L'Espagne contre l'Allemagne, c'est le double champion d'Europe en titre face au récent vainqueur de la Coupe du monde et c'est un match amical de prestige mardi (20h45) entre deux géants qui ambitionnent de se relancer après un automne compliqué. Sur le papier, on ne pourrait rêver plus belle affiche pour finir l'année mardi soir au stade Balaidos de Vigo (Galice). Mais sur le terrain, les titans risquent de tâtonner un peu: la "Roja", championne du monde 2010, est en pleine reconstruction après son fiasco au Mondial-2014 et la "Mannschaft", qui lui a succédé cet été sur le trône planétaire, enchaîne depuis les prestations sans saveur. D'ailleurs, après quatre journées dans les qualifications pour l'Euro-2016, ces deux ogres du football mondial ne figurent pas en tête de leur groupe respectif: l'Espagne est deuxième du groupe C derrière la Slovaquie et l'Allemagne troisième de la poule D, devancée par la Pologne et l'Irlande. "Nous devons montrer que nous pouvons encore finir cette année de Coupe du monde sur une bonne note, avec une performance différente et une tension différente" contre l'Espagne, a tonné le sélectionneur allemand Joachim Löw, disant "attendre davantage" de ses hommes. Gueule de bois De fait, les Allemands semblent encore avoir la gueule de bois après leur sacre: défaite face à l'Argentine en amical (4-2) début septembre pour la revanche de la finale du Mondial (1-0 a.p.), échec en Pologne (2-0) et nul concédé in extremis devant l'Irlande (1-1) à domicile en qualifications pour l'Euro-2016. Il faut dire que certains cadres sont partis, comme l'ancien capitaine Philipp Lahm (retraite internationale), et que d'autres, comme Bastian Schweinsteiger, sont blessés. Pour autant, même en l'absence du gardien Manuel Neuer (genou) ou du défenseur Jerome Boateng (mollet), l'Allemagne dispose de talents capables de relancer à Vigo la mécanique grippée depuis le Brésil. Les attaquants du Bayern Thomas Müller et Mario Götze, buteurs contre Gibraltar vendredi (4-0), doivent confirmer leur bonne forme, de même que le milieu Toni Kroos. Ce dernier, pilier de l'entrejeu allemand en l'absence de Schweinsteiger, est particulièrement admiré en Espagne depuis son transfert cet été au Real Madrid, dont il est vite devenu le métronome. Motivation supplémentaire pour les Allemands: ce déplacement à Vigo est l'opportunité d'effacer deux échecs retentissants de la "Mannschaft" face à la "Roja" ces dernières années, en finale de l'Euro-2008 (1-0) et en demi-finale du Mondial-2010 (1-0). "Nous voulons montrer de quoi nous sommes capables et, si possible, l'emporter. Mais ce n'est pas une revanche de nos défaites précédentes", a néanmoins assuré Löw. La jeunesse espagnole à l'épreuve Côté espagnol, l'esprit n'est pas non plus à la revanche mais bien à la reconstruction. La victoire convaincante face au Bélarus samedi (3-0) en qualifications pour l'Euro-2016, avec une équipe rajeunie et enthousiaste pour interpréter le sacro-saint jeu de passes espagnol, a ramené un peu de sérénité après six mois de turbulences. Et la réception de l'Allemagne est une épreuve du feu bienvenue pour les jeunes pousses de la "Roja", comme Isco (22 ans), Koke (22 ans) ou Paco Alcacer (21 ans), brillants ce week-end en l'absence de cadres comme Andres Iniesta, David Silva, Cesc Fabregas ou Diego Costa, tous blessés. "Parfois, c'est une bonne chose de renouveler un peu le terreau", a résumé le sélectionneur Vicente del Bosque. En outre, l'Espagne peut s'appuyer sur son invincibilité à domicile, puisque son dernier revers remonte à 2006 contre la Roumanie (1-0), soit plus de trente matches consécutifs sans défaite sur son sol. Bref, pour l'Allemagne comme pour l'Espagne, une victoire mardi marquerait un nouveau départ. Et entre les deux seules nations trois fois sacrées à l'Euro, ce serait un avant-goût de suprématie continentale à un an et demi de l'édition 2016 en France.