Une délégation de l'OMS se trouvait dimanche à Bamako pour mettre en œuvre avec les acteurs maliens un plan de riposte national contre l'épidémie d'Ebola qui menace d'embraser le Mali qui a enregistré sept morts au moment où certains pays annoncent avoir vaincu le virus, tandis que d'autres disent s'approcher de l'objectif "zéro cas nouveau d'Ebola" fixé pour fin décembre. A la tête d'une forte délégation, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, est arrivée samedi à Bamako sur invitation du président malien Ibrahim Boubacar Keita, pour procéder avec les acteurs maliens à une analyse de la situation, des besoins et des modalités de renforcement coordonnés à la mise en œuvre du plan national de riposte contre Ebola, après que le pays ait enregistré sept décès dus au virus Ebola. Les membres de la délégation qui séjourneront jusqu'à lundi, 25 novembre, ont visité les dispositifs de prise en charge à Bamako et mis l'accent sur la sensibilisation et l'implication de la société civile, des religieux et des acteurs régionaux et locaux. "Les partenaires du Mali sont disposés pour des appuis en ressources humaines qualifiées et en matériel", a indiqué le gouvernement malien dans un communiqué diffusé samedi. "Les actions actuellement en cours sont assez satisfaisantes, le Mali étant à un taux de suivi des personnes contacts de 95% (...) La société civile est restée très réceptive aux consignes des agents de la santé", a précisé le communiqué. Sur décision du secrétaire général de l'ONU, le Mali accueille depuis vendredi dernier un bureau des Nations Unies pour les interventions d'urgence Ebola (UNMEER). Si la République Démocratique du Congo (RDC) et le Nigeria ont réussi le défi, de vaincre le virus, le Mali n'a pas pu s'échapper au funeste scénario Ebola, dont le Libéria, le pays le plus touché, s'est fixé l'objectif de "zéro cas" nouveau d'Ebola pour la fin de l'année. Le Mali vient, ainsi, allonger la liste des pays africains touchés par l'épidémie. Pourtant le Mali, vaste pays partageant des frontières avec au moins sept pays en Afrique dont l'Algérie, Niger, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Sénégal, Mauritanie et la Guinée, dernier pays à avoir été contaminé par Ebola, est le premier pays africain où le vaccin expérimental anti-Ebola est officiellement testé. La frontière avec la Guinée incriminée "Le point faible de la lutte contre Ebola, c'est la frontière guinéenne" et pour "éviter qu'il y ait d'autres cas d'introduction de cette maladie, il faut fermer cette frontière", a insisté récemment Soumaïla Cissé, chef de l'Union pour la République et la Démocratie (URD), le principal parti d'opposition au Mali, qui a appelé le gouvernement malien à fermer la frontière guinéenne à Kouremalé pendant au moins un mois. Il a justifié sa demande, au cours d'une conférence de presse, par le fait que les cas d'Ebola au Mali "venaient tous de la Guinée" (un des pays le plus touchés par la fièvre Ebola). Cela dénote, selon lui, "un contrôle largement insuffisant", d'où la nécessité "de fermer la frontière guinéenne à Kouremalé pendant au moins un mois". De l'avis du leader de l'opposition malienne, cette fermeture temporaire "permettra aux agents de santé d'être mieux armés et mieux organisés, ce qui n'est malheureusement pas le cas" actuellement. Le gouvernement appelle à la mobilisation Le Mali dont le Nord était tombé en 2013 sous l'emprise de groupes armés avant d'en être chassés par les forces maliennes et une coalition internationale, connaît depuis une semaine une certaine angoisse, d'autre nature, au sein de la population locale, notamment dans la capitale Bamako, essayant tant bien que mal de faire face à ce virus qui a déjà tué sept personnes. Les agents de la santé sont sur le qui-vive. Le moindre doute sur une fièvre suspectée chez un passager pousse automatiquement les services concernés à prendre des mesures sur ce cas. "Le Mali est touché, cela est une certitude. A Bamako, il a eu déjà deux décès, ce qui a poussé le gouvernement à mettre tous les moyens pour éviter la propagation de ce virus", avait indiqué récemment à l'APS Cheikh Mamadou, agent d'hygiène. Partout dans la ville, et notamment au niveau des espaces publics des pancartes sont accrochées, appelant la population à plus de vigilance, à connaître les gestes à éviter, et à la nécessité de respecter l'hygiène. Le Gouvernement en appelle à la mobilisation générale de l'ensemble des populations, pour véhiculer les messages de prévention et faire respecter les mesures d'hygiène et les consignes sanitaires, qui "demeurent des conditions essentielles de prévention de cette maladie". Dans un communiqué publié samedi, le Premier Ministère malien a appelé la population "au calme et à la sérénité, et lui assure que les dispositions existantes ont été renforcées pour éviter la propagation de la maladie sur le territoire national". Le Premier ministre malien Moussa Mara avait précédemment instruit l'ensemble des intervenants dans la lutte contre l'épidémie Ebola à "généraliser des tests Ebola" au niveau de tous les points de contrôle des voyageurs de Bamako. Il a demandé aux responsables des services de santé de renforcer les équipes et les moyens. Il a aussi exhorté les chauffeurs à respecter les règles prescrites par les autorités, dont "l'interdiction de toute évacuation médicale vers le Mali". Les autorités maliennes ont par ailleurs ouvert une enquête pour déterminer les responsabilités suite à l'introduction de la fièvre Ebola. Aussi, plus de 440 personnes ayant pu avoir des contacts avec les porteurs du virus Ebola ont été mises sous surveillance sanitaire. En effet, toutes ces personnes sont liées à un imam guinéen décédé le 25 octobre à Bamako, la capitale, et non pas au premier cas, une fillette de deux ans également venue de Guinée et décédée le 24 octobre à Kayes (ouest), qui n'a entraîné aucune contamination, selon les précisions du ministère de la Santé malien. L'épidémie d'Ebola, qui s'est déclarée en décembre 2013 dans le sud de la Guinée, a fait 5.177 morts sur 14.413 cas enregistrés dans huit pays, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 11 novembre. Le nombre des morts dus à l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola s'élève à 5.459, sur un total de 15.351 personnes infectées par le virus, selon le dernier bilan de l'organisation onusienne. Huit pays ont enregistré des cas mortels, avec la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone en première ligne. L'épidémie, la plus grave depuis l'identification du virus en 1976, est partie de Guinée fin décembre 2013.