Le soleil était au rendez-vous dès les premières heures de la journée, hier, après les grosses pluies de la veille. Annaba se réveille doucement et se prépare à l'échéance de l'élection présidentielle. Les premiers à être à pied d'oeuvre sont les agents désignés pour l'encadrement de ce scrutin et bien évidemment les éléments des services de sécurité. Le décor est planté et chacun est à son poste bien avant 8 heures. «Voter, c'est ma façon de montrer que je suis en possession de mon droit civique», dit cet habitant de la cité populaire des Lauriers roses de Annaba venu déposer son bulletin dans l'urne. Des dizaines de ses voisins de quartier sont également là à attendre leur tour pour pénétrer à l'intérieur de l'école Mouloud Feraoun, leur centre de vote. Des personnes âgées, des hommes pour la plupart, qui ne semblent avoir été dérangés de faire la chaîne depuis 7 heures, comme l'affirme le policier chargé de la sécurité à l'entrée de l'école. «Nous ne sommes pas très riches, beaucoup d'entre nous sont même démunis de tout, mais la voix des citoyens dignes de ce nom pèse lourd, elle doit se faire entendre», estime ce retraité qui dit être venu spécialement d'Oran où il passait un séjour chez sa fille mariée là-bas. «Nous voulons une politique du respect et de la reconnaissance des droits légitimes du citoyen : que nous, les retraités, soyons considérés comme tous les autres concitoyens», souligne le sexagénaire, ajoutant qu'il vient «aussi voter pour contrecarrer ceux qui prônent le boycott». Une virée rapide dans les autres centres de la ville rend compte de l'ambiance particulière qui y règne. Des hommes d'un certain âge attendant d'accomplir leur devoir bien sagement, très peu de jeunes gens et encore moins de femmes. «Il n'y a pas lieu de s'étonner de cela, explique un chef de bureau de vote, qui a couvert bon nombre de scrutins par le passé. Les jeunes dorment encore et les femmes doivent finir le ménage et s'assurer que les repas sont préparés avant de se diriger vers les urnes. C'est une tradition à Annaba. Il y aura beaucoup plus de monde cet après-midi, vous verrez !» Il est 13h et le taux partiel de participation, qui semble préoccuper tout le monde ici et particulièrement au niveau de la permanence de la direction de campagne du candidat Bouteflika, est annoncé. Il est de plus de 26%, soit plus du double de celui affiché à 10h. Un soulagement pour ces hommes et ces femmes qui vont et viennent à l'étage de l'hôtel d'Orient, siège officiel de la direction de campagne, parce que ce taux est de loin plus important que celui enregistré à pareil moment de la journée lors de l'élection présidentielle de 2004, affirme un membre de l'assistance. On enregistre 441 759 électeurs qui sont appelés à exprimer leur voix au niveau des 877 bureaux de vote (dont 251 nouveaux bureaux créés cette année) répartis sur 141 centres, au niveau des douze communes de la wilaya de Annaba. Ce dispositif est encadré par 6844 agents administratifs et 10 000 agents mobilisés pour assurer le soutien logistique.