«Je n'ai jamais dit que je convoitais le poste de président de la Fédération algérienne de football et ne vous attendez pas à ce que je le dise aujourd'hui. J'ai en ce moment une mission des plus exaltantes que m'a confiée Monsieur le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, et qui consiste à présider la commission de prospection des jeunes talents sportifs. Je m'y consacre avec toute mon énergie et je compte bien donner satisfaction à ceux qui m'ont fait confiance pour une mission aussi noble.» Invité hier matin du Forum du quotidien El Moudjahid, Rabah Madjer n'est pas allé par quatre chemins pour répondre à ceux qui ont voulu lui faire déclarer qu'il avait l'ambition de diriger le football algérien. L'ex-star de football, impliquée dans un rôle où elle se doit de toucher à tous les sports, a, pourtant, été forcée de parler essentiellement football car presque toutes les questions de nos confrères y faisaient allusion.
«L'EN de 1990 était essentiellement composée de joueurs locaux» C'est ainsi qu'il se propose de donner conseil à quiconque voudrait prendre la direction de la FAF de faire une grande révolution dans ce sport. «Il est indéniable que l'équipe nationale est dans une phase de réussite, a-t-il déclaré. Les résultats qu'elle obtient sont remarquables mais ne cache-t-elle pas la misère du football local ? Cette équipe nationale est majoritairement composée de joueurs émigrés. Ses résultats camouflent ce qui se fait au niveau local. Que font nos clubs en matière de formation ? Où sont les sélections des U15, des U17 et des U19 ? Sommes-nous tombés si bas que nous sommes incapables de monter des sélections de jeunes ? Aujourd'hui, on dit que le football algérien se professionnalise. Rien n'est plus faux car on voit ce que font les clubs sinon du bricolage, surtout au niveau des jeunes catégories. Le résultat est que l'on ne retrouve presque plus de joueurs du championnat local au sein de l'équipe nationale. Il faut que cette tendance s'inverse. Je ne dis pas que nous n'avons pas besoin des joueurs émigrés. Ce sont des Algériens comme nous et ils ont le droit de porter le maillot national s'ils ont les qualités pour cela. Toutefois, on se doit de parvenir à amener le plus de joueurs locaux dans cette sélection ce qui prouvera que l'on travaille. Je vous rappellerai que l'équipe nationale qui avait remporté la CAN de 1990 était à 90% composée de joueurs locaux et était entraînée par un Algérien, à savoir Abdelhamid Kermali. Ça prouve que le football algérien, bien pris en charge, est capable d'être performant avec des joueurs issus de ses centres de formation. «Rabah Madjer s'est, également, offusqué sur le fait que l'entraîneur algérien soit marginalisé. Ce que je constate c'est que l'Etat consacre beaucoup d'argent pour former des techniciens dans de grandes écoles comme l'ISTS et ils sont marginalisés. On fait plutôt appel à des étrangers souvent moins compétents que ceux que nous avons localement. Le drame est que les quelques entraîneurs qui officient sont soumis à de terribles pressions et sont victimes d'une instabilité chronique. Il faut que là aussi la tendance soit inversée au profit de nos compétences. J'ajoute que pour moi il est impensable que l'équipe nationale soit confiée à un coach étranger. L'équipe nationale doit être entraînée par un Algérien. Et je ne dis pas cela parce que je serais intéressé par ce poste. J'ai dépassé ce stade où je me voyais comme entraîneur. Aujourd'hui, le travail que j'effectue au nom de ministère des Sports est pour moi bien plus important.
«Le Paradou AC est marginalisé par les instances du football» A propos du travail qui consiste à présider la commission nationale de prospection des jeunes talents sportifs, Rabah Madjer dira qu'il est en bonne voie. «Nous avons tenu quatre réunions jusque-là et la dernière a vu la participation de Monsieur le ministre des Sports. Nous sommes dans la phase des constats avant de passer à celle des résolutions et des actions qu'il faudra mettre en pratique.» C'est sur le volet de la formation que l'orateur a été le plus critique car, pour lui, elle a été complètement abandonnée. «Au niveau des clubs rien ne sa fait en ce sens et quand il y en a qui cherchent à travailler on leur met des bâtons dans les roues. Voyez ce qui se passe avec Paradou AC, le seul club en Algérie à avoir un centre de formation digne de ce nom. Ce club, qui devrait être un exemple pour tous, est marginalisé par les instances de notre football. Au lieu de le soutenir et de l'aider, elles le gênent dans son action. C'est contraire aux intérêts de notre football. Sachez que moi, Rabah Madjer, ferai tout pour aider ce club et je saurai le défendre auprès de qui de droit.» Dans un autre domaine Madjer fera savoir qu'il est directeur d'une publication d'un quotidien qui paraît à Oran et qu'il ne dirait pas non à la création d'une chaîne de télévision privée si l'occasion lui en était donnée. Il terminera en relatant les faits qui l'ont amené à ne plus faire partie de la commission des joueurs de la FIFA. ‘J'étais membre de cette commission, présidée par Michel Platini, et au sein de laquelle il y avait des joueurs comme Beckenbauer. Un jour, je reçois un email de cette commission m'indiquant que n'étant pas membre actif de la FAF, je ne pouvais plus faire partie de cette commission. Quand ai-je fait partie de la FAF ? Ma présence dans cette commission était due à mon statut d'ancien joueur et non parce que j'activais au sein d'une instance du football. Vous voyez que tout avait été fait pour m'écarter de cette commission.»