Cristiano Ronaldo, au sortir d'une année encore roborative en buts, fait figure de favori pour se succéder à lui-même au Ballon d'Or 2014 attribué lundi, devant le gardien Manuel Neuer, homme-clef de l'Allemagne championne du monde, et Lionel Messi. Le débat, d'année en année, reste entier: le collège des sélectionneurs, capitaines d'équipes nationales et journalistes doit-il privilégier les statistiques ou le palmarès ? Depuis la nouvelle formule en 2010, lorsque la Fifa s'est associée à France Football pour l'organisation du trophée individuel le plus prestigieux, les stats semblent avoir pris le dessus. Et à ce jeu-là, parmi les trois finalistes, le Portugais de 29 ans se détache, comme pour la précédente édition, lorsqu'il avait reçu son deuxième Ballon d'Or (après 2008) au bout d'une année sans trophée mais très riche en buts, devant Messi et Franck Ribéry (vainqueur de la Ligue des champions). Pour 2014, CR7 a cette fois raflé quatre trophées collectifs, dont au premier chef la C1, la fameuse "Decima" (dixième) du Real Madrid, en établissant un nouveau record de buts en une saison de Ligue des champions (17). Il a été "Pichichi" du Championnat d'Espagne (31 buts) et a démarré la saison 2014-2015 pied au plancher (18 buts en 11 journées de Liga avant la clôture des votes). Mais s'il a été élu joueur européen de la saison 2013-2014, il a aussi totalement raté son Mondial, avec une élimination sèche dès le premier tour enclenchée dès l'entrée en lice du Portugal, écrasé 4-0 par... l'Allemagne. Messi, année blanche Justement, Neuer (28 ans) a été époustouflant au Brésil, au gré de parades et sorties exceptionnelles, au point de propulser la Nationalmannschaft vers sa quatrième étoile. Il a réussi un doublé Coupe-Championnat d'Allemagne avec le Bayern, qui a aussi été fessé en demi-finale de C1 par le... Real (0-1, 0-4). Messi (27 ans) en revanche a connu en 2014 sa première année sans trophée depuis 2009, et ses statistiques sont inférieures à celles de Ronaldo. Le titre honorifique de vice-champion du monde et le Ballon d'Or du Mondial brésilien, d'ailleurs contesté, paraissent de maigres consolations. Et ses deux records établis coup sur coup (nombre de buts en Liga et en C1) sont intervenus juste après la fermeture des votes le 21 novembre... Les qualités intrinsèques du quadruple Ballon d'Or (2009-2012), présent sur le podium depuis 2007, séduiront-elles encore les électeurs ? L'attribution de l'édition 2013 avait conclu une série de polémiques, avec notamment l'épisode du président de la Fifa, Sepp Blatter, moquant Ronaldo, et un report des votes qui avait fait jaser. Pour 2014, associé sur le podium aux deux buteurs, c'est Neuer qui a pimenté la campagne, sur un mode désabusé. "Après les matches, on montre toujours les buts et les passes décisives. Les jolis arrêts, on ne s'en souvient jamais, a-t-il relevé. Je suis juste gardien de but, je ne suis pas l'ambassadeur d'une marque ou un mannequin qui pose en sous-vêtements", référence à peine voilée à Cristiano Ronaldo... Maradona et Platini pour Neuer Il est vrai que le N°1 présente un profil très lisse, et que son poste le désavantage clairement, un seul gardien ayant été sacré Ballon d'Or (Lev Yachine en 1963). Certaines personnalités sont venues à sa rescousse, comme Diego Maradona: "Ni Messi ni Ronaldo, mon favori est Neuer, c'est lui qui a le plus de mérite", a affirmé le légendaire Argentin lundi au portail internet de Radio Habana Cuba. Michel Platini aussi penche pour l'Allemand. "Je l'avais déjà dit il y a quatre ans. Il fallait alors que gagne un Espagnol puisque l'Espagne avait gagné la Coupe du monde. Cette année c'est l'Allemagne", a estimé le président de l'UEFA en novembre. Réplique sèche du Real Madrid: "Le Ballon d'Or est un prix individuel et non collectif qui est remis annuellement au meilleur joueur du monde et nous croyons que, pour que son prestige se maintienne, ceux qui participent à son élection doivent exclusivement prendre en compte les mérites professionnels individuels des joueurs".