Un réseau de 9 personnes chargées du recrutement et de l´envoi de djihadistes en Irak a été démantelé, hier à Madrid. Leur présumé chef, Lahcen Ikassrien, est un Marocain âgé de 47 ans qui a été incarcéré à Guantanamo puis libéré pour faute de preuves en Espagne sur son appartenance à Al Qaïda. Les services de renseignements espagnols le soupçonnent d´être membre de la cellule d'Abou Dahda, un Syrien de nationalité espagnole présenté comme le financier d´Al Qaïda pour l´Espagne. Ce dernier avait été arrêté, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Condamné à de lourdes peines de prison, (plusieurs centaines d´années!), il a été libéré en 2013. Sept des détenus d´hier sont des Marocains. Il s´agit, outre Lahcen Ikassrien, de Mohamed Khaloukh Darouani, Abdeslam Elhadouti, Ouiane Chergui, Younez Zaid, Nabil Benazzou Behaddou et Mohamed Bouyakhlef. Les deux autres sont un Bulgare, du nom de Denis Ibryam Redhed et un Argentin, César Raúl Rodriguez, converti à l´Islam, selon la police. Des sources du ministère de l´Intérieur ont indiqué que cette cellule, autoproclamée Brigade Al Andalous, a procédé à l´envoi depuis le Maroc et l´Espagne d´au moins 9 djihadistes vers les zones de conflits. Avant son démantèlement, elle préparait d´autres envois vers la Syrie et l´Irak pour combattre dans les rangs de l´Armée islamiste en Irak et au Levant (AIIL). Leur âge varie entre 17 et 40 ans. Cette opération de police intervient à un moment où le gouvernement espagnol craint le retour des ressortissants espagnols et des résidents marocains établis en Espagne qui sont allés combattre en Syrie. A l´initiative du ministre espagnol de l´Intérieur, Jorge Fernández, et de son homologue français, Bernard Cazeneuve, une réunion des ministres de l´Intérieur de 7 pays de l´Union européenne s´était tenue le 5 juin dernier au Luxembourg. Cette réunion sur le djihadisme qui a regroupé l´Espagne, la France, la Belgique, le Portugal, le Royaume-Uni, l´Allemagne et le Danemark est intervenue concrètement à la suite de l´arrestation, le 30 mai, de Mehdi Nemmouche, auteur présumé des attaques contre le musée juif de Bruxelles et de six présumés «djihadistes», le même jour à Melilla, dont l´un d´eux revenait du Sahel. Les participants avaient décidé d´intensifier les contrôles aux frontières pour s´assurer qu´il n´y a pas de menace de sécurité. La mesure adoptée consiste à prévenir «le plus rapidement possible» les retours de djihadistes, selon le ministre espagnol de l´Intérieur, qui avait proposé un délai maximum de quinze jours pour la mise en œuvre de ce dispositif. A travers l´opération de police de lundi qui a été particulièrement médiatisée, le gouvernement espagnol cherche surtout à sensibiliser ses pairs européens à s´impliquer activement dans la lutte contre le retour des djihadistes en Europe.