Le développement de la téléphonie mobile interactive a favorisé l'apparition d'une multitude de services à valeur ajoutée, tant pour les opérateurs que pour les annonceurs et les éditeurs des contenus. Ces derniers mois, c'est le service SMS qui est en vogue. Il existe deux catégories de SMS. Ceux qui sont régularisés et envoyés par l'opérateur ou un de ses partenaires, comme les audiotels, et ceux non régularisés qui sont envoyés à l'insu de l'opérateur. Ce sont plutôt des arnaques. D'ailleurs, nombreux sont les abonnés du réseau Nedjma qui ont été destinataires récemment de SMS curieux et alléchants à la fois, les informant d'avoir gagné une voiture de luxe. Le message est signé Wassistance (serveur pirate) et dit : «Félicitations ! Vous avez gagné la nouvelle BMW X6...» Selon une source bien informée, plusieurs victimes de cette arnaque se sont présentées aux espaces de l'opérateur étoilé afin de s'enquérir de la véracité du message. Ce genre de pratique n'est pas une exception. Tous les abonnés reçoivent quotidiennement des SMS les félicitant d'avoir été tiré au sort et les invitant à appeler un numéro précis pour recevoir leur cadeau. Les plus crédules ont tenté leur chance et se sont fait dépouiller. Contacté par nos soins, le responsable de la cellule de communication de Mobilis, Mohamed Salah Daâs, a expliqué que les messages régularisés concernent généralement l'annonce de nouvelles offres de l'opérateur étatique ou encore des messages qui entrent dans le cadre d'une campagne de sensibilisation faite à titre gracieux au profit notamment des ministères de l'Enseignement supérieur, de la Solidarité ou encore de l'Intérieur qui vient d'envoyer récemment un SMS encourageant les gens à aller voter massivement. Outre ces messages, M. Daâs a ajouté que son entreprise a signé des conventions commerciales avec des entreprises activant dans un secteur précis pour lancer des broadcasts régionaux. Dans ce cadre, l'intervenant explique qu'il arrive qu'un abonné en déplacement reçoit le message alors qu'il n'est pas du tout concerné. Par ailleurs, Mobilis a conclu des accords avec six audiotels réglementés en Algérie. Mobilis leur accorde un short-code afin de pouvoir opérer correctement mais pour des contenus bien définis où il est précisé que «vous pouvez gagner», et non «vous avez gagné», comme c'est le cas avec les SMS d'arnaque. En ce qui concerne le phénomène des messages d'arnaque, l'intervenant a affirmé que ces messages sont envoyés à leur insu, provenant d'autres plateformes, à l'instar du net. Interrogé sur les moyens utilisés par les initiateurs de ces messages pour avoir les numéros des abonnés, M. Daâs affirme qu'ils sont obtenus grâce à des équations mathématiques. Il faut dire que ce genre de pratique ne date pas d'aujourd'hui, plusieurs SMS de ce genre ont été envoyés à des abonnés. Aujourd'hui, il faut être vigilant et ne pas répondre à ce genre de SMS pour éviter toute intention malsaine. Combinaisons mathématiques Le directeur de la cellule de communication d'Orascom Télécom Algérie, M. Grine, affirme pour sa part que la plupart des messages piratés proviennent de l'étranger. Les numéros des abonnés sont, selon lui, le résultat de combinaisons mathématiques. Il dira : «Nous dénonçons toute fraude dans ce domaine.» En conclusion, M. Grine a rappelé que lorsqu'il s'agit d'une tombola lancée par Djezzy, c'est l'opérateur qui contacte ses clients, et non le contraire, comme cela a été le cas lors de la campagne du millionnaire. Pour revenir aux audiotels, une législation est mise en place, sommant ces entreprises à préciser dans leurs publicités le prix réel (toutes taxes comprises) que doit payer le client ainsi que le nom de la société qui propose ces services. Néanmoins, il arrive que les clients des logos et des sonneries soient volés par les audiotels. Ceci arrive quand les clients essayent d'appeler le numéro indiqué pour participer aux jeux. Les opératrices expliquent longuement les démarches à suivre pour acquérir une sonnerie ou un logo. Pour mieux faire passer le message, elles emploient les trois langues : français, arabe et même tamazight. Il arrive donc qu'au bout de cinq minutes d'appel, la ligne s'interrompt brutalement et le client ne réceptionne ni sonnerie ni logo. C'est ainsi que l'abonné se fait arnaquer. Qui peut protéger les usagers ? Aldjia Brahimi de la cellule de communication de l'opérateur étoilé explique que «Nedjma procède aux envois des bulk SMS qui informent l'ensemble de ses clients des nouveautés, promotions, services, participations aux foires et aux salons. Il y a un numéro d'identification qui ressort chez les destinataires : il s'agit du numéro du centre d'appel qui est le 333». Les gagnants des tombolas et autres concours sont, selon notre intervenante, informés par les conseillers clients. Il y a lieu de préciser que Nedjma procède aussi à l'envoi de SMS d'utilité publique dans le cadre de campagnes d'information. Quant aux SMS non réglementés, Aldjia Brahimi indique que «son entreprise ne peut pas les contrôler», ajoutant que «l'important est que le client ne tombe pas dans le piège, ignore ces SMS et ne répond pas aux numéros inconnus. Seuls les SMS émanant des numéros courts de l'opérateur (et qui sont identifiés) sont à prendre en considération».Interrogée sur le sujet, le responsable de la communication à l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) explique que l'ARPT est chargée de réguler le marché dans le cadre des missions qui lui ont été assignées et n'a pas à s'immiscer dans le contenu, notamment des SMS. Une question se pose : si l'ARPT ne peut pas protéger la vie privée et les données personnelles des abonnés, alors qu'à l'étranger le spamming par SMS prévoit que le recueil du consentement préalable exprès du destinataire est indispensable. Qui peut le faire ?