«Rationaliser les dépenses publiques en réduisant la facture d'importation qui a atteint les 60 milliards de dollars, en réduisant les importations et en encourageant les exportations.» C'est ce qu'a préconisé hier, entre autres mesures, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Pour contrer les retombées de la chute drastique des prix du brut sur le marché mondial, dont l'Algérie est largement tributaire pour son développement, Benyounès propose, entre autres, de rationaliser les dépenses publiques en réduisant les importations et d'encourager les exportations. «Le marché naturel pour nos exportations étant d'abord l'Afrique», estime l'invité de Chaîne III, qui a par ailleurs annoncé l'organisation les 30 et 31 mars d'une conférence nationale sur le commerce extérieur et un forum Algérie-Afrique vers fin 2015. «Une conférence lors de laquelle tous les opérateurs seront amenés à exposer leurs réels problèmes en présence d'un auditoire important», souligne-t-il. Le ministre rappelle que le pays importe pour quelque 60 milliards de dollars, dont un tiers, précise-t-il, est consacré aux biens d'équipement, un autre aux matières premières et un troisième aux biens de consommation. Pour ce qui a trait au troisième volet, nécessitant une enveloppe de 9 milliards de dollars, il signale qu'il est consacré pour beaucoup à l'importation de produits alimentaires essentiels. D'autre part, il annonce qu'un groupe de travail a été installé pour plancher sur les produits susceptibles d'être touchés par les mesures de rationalisation et l'introduction prochaine de licences d'importation et d'exportation. Il explique, ensuite, que seule l'application des normes actuellement à l'étude, permettra d'empêcher l'entrée, dans le pays, de produits contrefaits ou de mauvaise qualité. Amené à s'exprimer sur la persistance du marché informel, Benyounès reconnaîtra qu'«énormément d'argent circule sur ce marché qui a atteint des proportions mettant en danger l'économie nationale». Il indique qu'un groupe de travail va identifier les contours de celui-ci et qu'il appartiendra au gouvernement d'appliquer les solutions propres afin de contrecarrer ses effets. Par ailleurs, à propos de la remise en question des subventions de l'Etat de certains produits tels le lait recombiné, le pain et autres farines panifiables, le ministre affirme que le sujet n'est pas «à l'ordre du jour». En ce qui concerne l'inflation touchant les produits alimentaires en particulier, le ministre répond que les prix sont fixés par l'entremise du système de l'offre et de la demande. Il dément avec véhémence une hausse de l'inflation allant jusqu'à dire qu'elle a, au contraire, baissé par rapport à l'année précédente. Selon lui, il n'est pas possible de réguler le marché par de «petites épiceries ou des supérettes». La solution, préconise-t-il, passe par le développement de la grande distribution (notamment les hypermarchés) et de briser les monopoles détenus sur certains produits.
L'OMC, on y va…
En ce qui concerne l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Benyounès a rappelé que «nous sommes en discussion avec cette organisme depuis 1987». «Nous sommes le plus ancien pays négociateur avec l'OMC», fait-il remarquer. «Oui à l'OMC, mais en faisant très attention aux intérêts économiques du pays», souligne-t-il en rappelant les orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Par ailleurs, le ministre affirmera que «le marché algérien est le marché le plus ouvert au monde». «Que pouvons-nous importer de plus que nous importons déjà !», a-t-il martelé en réponse à certains détracteurs tout en rappelant que la liberté du commerce est «la règle» à suivre. «Quand un pays souhaite restreindre un certain nombre de produits à l'importation, il faut que cela obéisse à deux conditions essentielles qui sont la non-discrimination entre les opérateurs en assurant la transparence dans l'attribution de ces licences et la mise à niveau de notre économie nationale», explique-t-il assurant qu'«une plus grande transparence dans nos transactions commerciales internationale est notre but». Par ailleurs, le ministre assurera qu'«à l'OMC, nous pouvons protéger notre économie à notre guise», la mise en place des licences d'importation et d'exportation étant vivement recommandée par l'OMC. Une réunion est programmée avec cette organisation au mois de juin, a-t-il révélé. «Une réunion importante pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC».