Les rues de la vieille ville d'Alger sont totalement livrées au trabendo. L'activité commerciale informelle ferme tous les accès à la circulation automobile.Le commerce informel s'élargit de plus en plus dans La Casbah. Les vendeurs ne craignent plus d'accaparer les grandes rues de la partie basse de la vielle ville, surtout les jeudis après-midi. Durant les week-ends, la place Ketchaoua est difficilement accessible aux résidants.Les automobilistes trouvent en fait du mal à se frayer un passage au milieu des foules grouillantes d'hommes et de femmes. L'installation des marchés illicites se fait apparemment en fonction des rues. Ainsi, le long des artères Ali Ammar et Arbadji, les vendeurs de gros des pétards font leur beur. Ce sont des tonnes de produits pyrotechniques qui y sont exposées à ciel ouvert. Au point de rencontre de ces deux rues, l'APC a fait aménager en 2007 un petit marché couvert des fruits et légumes. Plusieurs carreaux ne sont toujours pas utilisés au moment où des vendeurs ambulants garent leurs voitures à l'entrée du marché et exposent de la pomme de terre et toute sorte de fruits. «C'est juste pour ne pas payer le loyer», a affirmé un commerçant. Selon lui, les étals du marché sont de plus en plus abandonnés. «Chassez le naturel, il revient au galop» Ce proverbe s'applique parfaitement à ce qu'est devenue la rue Bouzrina, l'avenue parallèle à Ali Amar. En 2007, la wilaya avait fait évacuer les lieux par la force. Elle avait fait vider dans le même temps la rue Ferhat Boussâad (Ex-Fernand Meissonnier) de Sidi M'hamed. Aujourd'hui, Bouzrina est livrée une fois encore aux trabendistes des effets vestimentaires essentiellement pour femmes. A ce niveau, même les déplacements à pied sont difficiles tellement les tables des trabendistes sont installées partout et dans l'anarchie. De leur côté, les vendeurs de pain sur la voie publique ont accaparé la Place Ketchaoua elle-même. En tout, ils sont une dizaine de jeunes à proposer du pain de boulanger et traditionnel devant l'entrée principale de la mosquée. Malgré la poussière et les gaz d'échappement, les trabendistes enregistrent une forte demande de leurs produits. Cela s'explique par le fait que les boulangers n'ont plus de pain sur leurs étalages à partir du début de l'après-midi. Pour écouler leur marchandise le plus vite possible, ils la cèdent aux trabendistes qui l'exposent dans la rue. En agissant ainsi, ils sont tranquilles pour le restant de la journée. En parallèle, la place Ketchaoua accueille aussi des vendeurs qui proposent une panoplie de gadgets pouvant intéresser les femmes. A partir de 19h, l'entrée de la mosquée est transformée en marché de fruits et légumes. On y trouve notamment de la banane, des variétés de pommes et d'oranges cédés entre 60 DA et 160 DA le kilo. Chaque vendredi soir, la place accueille un négoce des plus particuliers : la pièce détachée et des articles de collection. Sur place, il est possible de s'offrir des accessoires de téléphones portables ainsi que des appareils radio ou des cassettes d'anciens chanteurs de chaâbi. Dans la rue Amar El Qama, qui abrite l'ancien marché couvert, les trabendistes ont créée une immense droguerie. Les clients, surtout les femmes, s'y rendent pour l'achat des produits d'hygiène de toute sorte (shampooings, savons, parfums…). Après avoir investi toutes les rues de la vieille ville d'Alger, les vendeurs se déplacent vers la place des Martyrs. A ce niveau, l'intervention de la police n'est pas une règle. Les jeudis, aux moments de grande affluence, l'informel est toléré. Les autres jours, les policiers poussent les trabendistes à se cacher dans les petites ruelles perpendiculaires.