Ces dernières années ont été marquées, dans le domaine des sports, par une abondance de conflits entre instances sportives nationales et leurs gouvernements respectifs. Ce phénomène n'est pas propre à l'Algérie mais il est général. On ne doit, de plus, pas croire qu'il est circonscrit aux pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine puisque des nations européennes comme la Grèce, la Pologne et le Portugal ont eu des démêlés avec des Fédérations sportives internationales, essentiellement celle du football, la Fifa. Ces conflits ont même atteint le stade de l'olympisme avec des injonctions de la part du CIO à l'encontre de certains pays pour qu'ils évitent de s'ingérer dans les affaires de leurs Comités olympiques nationaux. C'est la recrudescence du phénomène qui a amené ce même CIO et les Fédérations sportives internationales à faire appel à la notion de bonne gouvernance à travers laquelle les droits et devoirs de chaque instance sportive, à l'échelle locale d'un pays, sont définies. L'inévitable et indispensable contrôle S'il défend l'autonomie d'une instance sportive, le CIO recommande à celle-ci d'avoir les meilleurs rapports qui soient avec son gouvernement. Il est un fait indéniable que sans l'Etat, le sport ne serait rien. C'est cet Etat qui construit les infrastructures sportives, qui finance le mouvement sportif et ce, même dans les sociétés ultralibérales, participe à la formation des techniciens du sport, prend en charge les sélections nationales. Même si cela n'est pas vrai partout on peut dire que c'est la réalité qui prévaut dans plus de 90% de pays dans le monde. Il serait, ainsi, malvenu qu'une association sportive, au nom d'une prétendue autonomie, se permette de dire à ses autorités politiques qu'elles n'ont pas à s'immiscer dans ses affaires. L'Etat donne des sous, il est normal qu'il veuille savoir ce qu'on en fait. Dans ce cas, chaque association sportive est tenue de lui rendre des comptes et s'il estime qu'il y a eu malversation, il est logique qu'il porte l'affaire devant la justice. Autonomie ne veut pas dire indépendance La semaine dernière, Alger a accueilli un double événement organisé sous l'égide du CIO et de l'Association des Comités nationaux olympiques africains (ACNOA). Il y a eu, d'abord, un séminaire rassemblant les secrétaires généraux de tous les Comités nationaux olympiques africains dans le but des les initier aux technologies modernes en matière de communication, puis un Forum international sur la bonne gouvernance dans les instances sportives. Lors de ce dernier, les intervenants ont pour la plupart fait comprendre qu'ils avaient saisi le message du CIO mais dans le fond on a senti que, malgré tout, l'idée de voir les gouvernants avoir un œil sur leurs instances ne leur plaisait pas du tout, même en ce qui concerne le contrôle du financement. A cela, le représentant du CIO, M. Jérôme Poivey, qui se trouve être le responsable de la vie institutionnelle et de la gouvernance dans le département des relations avec les CNO dans l'institution de Lausanne, a su répondre mettant en garde toute dérive qui tendrait à faire croire qu'autonomie veut dire indépendance, donc la faculté d'être protégé en cas de malversation avérée. Toutefois, il s'est exprimé sur cette notion qui veut qu'une autorité politique cherche à avoir la mainmise sur une association sportive. «Très souvent, les gouvernements introduisent la notion de souveraineté selon laquelle nul n'est en mesure de leur interdire d'avoir une certaine tutelle sur une association sportive. Le CIO comme les Fédérations sportives internationales sont parfaitement conscients que chaque Etat est doté de sa propre souveraineté. Le problème, dans le sport, est qu'il y a des règles à observer et chaque association qui voudrait s'y affilier doit les respecter. Ce que nous disons c'est que le mouvement sportif international est une sorte de club régi par ses propres codes. Celui qui veut en faire partie est tenu de les appliquer à son niveau. Nous n'obligeons personne à entrer dans notre cercle mais celui qui veut le faire doit d'abord montrer qu'il accepte nos règles.» Les élections comme mode désignation Parmi ces règles, il y a celle, fameuse, qui impose que les associations sportives doivent désigner, en toute démocratie, en toute transparence et par voie d'élections, ceux et celles qui doivent les diriger. Est-ce le cas ? Malheureusement non, et dans de nombreux pays, les associations sportives continuent à être sous la tutelle de l'autorité politique qui leur impose ceux et celles qui doivent les diriger. Le président de l'ACNOA, l'intendant-général Lassana Palenfo, à qui nous avons posé la question sur le sujet, nous a répondu que «nombre de ministres des Sports de par le monde veulent avoir des présidents de Comités olympiques et de Fédérations sportives aux ordres sous prétexte que c'est son département qui finance le mouvement sportif.» Il y a que dans plusieurs pays, on sait ce que le sport représente sur le plan social. Ces pays là sont obligés d'avoir un regard plus qu'intéressé sur le mouvement sportif. Peut-on aussi laisser une association sportive prendre le chemin de la dérive sans intervenir ? Voyez ce qui s'est passé avec l'affaire de la Fédération algérienne de handball, où un président en conflit avec des clubs avait mené ce sport à une impasse avec même la suspension du championnat national pendant deux ans. Si le ministère algérien chargé des Sports était intervenu, c'est pour enrayer cette dérive et permettre à ce sport d'être relancé. La Fédération internationale avait fini par comprendre le bien-fondé de cette action. Il s'agit, donc, de bien comprendre que la bonne gouvernance passe par une certaine compétence dans les actes de gestion mais aussi dans la connaissance des lois et règlements de son pays. Le CIO ne fait que protéger les instances sportives mais ne cherchent pas à offrir à ceux qui les gèrent un parapluie en cas de dysfonctionnement avéré. C'est ce que chaque dirigeant sportif est tenu d'apprendre avant de se lancer dans une opération où il risquerait de flancher.