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Hollande veut parler avec Bouteflika de l'assassinat des moines de Tibhirine Alors que les questions liées à la mémoire et aux crimes coloniaux sont évacuées
Manifestement, le président français veut donner le ton et la mesure aux sujets qu'il abordera avec les autorités algériennes lors de sa visite mercredi et jeudi prochain à Alger. Alors que les questions liées à la mémoire, au passif et aux crimes coloniaux semblent être évacuées, comme l'a affirmé Roland Fabius lors de sa visite à Alger, François Hollande a affirmé, hier, à Bruxelles qu'il parlera de «tous les sujets», y compris de l'enquête sur l'assassinat en 1996 des sept moines de Tibhirine, avec son homologue Abdelaziz Bouteflika. «Je parlerai avec les autorités algériennes, avec le président Bouteflika, de tous les sujets», a dit M. Hollande lors de la conférence de presse à l'issue du sommet européen, interrogé sur un appel lancé par l'avocat des parties civiles dans l'affaire des moines de Tibhirine. Le chef de l'Etat français, qui effectuera, mercredi et jeudi, une visite d'Etat en Algérie, a été appelé par Patrick Baudouin à intervenir auprès des autorités algériennes «pour que puisse progresser la légitime recherche de la vérité». Ainsi donc, l'Etat français veut faire table rase des crimes avérés, prouvés, reconnus commis pendant 132 ans d'occupation illégitime d'un Etat souverain, pour suggérer à travers l'affaire des moines de Tibhirine, le sempiternel «qui tue qui». Pour rappel, dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien La Croix, Me Baudouin souligne que l'instruction menée par le juge parisien, Marc Trévidic, sur l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de Tibhirine «reste aujourd'hui suspendue à la coopération des autorités algériennes». Le magistrat a délivré une commission rogatoire internationale à destination de l'Algérie, le 16 décembre 2011, mais «n'a pu depuis lors obtenir, pour l'accomplissement de celle-ci, la réponse positive lui permettant de se rendre sur place», explique l'avocat. Il a sollicité François Hollande «afin que cette question de la nécessaire coopération des autorités algériennes dans l'exécution de la commission rogatoire internationale soit évoquée lors de (ses) entretiens» avec le président algérien. Dans sa commission rogatoire, le juge, Marc Trévidic, a demandé à se rendre en Algérie pour exhumer et autopsier les têtes des moines et obtenir des informations sur une vingtaine de témoins. Seule réaction officielle des autorités algériennes en février à la demande du juge, le Premier ministre de l'époque Ahmed Ouyahia avait réaffirmé que l'Algérie n'avait «rien à cacher» sur cette affaire. La partie française soupçonne que Djamel Zitouni, chef du GIA à l'époque et qui a revendiqué l'enlèvement et l'assassinat des sept moines de Tibhirine, d'être un agent infiltré des services algériens. Leurs têtes avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route dans la région de Médéa. Après avoir suivi la thèse islamiste, l'enquête judiciaire s'est réorientée vers une bavure de l'armée algérienne depuis 2009 grâce au témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger, le général François Buchwalter, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères tandis qu'ils se trouvaient dans un bivouac de djihadistes. Une autopsie des têtes pourrait permettre au juge de recueillir des indices sur les conditions de leur mort. A. G.