Ce n'est pas la première fois que Rachid Mekhloufi s'en prend au système qui gère le football algérien. Il l'a dit par le passé dans certains titres de la presse algérienne. Mais cette fois-ci il a choisi un hebdomadaire sportif français, But en l'occurrence, pour fustiger la FAF et sa politique consistant à ramener un maximum de joueurs émigrés en équipe nationale. «Ça m'embête de dire des choses comme ça, mais j'estime que le football algérien doit s'en sortir tout seul. Il ne doit pas faire venir des garçons formés à l'extérieur. Nous avons des possibilités extraordinaires de faire un travail sérieux et programmé dans nos frontières. La Fédération a des moyens financiers et énormément de jeunes talentueux. Il faut qu'on apprenne à travailler en Algérie. ça ne doit pas être la France qui nous envoie des joueurs formés chez elle, mais plutôt l'inverse» a déclaré l'ex-gloire du football algérien et de l'équipe du FLN à ce magazine. Les idées de Mekhloufi rejoignent les nôtres puisque cela fait des années que nous nous en prenons au football algérien qui se vautre dans sa suffisance sans se soucier de la formation des jeunes catégories. Mais l'ex-star de l'AS Saint Etienne devrait se garder de verser dans le triomphalisme lorsqu'il parle de l'époque durant laquelle il été entraîneur national. Oui, l'équipe qu'il dirigeait en 1982 était composée majoritairement de joueurs évoluant dans le championnat d'Algérie mais il y avait quand même des émigrés (7 sur les 22 qu'il avait emmenés en Espagne). Ce qui démontre que l'on pourra toujours compter sur notre émigration si le besoin s'en fait sentir. Elle fait partie intégrante de notre communauté et on ne doit pas la marginaliser. Quand Mekhloufi dit qu'on ramène aujourd'hui des joueurs qui ne connaissaient pas l'Algérie avant, que devait-on dire de Korichi, Mansouri, Maroc ou Bourebbou que lui-même avait sélectionnés en 1982 ? Même s'il ne connaît pas l'Algérie, ce joueur émigré est et reste algérien. Il ne faut surtout pas l'oublier. On voit souvent dans les stades d'Europe le drapeau algérien déployé dans les tribunes. Dans la majorité des cas il l'est par des jeunes de notre émigration qui n'ont jamais mis les pieds au pays, mais qui l'aiment. Que devient l'école du NAHD et celles des autres clubs formateurs ? Maintenant Mekhloufi a parfaitement raison quand il déclare que la formation des jeunes catégories bat de l'aile en Algérie. La Fédération dispose d'énormes moyens financiers, comme il le dit, mais elle axe le plus gros de cet argent vers la prise en charge des équipes nationales, surtout celle des seniors. Il faut remarquer que le président de la FAF lui-même, à savoir Mohamed Raouraoua, pourrait être d'accord avec les idées de Mekhloufi puisqu'il y a quelques mois de cela il avait dit aux présidents des clubs de Ligue 1 qu'il avait réunis que «l'équipe nationale n'est pas représentative du football algérien». Il l'a dit parce qu'il sait que sa composante est, en grande partie, issue de l'émigration. Mais dans les circonstances actuelles du football algérien, pouvait-il faire autrement ? Il se doit de monter une équipe nationale compétitive. Comme il sait que les joueurs locaux sont techniquement et tactiquement en retard dans leur formation, il ne peut se tourner que vers l'étranger. Oui ces joueurs locaux accusent un terrible retard et les clubs ne font presque rien pour remédier au problème. Mekhloufi devrait voir du côté des clubs qui se permettent aujourd'hui de recruter des joueurs de pays subsahariens qui n'apportent rien de positif au football algérien mais également une pléthore de joueurs émigrés qui n'ont pas réussi à percer dans le football en Europe et qui se rabattent sur leur pays d'origine. Jusqu'à aujourd'hui un seul club dispose d'un vrai centre de formation et il évolue en division nationale amateur, le troisième palier du football algérien. Il s'agit du Paradou AC dont on ne peut dire qu'il bénéficie des autorités du football algériens, à savoir les instances qui le gèrent, toute l'aide et l'assistance voulues. On peut supposer que le PAC ne cherche qu'à se faire de l'argent pour placer quelques-uns de ses joueurs à l'étranger. Ce serait de bonne guerre si ces mêmes jeunes s'épanouissaient hors de nos frontières pour venir ensuite servir l'équipe nationale de leur pays. L'échec de la formation dans le football algérien est plus qu'évident et tant que nos joueurs seniors restent limités dans leur jeu, ils ne pourront pas aspirer à évoluer en équipe nationale. Si Mekhloufi activait de nos jours il ne ferait pas autrement et lui aussi se tournerait vers des joueurs évoluant à l'étranger pour monter son équipe nationale. Il devrait voir un peu plus les matches de Ligue 1 pour s'apercevoir du gouffre qui existe entre la génération des footballeurs d'aujourd'hui et celle des années 80. On lui fera remarquer que dans l'équipe nationale qui avait battu la RFA en 1982 en Espagne, il y avait 4 joueurs issus de l'école du NAHD, à savoir Guendouz, Merzekane, Fergani et Madjer. Qu'est devenue cette fameuse école mais aussi celles du RCK, du MOC, du MCO, de l'ASMO et de bien d'autres ? La réponse à cette question l'édifiera sur la situation plus que préoccupante du football algérien en matière de préparation de l'élite de l'avenir.