Les Algériens «pourront éventuellement» organiser des marches de solidarité avec les palestiniens soumis à d'insoutenables bombardements à Ghaza, dans toutes les villes du pays, y compris dans la capitale. Au regard de la formulation de l'information et du ton prêté au premier ministre Abdelmalek Sellal dans l'annonce de sa disponibilité à autoriser ces manifestations dans la capitale, on aura remarqué que ce n'était donc pas évident et que seule la nature de la cause à soutenir et l'indéfectible engagement de l'Etat algérien aux côtés des Palestiniens ont fini par arracher cette concession qui n'a donc pas été facile à accorder ! Il faut dire que c'est tout de même embarrassant pour les autorités. D'abord de n'avoir pas pris les devants, elles qui ne devraient supporter aucun concurrent sur ce terrain précis. Et de n'avoir fait qu' «autoriser» le déroulement de manifestations dont l'initiative a été prise ailleurs. Ensuite d'avoir tout simplement… autoriser ce qui était censé dans l'ordre naturel des choses sur la terre de la «Mecque des révolutions». Enfin, le dernier embarras dont il… ne faut surtout pas parler : personne ne demandera aux autorités algériennes pourquoi elles autorisent des manifestations de solidarité avec la Palestine et interdit une marche contre la violence à Ghardaïa ! Certainement pas Louisa Hanoune. C'est apparemment la patronne du parti des travailleurs qui aurait «arraché» cette autorisation, et c'est elle qui le dit : «J'ai sollicité personnellement le Premier ministre sur cette question. Je lui ai signifié que l'Algérie ne devrait pas rester en marge de la mobilisation qui a lieu partout dans le monde pour dénoncer les agressions et les crimes commis contre le peuple palestinien», a confié Louisa Hanoune en marge de la clôture de l'université d'été de son parti à Zéralda. Personne ne lui a demandé comment fait un leader politique qui a fait de la «levée de l'état d'urgence» son cheval de bataille quand le terrorisme mettait à feu et à sang l'Algérie, et seulement «solliciter» le premier ministre pour autoriser une marche de solidarité avec la Palestine, mais les choses étant au point où elles sont, ça doit aussi faire partie des choses dont il ne faut pas parler. Ils se peut bien qu'elle n'ait même pas demandé cette autorisation pour les initiatives autonomes qui viendraient d'autres pans de la société, puisqu'elle dit qu'elle tiendra une réunion avec M. Sellal «afin d'examiner le volet ayant trait à l'encadrement et à l'organisation de ces marches» ! Il se peut même qu'embarrassées de ne pouvoir être à l'initiative pour toutes ces raisons et d'autres encore, les autorités ont dû actionner leur périphérie immédiate où Louisa Hanoune occupe une place dans le premier carré. Sinon, il faudra peut-être apprécier ce commentaire d'un confrère sur un réseau social : «L'Algérie est le seul pays où les citoyens demandent aux autorités de leur organiser des marches de solidarité avec Ghaza, comme on demande du travail et des logements». Un commentaire qui se passe de commentaire. [email protected]