Comme les précédentes épidémies qui ont ravagé l'Afrique, Ebola a finit par devenir un problème mondial, surtout après que des cas aient été signalés dans des pays censés être géographiquement (Etats-Unis et Europe) à l'abri. Pour coordonner ses actions et celles qui s'y inscriraient, l'ONU a mis en place une nouvelle structure baptisée «Mission des Nations unies pour la lutte contre Ebola (Unmeer)» qui prendra la tête des efforts menés par le système des Nations unies. En marge du débat général de l'assemblée générale de l'ONU, lors d'une réunion de haut niveau sur l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé la communauté internationale à être solidaire avec les pays les plus touchés, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone. «C'est le moment de se mobiliser ensemble et de manière forte pour stopper l'épidémie. Le monde peut et doit arrêter Ebola, maintenant», a-t-il déclaré. M. Ban a rappelé que les autorités de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone avaient demandé l'aide de la communauté internationale et que les Nations unies avaient défini les ressources essentielles nécessaires pour lutter contre l'épidémie. «Ebola fait rage. La maladie tue plus de 200 personnes par jour, deux tiers étant des femmes. Malgré les vaillants efforts des communautés locales, les systèmes de santé croulent sous la pression», a souligné Ban Ki-moon qui notera que beaucoup de pays ont essayé d'empêcher le virus de se propager en fermant leurs frontières, que plusieurs compagnies aériennes ont cessé de servir les trois pays et que le nombre de navires qui accostent dans leurs ports a diminué. «Une telle approche ne fait qu'empirer la situation, en isolant les pays quand ils ont le plus besoin d'aide», a-t-il déploré. Le Secrétaire général a toutefois relevé quelques nouvelles encourageantes. «Dans certains centres de traitement, les patients reçoivent les soins dont ils ont besoin. Dans plusieurs endroits, les programmes communautaires donnent des résultats prometteurs», s'est-il réjouit, en rendant cependant hommage «aux agents de santé qui sont en première ligne. Plus de 300 d'entre eux sont morts après avoir été exposés au virus». Se félicitant de la mobilisation de dizaines de pays et d'organisations, M. Ban a confirmé que l'ONU jouerait un rôle de coordination. «L'ensemble du système des Nations unies est mobilisé, y compris l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sous la direction du Dr Margaret Chan, et la Banque mondiale sous la direction du président Jim Yong Kim. La mission de l'ONU de maintien de la paix au Libéria, ainsi que tous les organismes, fonds et programmes dans la région touchée, fournissent une assistance depuis des mois», a-t-il indiqué. Les premiers éléments de la mission Unmeer ont d'ailleurs déjà été déployés dans son quartier général au Ghana et dans les trois pays les plus touchés. La directrice générale de l'OMS a, elle, affirmé qu'il n'était plus question de parler seulement, mais qu'il fallait surtout «agir avec rapidité et efficacité» contre le virus. Et, en termes d'actions, l'ONU s'efforce de répondre à l'urgence. Une Mission des Nations unies pour l'action d'urgence contre Ebola (Minuauce) a été mise en place et Ban Ki-moon a nommé, mercredi dernier, trois gestionnaires de crise en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, les trois pays les plus touchés par la fièvre Ebola, dans le cadre de cette mission. Les trois gestionnaires travailleront avec les gouvernements hôtes pour assurer une réponse internationale rapide et efficace à l'épidémie d'Ebola dans chacun des trois pays. De son côté, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a fourni une aide alimentaire à plus de 430 000 personnes touchées par la crise Ebola en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone dans le cadre des efforts coordonnés par la Mission Minuauce. «Nous nous adaptons pour faire face à ce défi immense. Nous apportons de la nourriture, un soutien logistique, des avions, des hélicoptères, des bateaux et nous construisons des centres de traitement», avait déclaré la directrice régionale du PAM pour l'Afrique de l'Ouest, Denise Brown. La réponse du PAM à l'épidémie d'Ebola inclut une assistance alimentaire distribuée aux patients dans les centres de traitement d'Ebola et à ceux qui ont survécu au virus et qui ont été autorisés à sortir des centres de traitements. Une assistance alimentaire est aussi distribuée aux communautés où la transmission a été forte, y compris les familles des personnes infectées par le virus Ebola qui reçoivent un traitement, qui sont décédées, ou qui sont en convalescence. Ces aides contribuent à stabiliser les communautés touchées en leur permettant de limiter les déplacements inutiles, au lieu de les confiner et de les mettre en quarantaine, ce qui, contrairement à ce que croient les responsables, augmente les risques de transmission du virus, selon une étude réalisée par des chercheurs de Harvard et publiée dernièrement dans la revue médicale Plos One. «Les distributions de vivres sont en cours dans les trois pays, dans les zones urbaines et rurales, et se font souvent maison par maison, une famille à la fois - et davantage de nourriture est en train d'être acheminée», a expliqué le PAM en ajoutant qu'un navire a été affrété pour acheminer 7 000 tonnes de riz de Cotonou, au Bénin, à Monrovia, au Libéria, et à Freetown, en Sierra Leone. Le service aérien humanitaire des Nations unies (Unhas), géré par le PAM, a aussi ouvert un nouveau couloir aérien entre Dakar, Accra, Freetown, Monrovia et Conakry pour faciliter le déploiement rapide du personnel humanitaire sur le terrain. Unhas effectuait déjà des vols entre les pays touchés et a transporté 497 passagers et 6,6 tonnes de fret à l'aide de deux avions et d'un hélicoptère. «Le PAM apporte un support logistique considérable pour aider les services médicaux à traiter et contenir la propagation du virus. Dans la capitale du Liberia, Monrovia, les ingénieurs du PAM sont en train d'installer quatre unités de traitement du virus Ebola d'une capacité de 400 lits», a indiqué l'agence onusienne. Tirant la leçon d'Ebola et des autres épidémies ravageuses, le Secrétaire général de l'ONU a affirmé que la crise a mis en évidence la nécessité de renforcer les systèmes de dépistage précoce et d'action rapide. «Nous devons examiner si le monde a besoin d'un corps d'urgence de professionnels de la santé, s'appuyant sur l'expertise de l'OMS et la capacité logistique des Nations unies. Tout comme nos Casques bleus aident à assurer la sécurité des gens, un corps en blouse blanche pourrait aider à garder les gens en bonne santé», a-t-il dit. H. G.