef historique de l'ALN. Cette initiative de l'association, qui porte le nom du héros de la guerre de Libération nationale, revient chaque année, surtout après avoir réussi à matérialiser la réalisation d'un musée au domicile qui a vu naître le «lion du djebel», qualificatif donné à l'ancien chef de la Wilaya III au déclenchement de la Révolution, le 1er novembre 1954. C'est d'ailleurs sous le double signe de la libération et la liberté que se tient cette commémoration car Krim Belkacem, qui a pris le maquis avant l'heure (1947) pour combattre le système colonial alors en vigueur, mettra sa vie au service des siens pour pouvoir vivre dans un pays libre. Recherché par la police pour «insubordination au système», il organisera les premières cellules de l'Organisation spéciale (OS) dans la région, avec l'aide de militants qui se sont mis à son service. Constitution de stocks d'armes et de groupes de soutien, aménagement de caches, tout sera fait et sera prêt lorsque le déclenchement de la lutte armée arrive. Krim prendra naturellement le commandement de la Wilaya III (la Kabylie) et sera appelé à exercer d'autres fonctions. Il sera ainsi membre du CCE, vice-président du GPRA et ministre de la Défense, ministre des Affaires étrangères et, enfin, chef de la délégation algérienne aux négociations d'Evian. A l'indépendance, au summum des luttes fratricides, Krim Belkacem se retire du CNRA en réunion à Tripoli et s'exile à l'étranger. Il fonde, en 1967, le MDRA. Trois ans plus tard, le 18 octobre 1970, il sera retrouvé mort dans une chambre d'hôtel à Francfort (Allemagne). Ses assassins l'ont tué avec sa propre cravate et le crime ne sera jamais élucidé.C'est pour perpétuer le souvenir du héros que la jeune association active, avec ses moyens limités, et reste toujours fidèle au rendez-vous du 18 mars.