Le «djihad» pour la Syrie capte actuellement en moyenne 40 Espagnols par mois, parmi lesquels un certain nombre de femmes et même de mineurs, et un nombre indéterminé de ressortissants des autres pays de l'Union européenne. C'est le constat fait par les services de renseignements (CNI). Ce phénomène a pris de l'ampleur avec la progression sur le terrain des groupes de l'Etat islamique en Irak et au levant (EIIL). Les candidats au djihad en provenance d'Espagne et d'autres pays de l'Union européenne sont orientés vers la Syrie, l'Irak et le Mali. Les services secrets espagnols ont constaté, ces derniers temps, une réactivation substantielle des cellules de recrutement dans le pays. Pourtant, au début de l'année en cours, leur nombre avait connu un recul pour un certain nombre de raisons. Ce ralentissement s'explique par les luttes fratricides entre les différentes factions du djihad, opposant notamment l'EIIL aux autres groupes radicaux comme Jabhat al Nur en Syrie. La mort en Syrie de leaders «charismatiques» du djihad a été aussi un facteur de démobilisation des nouvelles recrues qui étaient partantes pour combattre le régime de Bachar Al Assad et non pas «les compagnons du djihad». Ces informations ont été recueillies par les enquêteurs auprès des membres de la cellule de recrutement de djihadistes qui a été démantelée la semaine dernière à Madrid. Ce présumé réseau, autoproclamé Brigade Al Andalous, se compose de 9 personnes dont sept sont des Marocains et les deux autres un Bulgare, du nom de Denis Ibryam, Redhed et un Argentin, César Raúl Rodriguez, converti à l'Islam. Leur chef présumé est Lahcen Ikassrien, un Marocain de 47 ans qui a été incarcéré à Guantanamo puis libéré pour faute de preuves en Espagne sur son appartenance à Al Qaïda. Des sources du ministère de l'Intérieur ont indiqué que cette cellule aurait procédé à l'envoi vers les zones de conflits, depuis le Maroc et l'Espagne, d'au moins 9 djihadistes dont l'âge varie entre 17 et 40 ans. Avant son démantèlement, cette cellule préparait l'envoi de nouvelles recrues vers la Syrie et l'Irak pour combattre dans les rangs de l'Etat islamique en Irak et au levant. Selon un tableau publié par ABC, le djihad espagnol utilise dix bases de captation (dont Madrid, Ceuta, Melilla, Pamplona etc….) et trois routes vers la Syrie avec pour principale destination Alep. L´aéroport de Malaga qui est relié par vol direct à la Turquie a été, depuis deux ans, la route la plus empruntée par les djihadistes qui sont souvent de faux touristes munis de documents de voyage en règle. C'est dans cet aéroport qu'a été détenu, le 5 janvier, Abdelwahid Seddik Mohamed, un djihadiste qui revenait de neuf mois de combat en Syrie et en Irak. Depuis cette arrestation, Casablanca est devenue la nouvelle route privilégiée du djihadisme. Les services de sécurité espagnols œuvrent, actuellement, à l'impulsion de la coopération avec les pays voisins d'Europe et le Maroc dans la prévention du retour des Européens qui se sont rendus dans les zones de conflits au Moyen-Orient et au Sahel. Dans ce même tableau, il est fait état d'envoi de combattants islamistes vers les zones de conflits, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Les Espagnols et les Français se rendraient en Indonésie, en Syrie et au Mali, les Marocains en Syrie, au Mali, en Afghanistan, en Bosnie et en Tchétchénie - Daguestan, les Syriens en Bosnie, et les Algériens en Afghanistan.