Avec un record de onze points d'avance à la trêve, le Bayern Munich assomme tellement la concurrence en championnat d'Allemagne que certains cherchent le moyen de relancer une compétition menacée par l'ennui. L'équipe entraînée par Pep Guardiola survole la Bundesliga et semble capable de devenir la première équipe à la remporter sans la moindre défaite, pour un troisième titre consécutif. Vendredi, face à Mayence (victoire 2-1), le Bayern a collectionné de nouveaux records. Au terme de cette première partie de la saison, il n'a encaissé que quatre buts, le plus faible total de l'histoire de la Bundesliga à ce stade de la compétition. Et il totalise 45 points, six de moins seulement que le meilleur total possible (51), un autre record. Aucun de ses poursuivants, Wolfsburg (2e à 11 points), le Bayer Leverkusen (3e à 17 points), le Borussia Mönchengladbach ou Schalke (4e et 5e à 18 points tous deux), ne semble en mesure de rattraper le retard. Et le dauphin de l'an passé, Dortmund, vit un début de saison catastrophique qui lui vaut une avant-dernière place. Face à la menace d'un championnat sans intérêt, l'ex-sélectionneur de l'équipe d'Allemagne, Berti Vogts, a jeté un pavé dans la mare en suggérant que le Bayern reçoive moins d'argent des droits TV. A l'heure actuelle, Sky paie 628 millions d'euros pour diffuser les matches de Bundesliga et l'argent est réparti entre les clubs, le vainqueur du championnat remportant un plus fort pourcentage. "Il faut en arriver à subventionner les clubs plus petits, par une redistribution de l'argent de la télévision, par exemple", a-t-il dit. Une idée qui a énervé l'ancien milieu de terrain international du Bayern, Paul Breitner: "Nous (le Bayern) ne pouvons rien à l'incapacité des autres clubs. Et si nous devons nous saigner pour que l'argent soit redistribué, c'est n'importe quoi". Le Bayern est l'un des clubs les plus riches du monde. Il a enregistré un nouveau chiffre d'affaires record de 528,7 millions d'euros lors de la saison 2013-2014 et est parvenu à rembourser la totalité des 346 millions d'euros de son stade Allianz Arena, près de seize ans avant l'échéance prévue. "Dans un autre championnat" Engranger des points face au Bayern semble plus un espoir qu'un objectif pour les autres équipes. "Le Bayern joue dans un autre championnat", a déclaré l'entraîneur d'Augsbourg, Markus Weinzierl dont l'équipe a été liquidée 4-0 à domicile par les Bavarois. Après avoir vu son équipe corrigée sur le même score à Munich, le coach d'Hoffenheim, Markus Gisdol, partageait ce constat: "Un jour ou l'autre, le Bayern perdra à domicile mais si tu perds par 4, 5 ou 6 buts à 0 chez eux, c'est normal". Champion en 2011 et 2012 puis dauphin du Bayern les deux dernières saisons, Dortmund regarde cette année le leader de très loin. Mais dès le printemps 2013, son entraîneur, Jürgen Klopp, qui a vu deux de ses plus grandes stars, le milieu international allemand Mario Götze et l'attaquant international polonais Robert Lewandowski, filer au Bayern, avait prédit la situation actuelle. "C'est gentil de nous mettre dans le même bateau que le Bayern", disait-il alors que son équipe était deuxième derrière le géant bavarois... avec 20 points de retard, et retrouvait le Bayern en finale de la Ligue des champions après que les deux clubs allemands eurent battu deux monuments du football espagnol, le Barça et le Real Madrid. Interrogé sur une comparaison avec le championnat espagnol, il avait répondu: "au début de la saison prochaine, nous allons voir que la comparaison avec l'Espagne n'est pas la bonne, c'est avec l'Ecosse qu'il faut comparer". Le Celtic Glasglow y a remporté les trois derniers championnats depuis que les Rangers ont quitté la première division pour cause de liquidation judiciaire. En Allemagne, même l'actuel leader du classement des buteurs, Alexander Meier de l'Eintracht Francfort, ne croit pas en ses chances en fin de saison. "Je ne regarde pas le classement", disait-il récemment. "Honnêtement, je pense que le trophée ira à un joueur du Bayern".