Ligne par ligne, François David fait le point sur les nouveaux leaders de l'Espagne et ceux qui doivent émerger pour mener à bien la reconstruction lancée par Vicente Del Bosque en vue de l'Euro 2016. Quel bilan tirer après ces deux matchs du champion d'Europe en titre ? Une défaite catastrophique et méritée en Slovaquie (1-2) puis une victoire facile au Luxembourg (4-0). Une prestation insuffisante et une autre aboutie, contre un adversaire certes très limité. Certains joueurs ont marqué des points. D'autres en ont perdu. Certains ont paru fatigué alors que d'autres ont débuté sous le maillot rouge, apportant de la fraîcheur à une équipe en fin de cycle. Paco Alcacer avait étrenné ses nouvelles couleurs contre la France. Munir le fit contre la Macédoine. Sur le terrain champêtre du Luxembourg, ce sont Bernat (Bayern Munich) et Rodrigo (FC Valence) qui ont été lancés par Vicente del Bosque. Ses 48e et 49e "nouveaux" depuis qu'il est en poste en sélection. Dans l'animation de jeu, les deux rencontres les plus abouties ont été celles contre la Macédoine et le Luxembourg. Un 4-4-2 en losange (ou 4-3-3 selon l'appréciation) composé au milieu de terrain deBusquets, Koke (à droite), Iniesta (à gauche) et David Silva. Le feu follet de Manchester City, terriblement emprunté en Slovaquie, doit maintenant jouer dans l'axe et Del Bosque l'a remarqué. L'entraîneur espagnol est assuré d'aller à l'Euro. Une partie de ses joueurs également. C'est la base sur laquellle "VDB" va travailler.
Gardiens de but : De Gea se tient prêt à suppléer Casillas Les trois semblent choisis. Il s'agit d'Iker Casillas (Real Madrid), David De Gea (Manchester Utd) et Kiko Casilla(Espanyol Barcelone). Le cas de Casillas est compliqué : titulaire contesté au Real Madrid, il se troue maintenant régulièrement en sélection. "Casillas a toujours eu des problèmes de technique, mais il dégageait une certaine aura qu'aujourd'hui il n'a plus et c'est problématique" disait après le match en Slovaquie - et une nouvelle boulette de Casillas - Santi Segurola du journal Marca. Les défenseurs savent que Casillas n'est pas bien ; il ne transmet plus de sérénité. Un autre Santi, Canizares, ex-gardien de but de Valence détenant le record d'invincibilité en Liga, pense qu'il peut jouer encore quelques années. C'est David De Gea qui se tient prêt à la succession. Peut être que son tour va venir plus rapidement que prévu. La 3e place au massif Casilla, presque l'homonyme de Casillas. Jeune et solide. Ces trois là partiront à l'Euro 2016 sauf surprise.
Défense : Comment parer la chute de Piqué ? Carvajal ou Juanfran ? Azpilicueta a perdu du terrain depuis qu'il joue à gauche à Chelsea. Carvajal confirme à chaque sortie qu'il est un titulaire en puissance. Quant au joueur de l'Atletico, il est un des rares à s'être sauvé de la débâcle en Slovaquie. Dans l'axe, seul Sergio Ramos a sa place de garantie. Piqué, Albiol et Bartra peuvent l'accompagner en attendant le retour de Javi Martinez, gravement blessé en début de saison. Le gros point faible de l'Espagne est là. Ne pas avoir pu anticiper la chute de Gerard Piqué, qui était appelé à former avec Ramos l'une des meilleures charnières du football mondial. Aujourd'hui, aucun ne s'impose. L'absence pour blessure de Ramos a eu un effet dévastateur la semaine dernière. A gauche, le poste est très bien couvert avec Jordi Alba(certes pas bien en ce moment), Azpilicueta ou encore Bernat, nouvelle recrue du Bayern qui présente l'avantage de pouvoir jouer plus haut. S'il confirme, le jeune Gaya (19 ans), de Valence, pourrait avoir sa chance.
Milieu de terrain : Retrouver Busquets et Silva pour oublier Alonso et Xavi La force traditionnelle de l'Espagne. Le secteur où la densité de bons joueurs est la plus forte, mais celui qui déçoit le plus depuis le Mondial. Busquets semble perdu sans Xabi Alonso. Une question de rodage sans doute, mais le Catalan a besoin de souffler. Il enchaine tous les matches au Barça sans se reposer et commence à payer la note. Il ne surgit plus comme avant. Et dès qu'il est passé, les contre attaques vont beaucoup plus vite que lui. Reste que son sens tactique en fait un intouchable pour Del Bosque. Iniesta aussi, dans le rôle qui lui convient bien et qu'il occupait déjà à l'Euro 2008. Il peut aussi hériter du brassard si Casillas ne joue pas. En revanche, Koke doit plus donner, pas dans l'abattage, mais dans le rythme qu'il donne au match. L'Espagne se cherche un nouveau Xavi et Koke n'a pas l'habitude de ce style, qu'apprécie également David Silva. À lui désormais de prendre les clés de la sélection. Titulaire indiscutable et inspirateur du jeu de Manchester City, Silva a enfin été repositionné en position axiale. Comme à l'Euro 2008 - aussi - où il était titulaire. Et là où son influence est la plus grande, dans un style complètement libre, à la Messi. D'où la nécessité pour Koke de s'adapter rapidement au mouvement général, à la manière de transmettre le ballon pour ne pas ralentir le jeu. Del Bosque ambitionne de retrouver le style qui avait surpris l'Europe à la fin des années 2000. Et cela ne passera que par de la vitesse et le mouvement, qui associés à la technique globale des joueurs, parviendra à surprendre de nouveau. En Espagne, Angel Cappa, entraîneur argentin reconnu, prône Cazorla ou Mata dans ce rôle à la Xavi. Certains misent sur Thiago. Un jeune comme Trigueros (Villarreal), très "Xavi style", serait une belle surprise. Pour l'instant, Del Bosque fait confiance à Koke. Fabregas? Il n'est pas très à l'aise dans cette position. On l'a vu au Barça. Si Del Bosque ne change pas ses plans, ce sera compliqué malgré sa grande forme actuelle. Malgré l'ambition du Catalan d'être l'un des leaders du nouveau cycle espagnol.
Attaque : Alcacer, bouffée d'oxygène Le nom à la mode : Paco Alcacer. S'il ne se grille pas à Valence (et pourquoi il le ferait?) et ne subit pas trop la prochaine concurrence de Negredo, ce jeune homme est appelé à devenir l'un des joueurs majeurs du futur. Lui a compris ce dont a besoin son équipe. Vif, jouant simple, offrant les bons appels, il apporte énormément de solutions. Et comme il est adroit... Excepté ses débuts contre la France, Alcacer a marqué lors de ses trois apparitions suivantes. Déjà indispensable. Alcacer paraît aussi complémentaire de Diego Costa, qui a enfin marqué son premier but face au Luxembourg. La faiblesse de l'adversaire aidant, Costa a profité pour mettre son nez à la fenêtre à un moment où il était critiqué. Alcacer-Costa ont l'ambition d'être les successeurs du duo composé de Villa et Fernando Torres, acteur essentiel des succès de la Roja. Pedro, Munir, Morata (prochainement appelé), Rodrigo peuvent prendre du galon d'ici 2016. En revanche, ça semble compliqué pour Fernando Llorente, malgré ses bonnes performances à la Juve. Negredo part de loin aussi.