Qui dit Coupe du monde dit grosse cérémonie, et donc match d'ouverture. Depuis 2006, l'honneur est laissé au pays hôte de lancer les hostilités. En 2014, le Brésil est partagé entre joie immense et tension sociale. Un mois de compétition ne suffira pas à effacer les déséquilibres et à éponger les inégalités d'une société en pleine expansion, mais de la performance de la sélection de Felipe Scolari dépendra l'humeur de tout un pays. Victoire impérative pour le Brésil, face à la Croatie, jeudi (21h en Algérie) à São Paulo. Les jambes vont commencer à trembler et les têtes à tourner. Le poids de la responsabilité va se faire de plus en plus sentir. Il ne s'agit plus seulement de sport. La sélection brésilienne agit comme un pansement. Elle doit offrir une bouffée d'air frais à ses fidèles, dans un pays où la religion ne suffit plus. L'attente est immense. Et les joueurs de Scolari en sont bien conscients. Mise en contexte d'un match déjà déterminant pour la Seleção. Le groupe A Loin d'être une route semée d'embuches, le groupe A, composé de la Croatie donc, du Cameroun et du Mexique, ressemble plutôt à une mise en bouche tranquille pour le Brésil. Les choses sérieuses ne devraient commencer qu'en huitièmes de finale, lors desquelles la Seleção pourrait croiser le second du groupe B soit l'Espagne, le Chili ou les Pays-Bas (l'Australie semble condamnée). Le véritable ennemi des Auriverde, ce sont vraisemblablement les Auriverde eux-mêmes. A charge pour Neymar et les siens de bien lancer leur campagne. Leurs deux victoires lors de la préparation à ce Mondial devraient les y aider. L'enceinte : Arena de São Paulo Capitale économique du pays, São Paulo représente le poumon du Brésil qui grandit. Et à l'image du peuple tout entier, la ville souffre des inégalités sociales. En témoigne la grève des transports, qui s'est achevée ce mardi, et le nouveau stade des Corinthians, l'Arena de São Paulo. L'enceinte devrait être terminée à temps pour recevoir le match d'ouverture, cependant les doutes ont longtemps subsisté quant à la capacité des ouvriers de mener à terme le projet. Un projet magnifique mais difficile à réaliser, comme celui de la présidente, Dilma Rousseff. L'ambiance devrait donc y être électrique pour la première des Brésiliens dans cette Coupe du monde 2014. L'adversaire : la Croatie A priori, rien de bien effrayant à l'idée d'affronter la Croatie. Les coéquipiers de Modric sont toujours aussi coriaces, toujours difficiles à manœuvrer, mais dans le cadre d'une Coupe du monde au Brésil, leurs chances de contrarier la Seleção semblent bien minces. Toutefois, la pression étant dans l'autre camp, les Croates ne devraient pas avoir peur de se lâcher, d'offrir un jeu agréable et décousu, tant pour contrarier le favori du groupe (et de la compétition) que pour se convaincre qu'une place en huitièmes est accessible. De plus, les hommes de Niko Kovac ont été invaincus durant leur préparation (2 victoires). Le Brésil devra rester vigilant. L'antécédent : Brésil-Croatie Coupe du monde 2006 A Berlin, théâtre aux réminiscences douloureuses pour les tricolores, le Brésil dispose difficilement d'une Croatie limitée mais accrocheuse. Kaká scelle le sort de la rencontre grâce à un but céleste du pied gauche. Pris en tenailles par deux adversaires, il se défait du marquage grâce à son aisance technique d'alors, et il catapulte le cuir dans la lucarne gauche de Pletikosa. Rien d'autre ne sera marqué. Le Brésil finira 1er de son groupe F, la Croatie 3e est éliminée. Logiquement, une victoire brésilienne est attendue jeudi soir à São Paulo. Logiquement, seulement. Rien ne dit que la pression de tout un stade flambant neuf et d'un pays corps et âme derrière son équipe n'aura pas raison d'un effectif hybride, dont l'expérience en coupe du monde n'est pas nécessairement immense. Aussi, la Croatie jouera crânement sa chance et posera à n'en pas douter des problèmes aux Auriverde. Un vrai bon test en tout point pour une Seleção en mission.