Un policier a été condamné hier au tribunal criminel près la cour d'Alger à une peine de treize ans de prison ferme, pour tentative de vol à main armée, coups et blessures volontaires et menaces. Les faits remontent au mois de juillet 2006, lorsque l'accusé, fiancé et devant convoler en justes noces le mois suivant, a tenté de cambrioler une bijouterie située rue Didouche-Mourad. "Il m'avait dit qu'il était sur le point de m'acheter une parure en or d'une valeur de neuf millions de centimes, ainsi que les alliances", témoigna l'ex-fiancée, jurant ne pas avoir été au courant des desseins malhonnêtes de son promis. L'accusé s'était présenté dans l'échoppe en pleine journée, comme un simple client l'aurait fait. Après avoir choisi les bijoux et lors de l'établissement de la facture, il a sorti son arme de service en menaçant le joaillier. S'ensuivit une violente empoignade, à l'issue de laquelle l'agresseur et l'agressé furent tous les deux blessés. Un des employés de la bijouterie eut la présence d'esprit d'enclencher l'alarme du magasin, et est sorti dans la rue pour ameuter un agent de la circulation présent non loin des lieux. Accourant dans la boutique, il enjoignit haut et fort au tireur de déposer son arme. Au lieu d'obtempérer, le forcené ouvrit le feu sur son collègue, un officier en uniforme, et sur le vendeur. Ce dernier, s'emparant d'un fusil de chasse dissimulé dans la bijouterie, tira à son tour sur le cambrioleur, le blessant gravement au ventre et à l'épaule, «le paralysant à vie», déplora l'avocate de la défense, avançant ces handicaps comme autant de circonstances atténuantes. «De plus, le déroulement des faits n'a pas été établi avec certitude, c'est un puzzle dont certaines pièces sont manquantes», poursuivit-elle, ajoutant qu'il n'y avait nulle préméditation dans les actes de son client. Pourtant, sur les lieux du crime, il fut découvert un sac appartenant à l'accusé. Il contenait deux cordes, un rouleau de gros ruban adhésif, un sac poubelle et une paire de gants noirs. «Il est évident que la corde était destinée à attacher les victimes, le scotch à les bâillonner et les gants à ne pas laisser d'empreintes digitales. Quant au sachet, il devait contenir le butin volé dans cette bijouterie», affirma l'avocat de la partie civile. Le procureur général abonda dans ce sens, condamnant sévèrement ces agissements, «particulièrement lorsque l'agresseur est un officier qui utilise son arme de service à de telles fins. Un policier se doit de protéger le peuple contre les crimes en tout genre, crimes dont cet accusé s'est rendu coupable», gronda-t-elle, requerrant une peine de réclusion criminelle à perpétuité. A l'issue des délibérations, le tribunal, reconnaissant le policier coupable à l'unanimité quant à tous les chefs d'inculpation, le condamna à une peine de treize années de prison ferme, assortie d'un dédommagement d'un montant de 150 000 dinars.