Le sélectionneur de l'Argentine Alejandro Sabella, antithèse de Diego Maradona, est un homme discret qui a optimisé en sélection le rendement de Lionel Messi, jusque là en sous-régime en bleu et blanc. Avant l'arrivée de Sabella en 2011, les Argentins se demandaient pourquoi Messi était aussi bon avec le Barça et aussi peu efficace en sélection. Lors du Tournoi de qualification sud-américain, Messi a inscrit 10 buts en 14 rencontres et mis les pendules à l'heure. Diego Maradona en avait fait le patron de l'équipe, Messi avait été dans le coup sur tous les buts argentins au Mondial-2010, mais n'avait pas réussi à faire trembler les filets laissant un peuple effondré, après une deuxième élimination consécutive en quart de finale, contre l'Allemagne, comme en 2006. Quand Alejandro Sabella a succédé à l'intérimaire Sergio Batista, il a hérité d'un groupe au potentiel énorme au sein duquel Lionel Messi paraissait perdu. Depuis que la sélection est en mode Sabella, Messi rayonne: passeur, buteur ou en ouvrant des brèches pour ses partenaires. Sabella a construit posément une équipe autour de la vedette du FC Barcelone. L'Albiceleste joue pour lui et enchaîne les victoires. "Le leader de l'équipe, c'est Messi, et tous sont derrière lui. C'est notre porte-drapeau, notre référence. Le groupe vit bien, c'est quelque chose qu'on sent dans le vestiaire", se réjouit Sabella. Après une défaite au Venezuela et un nul à domicile contre la Bolivie, les qualifications pour le Mondial avaient pourtant bien mal débuté pour Sabella. L'Argentine se redressera rapidement et terminera finalement en tête d'un tournoi sud-américain dévalué sans le Brésil, avec la manière. Inconnu à l'extérieur de l'Argentine, Alejandro Sabella est associé dans son pays à Estudiantes La Plata, club de second rang. Certains lui reprochent de favoriser les joueurs issus de son ancien club, comme l'arrière gauche Marcos Rojo ou le défenseur central Federico Fernandez. Homme de caractère, il s'est montré intraitable en écartant Carlos Tevez, qui brille à la Juventus Turin, résistant à une campagne en faveur du retour de l'Apache en sélection. Duo avec Pasarella Avec Estudiantes de la Plata, il a remporté la Coupe Libertadores en 2009 et un titre national en 2010. Avant cela, Alejandro Sabella a longtemps été dans l'ombre de l'idole d'Argentine-1978 Daniel Pasarella, dont il fut l'adjoint en sélection d'Uruguay, à Parme, à l'América de Mexico. L'ancien milieu offensif de River Plate, Sheffield United et Leeds, ne déroge que sur indisponibilité à son équipe-type. Au poste de gardien, il a maintenu sa confiance à Sergio Romero, pourtant au chômage technique à Monaco. La défense Zabaleta (Manchester City)-Garay (Benfica Lisbonne)-Fernandez (Naples)-Rojo (Sporting Lisbone) est immuable, derrière le tandem Gago-Mascherano. Devant, Messi, Agüero, Di Maria et Higuain sont chargés de concrétiser. "Il y a deux choses qui me dérangent: que l'équipe adverse arrive facilement devant notre défense, et ne pas avoir de force de frappe. Le plus difficile est d'avoir ces joueurs qui font la différence dans les 30 derniers mètres. Nous, on les a. Maintenant, ce qui faut trouver, c'est un équilibre", a-t-il confié au journal Clarin. "Je suis une personne équilibrée et j'aime les équipes équilibrées", dit régulièrement ce disciple de Carlos Bilardo, champion du monde avec Maradona en 1986. Entraîneur méticuleux, réputé fin tacticien, Sabella a remporté ses victoires les plus prestigieuses loin de ses bases: contre le Brésil lors d'une tournée aux Etats-Unis (4-3), l'Allemagne à Francfort (3-1) et l'Italie à Rome (2-1). Après avoir conduit un club sans vedette au sommet de l'Amérique latine, il se trouve face au plus grand défi de sa carrière: décrocher le titre mondial, mais cette fois avec des arguments nommés Messi, Di Maria, Higuain et Agüero, surnommés en Argentine les "Quatre fantastiques".