Venus des différentes localités de la commune d'El Hadjar, plusieurs centaines de salariés de l'usine ATF de Pont Bouchet (363 employés), dont la fermeture est imminente du fait de la fuite à l'étranger de son propriétaire, n'ont cessé de se rassembler au niveau de la zone industrielle sus-citée durant les deux dernières semaines. Tous ces travailleurs, des pères de famille pour la plupart, sont désespérés parce qu'ils courent le risque de se trouver au chômage Dans une ambiance houleuse, ils ont brûlé des pneus et bloqué durant les journées de samedi et dimanche l'entrée du site en criant leur colère contre les autorités locales et les quelques responsables qui restent encore en poste dans leur usine paralysée. Un appel de détresse qui n'a reçu comme réponse que de vagues promesses de prise en charge de leur problème par la wilaya. Mais qu'en est-il en réalité ? Fraude fiscale Le propriétaire de l'usine ATF, qui est, rappelons-le, un investisseur franco-palestinien installé dans la région de Annaba où il a monté, en 2003, cette unité de production de rond à béton et de cornières à partir de métaux ferreux et non ferreux de récupération a, semble-t-il, décidé de tout abandonner et de rentrer définitivement en France, son pays de résidence. Ses problèmes avec l'administration locale ont commencé en 2006, alors qu'il venait d'achever la construction de la chaîne de lumination et de mettre en service un premier haut fourneau. Un litige opposant son entreprise à la direction régionale des impôts de la wilaya de Annaba à propos de factures de matières premières présumées fictives et l'existence à son nom d'une autre unité spécialisée dans la récupération et la revente de ferrailles a été suivi d'un premier redressement fiscal de l'ordre de 25 000 000 de dinars, suivi d'un second fixé à près de 60 000 000 dinars. Blanchiment d'argent Les ennuis de ce promoteur ne s'arrêtèrent pas là, puisque son affaire pourtant prometteuse du point de vue de la création de richesses dans une zone industrielle où les unités de production fermaient en cascade depuis une décennie, avait fini par intéresser les services de sécurité et spécialement la brigade financière du CTRI. Une enquête sur l'origine des fonds capitaux conséquents dont disposait le mystérieux investisseur fut alors ouverte et aboutit à une mise en examen pour fraude fiscale et, étonnamment, pour blanchiment d'argent qui se conclut par une mise sous mandat de dépôt de près de six mois, de juin 2006 à janvier 2007. Durant l'incarcération de son principal responsable et initiateur, le projet fut gelé et les 363 employés mis au chômage, faute pour les autres membres du staff dirigeant dont des Turcs de ne pouvoir continuer à faire tourner l'usine et surtout de ne pouvoir assurer leurs salaires. Le PDG de ATF devait être acquitté ensuite après avoir comparu en justice, mais le mal était fait et l'activité de l'usine paralysée pendant une trop longue période ne put jamais reprendre comme avant. Le climat de travail au sein du site de Pont Bouchet est allé en se dégradant. Les quantités de matières premières et, partant, de produits finis ont commencé par diminuer jusqu'à l'arrêt des machines. C'est alors que l'investisseur, qui était de nouveau harcelé par les services du fisc qui lui réclament aujourd'hui la rondelette somme de 150 milliards de centimes au titre d'un redressement global, décida, il y a un mois environ, de faire discrètement ses valises et de partir, laissant derrière lui des centaines de salariés désemparés.Les pouvoirs publics, avec à leur tête le wali de Annaba, pris de court par la fuite du Franco-Palestinien, semblent pour le moment bien gênés et ne savent pas trop quoi faire d'un outil de production de cette envergure dans l'immédiat.