Le juge antiterroriste Marc Trévidic a dû pour la seconde fois renoncer à aller en Algérie pour des expertises dans l'enquête sur l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a précisé qu'il ne s'agissait que d'un report. "La visite de M. Trévidic à Alger en novembre dernier s'est bien déroulée et a constitué une étape positive", a-t-il dit. "Les autorités judiciaires françaises et algériennes sont actuellement en contacts étroits pour préparer la prochaine visite de M. Trévidic en Algérie, dont le principe n'est pas remis en cause et qui devrait se tenir prochainement." Cette mission d'experts devait débuter samedi mais le magistrat n'a pas reçu l'invitation officielle promise par les autorités algériennes, dit-on de source proche du dossier. Une visite prévue fin février avait déjà été reportée, Alger invoquant la tenue de l'élection présidentielle du 17 avril. Marc Trévidic et un second magistrat, Nathalie Poux, voulaient procéder à l'exhumation des têtes des sept moines assassinés, dans l'espoir de relancer l'enquête. Le rapt des religieux a été revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA) mais l'enquête n'a pas écarté une possible bavure de l'armée algérienne. Les magistrats avaient adressé à Alger une commission rogatoire internationale pour se rendre en Algérie dès fin 2011, afin d'exhumer et autopsier les têtes des moines et d'entendre 22 témoins. En 2013, Alger avait donné un accord de principe pour l'exhumation des têtes, mais refusé l'audition des témoins. Les magistrats veulent vérifier si les têtes sont bien celles des moines et tenter de déterminer par des expertises les conditions de leur mort. Selon RTL, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, doit aller en Algérie le week-end prochain et la question des moines de Tibéhirine sera nécessairement abordée. "La France est très attachée à ce que la lumière soit faite sur les circonstances tragiques qui ont causé la mort de ces hommes de paix", a dit le porte-parole du Quai d'Orsay. "Il est de l'intérêt de tous de connaître la vérité." "Nous marquons notre confiance dans le fait que l'action de la justice algérienne et la qualité de la coopération en matière d'entraide judiciaire entre l'Algérie et la France permettront de résoudre cette affaire tragique", a-t-il ajouté.