Depuis 2012, Sofiane Feghouli porte le maillot de la sélection nationale d'Algérie. Un choix fort pour le pensionnaire de Valence qui n'était pas encore le joueur aussi courtisé qu'il est aujourd'hui. Né en France, Feghouli fait partie de ce nouveau phénomène qui fait tant parler dans la planète du football : les binationaux. Si certains privilégient le choix sportif à leurs racines, Feghouli, lui, a longuement expliqué la raison qui l'a poussé à choisir les Fennecs. Une décision qui va au-delà du sportif comme il l'a indiqué dans les colonnes de L'Equipe. «Mes parents sont Algériens. Je suis né en banlieue parisienne mais j'ai grandi avec une culture algérienne à la maison. Cet attachement, il s'est fait de manière très naturelle. Après, je suis français aussi, j'ai profité de la superbe formation à la française mais, voilà, j'ai appris au fil de ma vie l'histoire des deux pays et, ce que je ressens, ça va au-delà du football. Avec tout ce que j'ai vécu, je ne me sens pas pleinement intégré au sein de la société française, et le choix de l'Algérie, c'est celui du cœur. Je me sens algérien, tout simplement.» Un choix dicté donc en partie par un sentiment de mal-être vis-à-vis de la société française. Un malaise qui ramène forcément au climat social actuel régnant en France. Un malaise vis-à-vis de la société française «Quand je vois l'état de la société française et ce qu'il s'y passe, je n'ai pas besoin de rentrer dans les détails… On constate les problèmes qu'il y a vis-à-vis des Maghrébins, des Africains… Nos grands-parents ont combattu pour la France, mais je ne ressens aucune reconnaissance. Il faut toujours faire le double ou le triple pour espérer acquérir un quelconque mérite. Voilà, il y a plein de problématiques qui m'empêchent de me sentir pleinement intégré et heureux au sein de la société française. (...) Après, j'espère que la cinquième ou la sixième génération issue de l'immigration pourra se sentir pleinement intégrée et qu'elle partira à chances égales. Et pas seulement dans le football, mais aussi dans le monde du travail, dans la politique ou à la télévision, où on fait appel à des personnes dans lesquelles on ne se reconnaît pas… Mais, aujourd'hui, il y a un mélange de différentes choses qui me fait penser que la France a un gros problème avec ses binationaux.» Un problème qui avait été soulevé en 2011 par l'affaire des quotas. Un scandale qui avait éclaboussé une FFF désireuse de diminuer le risque de voir des jeunes formés en France partir briller pour d'autres sélections nationales. Pour ce faire, la 3F avait émis l'idée de limiter à 30% le pourcentage des binationaux au sein des centres de formation. Un nouvel épisode qui n'a pas vraiment plaider pour la France alors que Feghouli n'avait pas encore choisi entre les Bleus et les Fennecs. «Il y a différents épisodes, comme celui des quotas, qui sont décevants et qui n'aident pas à renforcer les liens. J'aimerais vivre dans un monde meilleur, donc si, en tant que binational, je peux être un exemple pour la société, je le serais avec plaisir.»