Les ruelles de La Casbah restent l'otage du commerce informel, au moment où des dizaines de carreaux du marché couvert Ali Amar, inauguré à la mi-mai 2006, ne sont pas exploités. Des commerçants se refusent à payer un loyer. L'organisation de l'activité commerciale dans les rues Ali Amar et Arbadji, commune de La Casbah, a produit un drôle de paradoxe. Les deux artères sont livrées au commerce parallèle au moment où le marché couvert, aménagé au point de rencontre de deux rues, est peu exploité. Cet état de fait est relevé au quotidien. La réputation de la rue Ali Amar est déjà faite : c'est l'un des plus importants marchés illégaux en exploitation dans le centre-ville de la capitale surtout en ce qui concerne la vente des produit pyrotechnique à l'occasion des fêtes du Mawlid Ennabaoui. En parallèle, un marché couvert des fruits et légumes se dresse comme un épouvantail à la place El Mouahidine, cerné de toutes parts par des trabendistes qui proposent surtout des ustensiles, des livres scolaires, des revues, des habits utilisés. La structure dispose d'une soixantaine de carreaux, et des boutiques dans le rez-de-chaussée. Baptisé à juste titre au nom de la rue Ali Amar, le marché à tout l'air d'être boudé par les commerçants locataires. L'activité y est réduite à sa plus simple expression. A côté des quelques carreaux exploités se trouvent des dizaines d'étals transformés en dépôt de marchandises alors que les boutiques du rez-de-chaussée n'ont jamais été rouvertes. Les commerçants illégaux des fruits et légumes qui proposent leurs produits dans la rue, à l'entrée principale du marché, y gardent ce qui reste de leurs étalages. C'est dans la matinée qu'on les voit en train de ressortir les marchandises cachées dans le «dépôt». La gestion de la structure laisse aussi à désirer. Les relations entre les services de l'APC de La Casbah, propriétaire du ce bien immobilier, et les locataires ne sont pas au beau fixe. D'ailleurs, sur le tableau d'affichage du marché, l'on retrouve un avis non daté et émis par les autorités locales à l'adresse des commerçants les sommant de se rapprocher des bureaux de l'APC afin de s'acquitter des arriérés de loyer. Les concernés trouvent «normale» cette désaffection des vendeurs. «Les trabendistes s'attirent toute la clientèle du marché sans qu'ils soient inquiétés. Ceux qui sont restés dans le marché sont ceux qui n'ont pas encore trouvé de place dehors», a affirmé un locataire. Pourtant, l'APC a fait aménager cette structure commerciale dans le but de mettre fin au squat de Ali Amar et Arbadji. Tout a commencé en juillet 2005. La place El Mouahidine, qui faisait office d'un petit marché, a été évacuée pour la construction du marché court. Après 10 mois de travaux qui ont nécessité une enveloppe financière de l'ordre de 30 millions de dinars, l'ouvrage a été inauguré à la mi-mai de 2006. Le marché a été boudé dès son ouverture, les prétendants à la location de carreaux ou de boutiques prétextaient la cherté des loyers fixés par l'APC. Les concernés ont naturellement préféré travaillé dans le circuit informel avec un loyer à 0 DA.