L'attentat terroriste perpétré mercredi dernier contre l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo est un acte barbare et injustifiable. Aucune religion (islam, christianisme et judaïsme) ne cautionne ce crime. Aucun crime ne peut être cautionné. La valeur de la vie humaine ne peut être différente en fonction de la religion, de la couleur de la peau ou de la nationalité de la victime. Le massacre de journalistes par l'armée israélienne en juillet 2012 à Ghaza ne peut lui non plus être cautionné. Le massacre d'équipes de chaînes de télévision par des organisations terroristes se réclamant de «l'opposition» en Syrie ne peut être toléré. Pourtant, la solidarité avec les victimes de l'attentat criminel contre Charlie Hebdo (une solidarité à féliciter) n'a pas été enregistrée dans les assassinats de journalistes par l'armée israélienne en juillet 2012. La même solidarité n'a pas été enregistrée dans les assassinats par des organisations terroristes en Syrie. Douze personnes sont mortes dans l'attaque terroriste contre le siège de Charlie Hebdo. Le monde entier a dénoncé. Une dénonciation à encourager, en hommage aux victimes et également pour que la communauté internationale s'élève contre le terrorisme. Douze journalistes ont été assassinés dans l'agression israélienne contre Ghaza en juillet 2012, presque dans l'anonymat. Presque aucune réaction de dénonciation au niveau mondial. Ghaza n'a pas été «la capitale du monde» en juillet 2012, comme l'a été Paris à l'occasion de la marche républicaine contre le terrorisme et à laquelle une cinquantaine de chefs d'Etat et de responsables gouvernementaux ont assisté il y a quelques jours. Mieux, le Premier ministre israélien Netanyahou, qui occupait le même poste au moment de l'agression contre Ghaza, a participé à la marche à Paris. Ont également participé à cette marche certains pays qui soutiennent publiquement le terrorisme sévissant en Syrie, en Irak, au Liban et ailleurs. Les massacres de journalistes quand ils sont perpétrés par des parties soutenues ne sont que rarement dénoncés. C'est la politique qui, parfois, n'a pas de sentiments ni ne reconnaît la valeur de la vie humaine. Les pays qui soutiennent l'agression israélienne contre Ghaza et qui soutiennent le terrorisme en Syrie, au Liban et en Irak sont-ils les seuls à blâmer ? Pas du tout, puisque de nombreux pays dits «neutres» ou sympathisants avec les victimes ont, eux aussi, opté pour le mutisme face au crime. La société française qui peut ne pas se sentir concernée par des massacres perpétrés ailleurs a tout le droit de s'indigner contre l'attentat terroriste ayant ciblé Charlie Hebdo. Elle a le droit d'organiser cette marche pour dénoncer le terrorisme dans son pays. La communauté internationale qui s'est solidarisée avec la France dans ces circonstances douloureuses a marqué un bon point face au terrorisme auquel elle a montré sa détermination de rejeter cette forme de crime. La même communauté internationale aurait beaucoup gagné si elle avait manifesté la même solidarité quand des enfants, personnes âgées, femmes et journalistes tombaient sous les bombes, à Ghaza, ou égorgés en Syrie par Al Qaïda, le Front El Nosra et l'Etat Islamique (EI, ou Daech). «On est Charlie» pour dire non au terrorisme, mais on peut, pour la même raison, dire «je suis la Syrie» pour dire non à ceux qui soutiennent le terrorisme et dire «je suis Ghaza» pour exprimer sa désapprobation quant aux bombardements de civils.