L'annexe de l'Institut Pasteur de Oued Kniss est spécialisée dans le diagnostic des tuberculoses graves. «En effet, tous les dispensaires antituberculeux (DAT) et plusieurs hôpitaux nous envoient des analyses de patients déjà pris en charge. Il nous arrive cependant de recevoir quelques patients qui s'adressent à nous directement», nous informe Nasreddine Lafri, technicien supérieur du laboratoire. «Bien que nous acceptions ces malades, il n'en demeure pas moins que cette procédure est à éviter. Car, dans le cas où les analyses sont positives, le malade se trouve livré à lui- même. Alors que la logique voudrait que le malade soupçonné d'avoir une telle maladie doit être pris en charge avant d'arriver chez nous», précise-t-il. Par «prise en charge» notre interlocuteur sous-entend les premières analyses de base qui peuvent être réalisées en milieu hospitalier. Les bacilles qui sont prélevés ne sont pas obligatoirement visibles à l'examen microscopique, raison pour laquelle il est nécessaire de procéder avant l'exploration microscopique à une mise en culture : «Avant d'arriver chez nous, le malade doit être ausculté par un médecin, passer une radio et un premier examen de crachats. Ceux-ci sont examinés après prélèvement le plus souvent par tubage gastrique à jeun. Sachant que les hôpitaux ne font pas de culture, le cumul de prélèvements est transféré chez nous pour être exploré par microscope et mis en culture», ajoute-t-il. Le crachat est mis dans des pots auquel est ajouté de l'eau distillée et de la soude. Le tout est mis dans un agitateur, appareil servant à dissocier les bacilles. Le mélange est ensuite placé dans une centrifugeuse pendant vingt minutes pour être décomposé. L'opération est refaite une deuxième fois. L'étape suivante, appelée ensemencement, consiste à mettre la substance dans un milieu de culture appelé Loveheshtein. Une première lecture est faite 28 jours après, puis une deuxième est nécessaire au bout de 42 jours, et une troisième au bout de 72 jours. «Lorsque la maladie est à un stade avancé, une seule lecture est suffisante. Une demi-heure à peine est suffisante pour la diagnostiquer. Les résultats sont obtenus au bout d'un mois et demi environ. Beaucoup de malades s'impatientent : ils ignorent que la culture prend du temps», souligne M. Lafri. Lorsque les prélèvements sont négatifs, autrement dit qu'il est impossible de mettre en évidence un bacille responsable de la tuberculose, et ce, même après avoir effectué une culture, il est alors fait un diagnostic de présentation et non pas de certitude. Ce diagnostic se base sur les seuls symptômes que présentent les patients et sur les résultats des tests tuberculiniques. Parallèlement, des recherches sont entreprises dans l'entourage du patient au cas où des individus auraient été contaminés. Les radiographies permettent également d'orienter le diagnostic «Comparativement aux tuberculeux des autres régions du Maghreb, les Algériens sont les mieux lotis. Les Tunisiens, par exemple, achètent au noir leur traitement antituberculeux. Côté chiffres, et de l'avis de M. Lafri, ces derniers restent inquiétants. «Depuis janvier 2009, les cas de tuberculose diagnostiqués au niveau de notre laboratoire sont approximativement au nombre de 150 sur 888 analyses. Un chiffre qui englobe les rechutes de malades, qui surviennent en général soit suite à un mauvais suivi du traitement par le patient ou alors à une mauvaise prise en charge dans les milieux sanitaires», constate-t-il. «Il est vrai que l'on réceptionne moins d'analyses que durant les années précédentes. 40 à 60 analyses par jour, contre 90 à 100 au cours des années 1990. Pour conclure, notre interlocuteur fera le souhait de voir les autorités se pencher sérieusement sur ce problème en recherchant les causes réelles de cette maladie «des pauvres» qui n'est pas censée nous toucher, offrir plus de moyens aux institutions spécialisées dans le domaine et surtout créer des centres spécialisés à l'intérieur du pays afin que les gens de l'intérieur n'aient pas à se déplacer jusqu'à Alger pour une simple analyse.