L'assiette de l'Algérien est certainement celle qui ne peut faire l'unanimité au niveau du contenu et de sa richesse. Plusieurs critères entrent en jeu, comme les moyens matériels des ménages, l'amour de la cuisine et les habitudes de chacun Il y a quelque temps, dans les colonnes de notre journal, nous nous sommes intéressés aux boissons préférées des Algériens. Nous nous attarderons aujourd'hui sur ce qu'ils mangent. Bien que le contraire eut été plus logique, mais bref, l'un ne va pas sans l'autre ! Alors en ces temps durs où la mercuriale est prise de folie, de quoi est donc composée l'assiette de l'Algérien moyen ? Il y a si longtemps, la pomme de terre était la reine de la table, elle était présentée sous des formes aussi variées que le nombre de recettes qui concernent cet aliment prisé des grands et des petits — avec une poêle de frites, elle faisait de ces enfants des heureux — et digne des grands jours de festins, aujourd'hui son prix l'a reléguée au second rang. En son absence, bien des ménagères se retrouvent embarrassées. Pour compenser, elles se tournent vers ces petites merveilles de pâtes, bienvenues chez les petits, mais qui feront bouder d'autres dès qu'elles deviennent la solution de facilité. L'embarras de la ménagère commence en vérité au moment des emplettes. Dur, même avec un porte-monnaie bien garni, de revenir satisfaite de son marché et d'arriver à satisfaire les goûts de chacun. Tout en achetant, son repas mijote dans sa tête et rares sont celles qui fonctionnent avec un menu établi bien à l'avance. C'est au jour le jour qu'elles innovent. Place aux lentilles et aux fayots ! Les basses températures enregistrées cet hiver ont boosté la consommation des plats chauds comme les lentilles et les haricots en sauce, que ce soit à la maison ou dans les nombreuses gargotes dont certaines se sont spécialisées en la matière. Malgré leur prix, les légumes de saison auront leur place, à l'instar des carottes, des fenouils, des artichauts et des poireaux, épinards et céleri. Ils seront soit présentés en entrée ou en ragoût. «Un kilo de fenouils crus nourrit plus de personnes que lorsqu'il est préparé en sauce. C'est pour cela et pour son apport en vitamines que je le présente souvent cru avec un bon assaisonnement», rapporte Djamila, mère de trois enfants. Celle-ci avouera qu'elle a orienté ses choix vers les tourtes aux poireaux, épinards, oignons ou encore carottes, pour donner le plus de légumes à ses enfants tout en les rassasiant. La filière viande connaît la même inaccessibilité. Consommées auparavant deux à trois fois par semaine, les viandes fraîches, qu'elles soient blanches ou rouges, s'invitent au menu une fois par semaine, quand elles ne se conjuguent pas au passé chez les plus défavorisés. En remplacement, les viandes congelées sont proposées par des boutiques qui ont pignon sur rue. Ces dernières proposent toutes sortes de poissons congelés. «Je préfère ne pas manger ou très peu de viande fraîche que manger de la congelée, c'est un choix. Mais concernant le poisson, j'avoue qu'il m'arrive d'en acheter, le frais me fait peur par le prix qu'il affiche. C'est vraiment le produit qui nous manque le plus. Et plus malheureux encore, c'est de ne pouvoir en donner aisément à ses enfants», renchérit la voisine de Djamila. Le week-end est réservé à la confection de plats traditionnels, comme la rechta, le bon couscous aux légumes ou encore, et c'est la saison, le mesfouf accompagné de petit-lait ou de lait caillé, qui est une invite à la famille, façon de bien manger en ce jour de repos. Une assiette qui reflète l'environnement naturel L'assiette de l'Algérien est certainement celle qui ne peut faire l'unanimité au niveau du contenu et de sa richesse. Plusieurs critères entrent en jeu, comme les moyens matériels des ménages, l'amour de la cuisine et les habitudes de chacun. Si l'assiette du citadin est essentiellement composée de repas variés inspirés de différentes cuisines, celle du montagnard ou du campagnard fera honneur aux produits du terroir, ceux cultivés dans le potager jouxtant la maison. Elle sera certainement très verte, y compris le couscous qui sera décoré de légumes cuits à la vapeur et à dominante verte en ce début de printemps. Une assiette qui prendra la couleur orangée de la citrouille ou ocre couleur du terfess dès lors que l'on se dirige vers le Sud, couleur du sable. A l'ère de la bouffe rapide, l'Algérien n'a pas une assiette, mais deux assiettes. Celle qu'il partage le soir avec les membres de sa famille et celle du midi qu'il prend dans la gargote du coin, imposée par le travail. Et celle-là, il vaut mieux ne pas chercher à en connaître le contenu !